La chasse à l'homme continue 1/3
Ils aiment toujours autant le sport, la voiture et leurs potes, mais prennent aussi soin d'eux et de leur petite famille. Cible complexe, pas vraiment fidèle aux médias qui les visent, ces 29 millions de Français sont pourtant très convoités. Dopée par les masculins lancés il y a trois ans, la presse magazine doit encore batailler ferme pour s'imposer solidement dans les plans médias.
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I l se présente comme "le meilleur ami de l'homme", mais il ne s'agit pas
du fidèle quadrupède que l'on connaît. Depuis novembre, c'est la nouvelle
signature que s'est donnée en clin d'oeil FHM et qui souligne une évolution de
la formule du magazine. « On a une cible masculine jeune et donc exigeante,
zappeuse, pour qui un titre de presse vieillit très vite s'il ne se renouvelle
pas constamment, déclare Alexandre Dutreil, directeur d'édition de FHM. Même si
on a une longueur d'avance sur nos concurrents, avec une diffusion qui
progresse de 4-5 % par an, on ne se repose pas sur nos positions. » Des
signatures issues du petit écran, en phase avec cette cible, ont ainsi rejoint
la rédaction, comme Laure de Lattre, ex-Lofteuse, ou Clara Morgane, ex-star du
X, animatrice du Journal du hard de Canal +. Elles devraient être rejointes par
d'autres dans les mois à venir. Partant du principe, comme l'indique Bruno
Gosset, directeur de la rédaction, que « les rubriques sont biodégradables »,
le magazine en introduit un certain nombre, toujours largement traitées sous un
angle où le sexe est roi, mais en s'ouvrant également à des sujets plus sérieux
via "la grosse enquête".
« On pense qu'il
faut maintenant affronter des sujets sérieux ou classiques et également traiter
plus largement de sport ou d'automobile, mais toujours en les passant à la
moulinette du ton FHM », ajoute Bruno Gosset. Cette évolution de formule sera
expliquée de manière humoristique aux hommes au cours d'une campagne de
publicité, conçue par l'Agence Libre, qui se déclinera en presse, affichage et
radio durant les six mois à venir. Coût de l'opération : 2 ME bruts. Elle
n'intervient évidemment pas au hasard, mais à un moment où FHM confirme sa
position de leader de la presse « de la nouvelle masculinité », comme on dit
chez Interdeco pour identifier les masculins arrivés sur le marché il y a trois
ans. D'après Jean-Paul Lubot, directeur délégué d'Emap Attitude, FHM revendique
aujourd'hui plus de 32 % de parts de marché et une pagination publicitaire qui
devrait tourner autour des 500 pages à la fin de l'année, soit une croissance
de plus de 30 % du chiffre d'affaires.
« On a vraiment
réussi à creuser notre trou grâce à un portefeuille diversifié, dont la mode et
la beauté sont aujourd'hui les moteurs, précise-t-il. FHM incarne vraiment
cette communauté de mecs pas machos, mais qui défend ses intérêts. » Une jolie
réussite pour un titre sur lequel on ne pariait pas vraiment au moment de son
lancement, il y a trois ans. Il faut dire que le magazine n'a pas ménagé ses
efforts promotionnels pour rallier les suffrages de la jeune communauté
masculine, via jeux concours et autres partenariats de soirées en tous
genres.
BILAN DE SANTÉ CONTRASTÉ POUR LES MASCULINS
A
la lecture de la dernière livraison de l'étude AEPM, le mensuel d'Emap affiche
un taux de progression de 8 % avec une audience de 979 000 lecteurs. Max fait
mieux (+ 13 %), mais arrive encore loin derrière avec 847 000 lecteurs. C'est
Entrevue qui signe la meilleure croissance (+ 13 % à 2 961 000 lecteurs), mais
ses 66 % de lecteurs masculins le placent encore à la marge des magazines 100 %
pour hommes. Dans la famille des masculins "purs et durs", si FHM rit, Men's
Health, en revanche, est plus crispé. Après avoir affiché des scores de
diffusion de 300 000 exemplaires pour son premier numéro et de 250 000
exemplaires pour le deuxième, le mensuel tourne aujourd'hui autour des 80 000
exemplaires. Rentré fin 2001 dans le sérail d'Axel Springer France, qui en a
repris la licence pour l'Hexagone, le mensuel tente aujourd'hui de remonter la
pente. « L'erreur a été de faire la course avec les autres titres en ciblant
les jeunes et de ne pas assez insister sur les hommes de 35-40 ans qui
souhaitent rester en forme, analyse Rémy Dessarts, directeur des rédactions du
groupe. En ciblant une cible plus large, l'objectif est de sortir le magazine
de cette lutte infernale et uicidaire. » Lancée en mai, et soutenue par une
campagne signée Enjoy, déclinée en radio, affichage et presse, la nouvelle
formule veut suivre ce cap. « Il s'agit de rendre le magazine plus acceptable
pour les hommes français, qui ne sont pas aussi accros à leur look que les
Italiens ou les Anglo-Saxons, explique Rémy Dessarts. On veut également les
rassurer par un contenu plus ouvert, plus art de vivre, sans être trop
généraliste, et développer des sports plus accessibles, par exemple le VTT ou
la course de fond. » Men's Health devrait aller encore plus loin dans cette
proximité l'an prochain en s'adjoignant la caution de sportifs connus et en
développant des opérations spéciales. « Il faut rallumer le feu par des actions
fortes pour que le magazine devienne plus présent sur les événements qui
concernent les hommes en matière de sport et de santé, et aussi qu'il soit plus
acteur de la société, estime Rémy Dessarts. Aux Etats-Unis, Men's Health fait,
par exemple, du lobbying pour créer une journée de l'homme, pourquoi pas
développer des idées de ce type ? » S'il n'est pas question pour Maximal de
s'engager aussi loin, le titre de Hachette Filipacchi Médias partage avec Men's
Health la volonté de se démarquer de la tranche des jeunes adultes visée par
FHM. « Le ton se veut humoristique, mais Maximal s'adresse à un homme qui vit
en couple et qui a une vie de famille, note Anouck Diamantopoulos, directrice
de groupe commercial sur le pôle masculin d'Interdeco. Il faut encore aller
plus à fond et les choses vont bouger dans ce sens dans les mois à venir pour
couvrir toutes les facettes de la nouvelle masculinité des 25-35 ans. »
Maximal, qui a passé la barre des 100 000 exemplaires, compte notamment sur
l'arrivée à la tête du titre de Philippe Bourbeillon, transfuge de FHM, pour
faire évoluer le positionnement dans ce sens.