Le CD est mort. Vive le CD?
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Le mois dernier, le Midem (Marché international du disque et de l'édition musicale) dressait un bien triste constat de l'état du marché du disque en France. En chute de 19,1 %
Alors que l'e-commerce se développe avec une croissance de 14,9 % en volume et de 13 % en valeur, ce sont les grandes surfaces qui connaissent les plus fortes baisses de vente de musique (29,9 % en volume et 23,9 % en valeur). Les distributeurs spécialisés, eux, gagnent des parts de marché en accusant une baisse «limitée» de 5,3 % en volume et de 5,9 % en valeur. Pour autant, le président du SDSD (Syndicat des détaillants spécialisés du disque), Jean-Noël Reinhardt, s'inquiète de cette «érosion rapide et régulière du marché». «La politique tarifaire reste un problème majeur, soulève-t-il. L'irruption d'Internet modifie totalement la perception du prix de la musique par le consommateur.» Ainsi, selon l'étude menée par GfK pour le syndicat, huit acheteurs réguliers de musique sur dix ont eu l'impression que les prix des CD «n'ont pas bougé ou ont augmenté en 2006». Or, selon Jean-Noël Reinhardt, le prix des albums aurait baissé de 6,5 % quand celui des singles aurait, lui, chuté de 25 %.
«La réalité du marché français, c'est que la courbe des prix est inversée: c'est au moment où le disque est amorti et qu'il passe en fond de catalogue qu'il devient le plus cher...» Surtout, le client ne s'y retrouve plus devant les variations de prix incessantes: «Un CD comme celui des Choristes peut ainsi changer jusqu'à sept ou huit fois de prix sur une période de 18 mois!»
Méthodologie
- Etude menée par GfK auprès de 600 consommateurs de musique réguliers qui ont acheté au moins un CD ou un morceau sur Internet au cours des trois derniers mois.
Un objet toujours apprécié
Logiquement, le segment qui se développe le plus est donc celui des promotions. En partie parce qu'il permet d'abaisser le prix des disques de fonds de commerce au prix que les consommateurs sont prêts à payer (environ 10 euros) . Mais il y a un risque: celui de voir se développer un comportement attentiste de la part des clients qui patientent jusqu'aux grandes opérations de déclassement de janvier et juillet.
Le CD serait-il donc mort? Attendons un peu avant de l'enterrer. Les menaces sont réelles: 60 % des 15/24 ans considèrent que ce support n'est plus adapté à leur façon d'écouter de la musique. Pour autant, les «galettes» restent un objet affectif «qui dure, que l'on aime et que l'on offre» pour 80 % des acheteurs réguliers de musique. Et 80 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à payer davantage pour des bonus (cf. graphique ci-dessous).
Baisse des prix et plus produits semblent donc deux pistes à suivre. Reste que le marché français doit trouver de nouvelles solutions pour vraiment amorcer le virage du numérique. Si la France compte pour 8,28 % du marché mondial de musique «physique», soit cinq fois moins que les Etats-Unis, elle représente seulement 2,41 % du marché «numérique», soit 33 fois moins que les Etats-Unis. Un retard préoccupant lorsque l'on sait que les titres et albums téléchargés sur ordinateur ou téléphone portable totalisent un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars en 2006, soit 10 % du marché global, contre 6 % l'année précédente. Selon l'Institut international de l'industrie phonographique (Ifpi), ce chiffre devrait atteindre 25 % en 2010.
Pour en savoir plus sur l'avenir du marché du disque, lire La musique fait sa révolution dans MM 107.
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