La profession se redéfinit
Trois questions au directeur général d'Esomar, European Society for Opinion and Marketing Research.
Je m'abonneQuels sont aujourd'hui les grands challenges du métier des études ?
Juergen Schwoerer : Il s'agit, essentiellement, d'une
redéfinition de la profession. Les tendances émergentes depuis deux à trois ans
sont en train de s'accélérer, entraînant une fragmentation de la profession.
Avec, d'un côté, de nouvelles entités qui se créent dans lesquelles la
recherche marketing est un des éléments (comme, par exemple, les groupes médias
qui rachètent des sociétés d'études). De l'autre, de nouveaux entrants. Là, il
s'agit de sociétés possédant une très forte expertise technologique. Les
sociétés d'études traditionnelles ressentent le besoin de se redéterminer dans
ce nouvel environnement. C'est pourquoi Esomar, en 1999, a mis en place le
programme Spear, qui a donné des orientations sur la redéfinition du métier des
études et a abouti sur le Rise, Research Industry Summit Europe, permettant la
rencontre des leaders de la profession pour définir les actions clés à mener.
Un deuxième sommet se tiendra à Genève, en janvier 2001, en coopération avec
l'ARF. Enfin, Esomar a demandé à McKinsey d'analyser les impacts du e-commerce
sur le métier des études.
Quelles pourront être à terme les conséquences de ces changements ?
J S : Demain, personne ne pourra
plus faire ce métier comme il le fait aujourd'hui. D'abord, il va y avoir un
problème de ressources. Choisira-t-on de rester indépendant (mais alors se
posera le problème de l'accès aux moyens d'information) ? Ou de s'allier, de
fusionner, de coopérer avec d'autres sociétés ? La "merger-mania" est encore
devant les sociétés d'études. Le métier de la recherche et des études marketing
continuera à être au centre de batailles stratégiques qui attireront aussi des
sociétés non issues des études, comme les médias, la publicité ou le
consulting.
Y aura-t-il encore une place pour les sociétés d'études ?
J S : Les sociétés d'études ont un réel savoir-faire,
et c'est la chance de cette profession. A condition de bien comprendre l'enjeu
et de s'orienter sur cette partie de leur savoir-faire, qui est de fournir, non
pas des chiffres bruts, mais une information pertinente. Cela veut dire trier,
choisir, interpréter et construire une meilleure connaissance du consommateur.