La santé, levier de croissance des sociétés d'études
Le secteur des entreprises du médicament, avec une progression annuelle
supérieure à 5 %, est l'un des plus dynamiques de l'économie française. Faut-il
alors s'étonner que les instituts d'études s'y intéressent de près, à une
période où les études sur les produits de grande consommation sont plutôt en
berne ! Aussi, les sociétés d'études dites “généralistes”, traditionnellement
ancrées dans le food, commencent à structurer leur offre dans le domaine des
études médicales et santé, et devenir incontournables dans celui des études
marketing médicales éthiques. Une approche qui complète la palette d'outils
déjà existante sur le marché de la santé grand public, ces dernières années,
mise au point pour se rapprocher des préoccupations santé des consommateurs,
acteurs incontournables dans les problématiques santé.
Une offensive marquée
Avec le rachat, l'an dernier, du groupe britannique NOP, l'allemand GfK se place, avec sa division GfK Healthcare, au 3e rang des sociétés d'études médicales dans le monde. Depuis quelques années GfK, déjà présent sur le marché des études OTC, construisait pas à pas son expertise dans le domaine des études éthiques. Le rachat de NOP, qui possédait une expertise mondiale reconnue dans le domaine des études marketing médicales grâce à sa division NOP Healthcare, donne un coup d'accélérateur aux ambitions du groupe. L'une des richesses de NOP réside dans ses nombreux access panels on line spécialisés santé, notamment spécialisés patients dans différentes pathologies. Synovate, filiale études du groupe Aegis, a placé ce domaine études au rang de ses priorités. Pour passer à la vitesse supérieure, elle n'a pas hésité, il y a trois ans, à racheter le groupe international spécialisé Isis pour donner naissance à Synovate Healthcare, une des quatre divisions du groupe. Forte de 400 professionnels permanents répartis sur 19 bureaux dans 14 pays, elle vient de renforcer son expertise en études marketing médicales en France. 2005 a vu la création du département Santé de l'Ifop. L'acquisition au Canada, il y a quelques années, de la société CMR et de son expertise Healthcare a apporté au groupe une légitimité dans les études médicales. Ifop CMR réalise près de 50 % de son CA en études marketing médicales. Pour le groupe, le pourcentage atteint déjà 16 %. « Il faut trouver des relais de croissance quand la grande consommation souffre », indique Alain Renaudin, Dg adjoint du groupe. Le groupe TNS a inscrit le secteur des études marketing médicales dans ses priorités stratégiques, notamment depuis le rachat de NFO. Son pôle Healthcare se place au 2e rang mondial derrière IMS Health. Dernier développement en France : la restructuration TNS Sofres Healthcare qui fusionne avec Harris Medical International. En France, plusieurs groupes misent sur le secteur de la santé. BVA dispose d'un département dédié. Parmi les ambitions du groupe MAP (issu du rapprochement de MAP et d'INIt satisfaction), la santé figure en bonne place. Le groupe Ipsos, quant à lui, a créé l'an dernier le département Ipsos Santé à l'intérieur d'Ipsos Insight, qui a réalisé un CA de 5 ME. « Ipsos Loyalty et Ipsos Santé ont été les deux grands vecteurs de croissance d'Ipsos l'an dernier », constate Stéphane Truchi, Dg d'Ipsos France. Le positionnement d'Ipsos Santé repose sur le couplage des études Santé Publique et Santé Laboratoires (épidémiologiques, éthiques…). « Un champ très large mais qui est très porteur, remarque Stéphane Truchi. En effet, 2005 affichait une croissance à deux chiffres et notre activité a été fortement internationale. » Ipsos Santé est très présent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qui, avec la France, concentrent les grands centres de décision de l'industrie pharmaceutique.
Au moins 4 % du marché
Selon Syntec Etudes marketing et opinion, les investissements dans le domaine des études médicales se sont élevés
à 4 % d'un marché total estimé à 783,4 ME en 2004. Un pourcentage sous-estimé, puisque le syndicat se base sur les déclarations de ses 57 instituts membres, tous “généralistes” à l'exception de A+A. Si l'on y ajoutait le CA des instituts ad hoc et des panélistes spécialisés, le pourcentage pourrait facilement doubler.