Le cartable électronique part à l'assaut du "mammouth"
Apparus au mois d'août dernier, les premiers cartables électroniques seront expérimentés dans cinq collèges à partir de la Toussaint. Un projet développé par Bordas et Nathan en collaboration avec l'Education Nationale. Des débouchés commerciaux sont prévus pour 2003.
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Aujourd'hui, c'est déjà demain pour 150 élèves et 15 enseignants de classe
de troisième, prêts à expérimenter le premier cartable électronique. Ils se
verront prêter les ardoises "magiques" aux écrans tactiles et leurs stylets, et
pourront se connecter à "Sciences de la Vie et de la Terre" de Bordas et
"Histoire et Géographie" de Nathan durant le premier trimestre, tout en ayant
accès au Petit Larousse et au Petit Robert. Les manuels d'anglais et d'allemand
seront intégrés à partir du deuxième trimestre. Pas question d'éliminer les
manuels classiques, voire les éditeurs concurrents choisis par les enseignants.
« Nous sommes réellement dans une phase d'expérimentation », souligne Thierry
de Vulpillières, chef de projet aux Editions Nathan et Bordas. Pour souligner
le flou qui entoure encore les fonctionnalités futures du cartable, et la
nécessité d'explorer d'un point de vue pédagogique tous les cas de figures.
Cette première phase s'achèvera au mois de juin 2001. Date du premier bilan. Et
se généralisera vers 2001-2002, avec l'intégration d'une première mise en
réseau et le téléchargement des contenus via Internet. Il faudra attendre
2002-2003 pour voir l'introduction de nouvelles bases de contenus pédagogiques
et de nouvelles fonctionnalités. Pour une commercialisation espérée dans la
foulée. Côté pratique, le cartable électronique est un support nomade, à la
marque Fuji pour les besoins de l'expérience, composé d'une interface intuitive
que les élèves peuvent utiliser en classe ou à la maison. Il contient
l'ensemble de leurs manuels, cahiers d'exercice et ouvrages de références. Les
bénéfices attendus du e-cartable sont nombreux. Il soulage le dos des élèves,
qui charrient tout de même 12 kilos chaque jour de manuels et "trucs" en tout
genre. Il rend les contenus plus attrayants en intégrant dans les pratiques
pédagogiques les nouveaux médias (son, images animées 3D, vidéo, accès
Internet...) auxquels les enfants sont familiarisés. Il permet également une
relation directe et donc facile entre le manuel d'apprentissage et les outils
de référence, comme les dictionnaires, les manuels de grammaire, les atlas et
autres ouvrages encyclopédiques. Les professeurs, pour leur part, peuvent
facilement actualiser et personnaliser le contenu en vue de développer une
pédagogie différenciée. Ce qui n'est pas un luxe quand on connaît la diversité
accrue des élèves aujourd'hui.
Un investissement de 15 millions de francs
Convaincu de l'apport des nouvelles technologies dans
l'éducation, Havas, l'un des acteurs mondiaux de contenus éducatifs, tant
papier que multimédia, a constitué, il y a plusieurs mois, avec Nathan une
cellule de recherche et de développement sur le concept du cartable
électronique. Le budget consacré s'élève à plus de 15 millions de francs sur
trois ans. Et traduit l'enjeu que constitue cette transition inéluctable,
partielle ou totale, du papier vers le multimédia. Si l'aspect pédagogique est
indéniable, le volet économique l'est tout autant. Et l'avènement probable du
numérique dans l'univers éducatif officiel ouvre des perspectives prometteuses
aux éditeurs de contenus numériques pédagogiques que ce soit sous forme de
CD-Rom ou de portails pédagogiques Internet, comme cela se profile chez Havas
avec son site education.com, actuellement en bêta test. Le phénomène pourrait,
dans le même temps, booster les nouveaux marchés de supports électroniques
nomades comme le e-cartable, bien sûr, ou le e-book, concept balbutiant mais
prometteur. Loin d'être aussi expérimental et anecdotique qu'il n'y paraît, la
rentrée du cartable électronique dans le monde de l'Education Nationale marque
celle du "Mammouth" dans le monde du cyber-savoir.