La créativité est- elle soluble dans les marketing services ?
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Il faut bien reconnaître que la plupart des campagnes auxquelles on est
exposé depuis quelques mois sont d'une affligeante pauvreté. Les marketing
services souffrent d'une grande difficulté à conceptualiser », lance Benoît
Héry, vice-président de Grrrey !. Où en est aujourd'hui la créativité des
marketing services?? Quels sont les facteurs majeurs susceptibles de stimuler
ou de scléroser les créatifs?? Où se trouvent les clés d'une véritable
libération dans la conception et la mise en forme des stratégies?? Comment
combler le hiatus entre intention créative et affirmation effective de la
créativité?? « L'intention créative existe, dans les agences comme chez les
annonceurs, soutient Catherine Michaux, présidente de K Agency et
vice-président de la délégation marketing de l'AACC.
Mais la créativité reste
très liée au secteur d'activité. Dans la grande consommation, les volumes et
les enjeux sont tels que l'on ne prend pas de risque. Et la VPC, à chaque fois
qu'elle a tenté quelque chose d'innovant, est allée à l'échec. » Dans les
agences de marketing services, le constat officiel est globalement à
l'enthousiasme?: la diversité des canaux, les combinaisons offertes par une
conjugaison intégrée des médias stimuleraient de manière exponentielle la fibre
créative.
A lui seul, l'Internet haut débit aurait littéralement débloqué les
freins imposés par le print. Et ne parlons pas de l'exigence ô combien
stimulante du consommateur ! Quant à l'annonceur, il serait aujourd'hui revenu
du “tout ROI” et se découvrirait une sensibilité d'artiste. « Les agences sont
sans doute un peu trop raisonnables, affirme Erwan Legrand, directeur de
création chez OgilvyOne. En tout cas, ce n'est certainement pas la faute des
annonceurs. » Recruter les talents de demain, de nouvelles ressources, une
meilleure écoute, des moyens moins statiques, des messages moins didactiques,
qui trouveraient écho auprès d'une nouvelle génération de directeurs
artistiques dans les agences.
« Cela fait combien de temps que la pub n'a rien
inventé?? », interroge François Renard, directeur de création de Wunderman. Et
de railler cette indéniable tendance des agences à circonscrire le nectar de
leur capacité créatrice aux concours, prix et jurys. En ne craignant pas de
toucher les abysses de l'absurde : primer des campagnes qui ne verront pas le
jour. « On est ici dans la vanité absolue de nos métiers. » François Renard
n'en a pas moins endossé le titre de délégué général du tout nouveau club des
directeurs de création des marketing services, qui ambitionne haut et fort
d'instituer un Grand Prix de plus dans le Landerneau de la communication.
« Nous voulons nous donner les moyens de créer de la visibilité pour nos
créations et nos métiers, afin de pouvoir demain recruter de nouveaux talents.
C'est la vocation de ce club », soutient Erwan Legrand.
Les limites du “customer centric”
L'une des évolutions les plus structurantes dans les nouvelles approches de création procède incontestablement d'un glissement du noyau actif de la problématique des marketing services. De simple cible, le consommateur, quels que soient les canaux actionnés, devient un acteur à part entière des actions et des campagnes de marketing relationnel. « L'objectif de la création est d'impliquer la cible dans ce qu'elle voit et ce qu'elle entend, de l'inciter à interagir avec la marque », note Christine Santarelli, coprésidente de Duke. Toutes les agences se sont engagées dans la même voie. Celle que Wunderman revendique sous l'expression “communication choisie” : si l'expérience de communication proposée n'est pas élue par le consommateur, la marque est dans l'erreur.
Les marketing services sont voués à mettre le consommateur en situation expérimentation, en jouant notamment sur une scénarisation accrue des campagnes. Mais attention, lance François Renard, directeur de création de Wunderman, il ne s'agit en aucun cas de laisser le consommateur usurper la place de l'agence. « Le consommateur n'est ni un bon DA, ni un bon médiaplanner, ni un bon concepteur rédacteur, ni un bon réalisateur. La limite du customer centric est bien là?: c'est à l'agence d'innover. »