Formation initiale et continue Cultiver les fondamentaux
La pression des financiers, le diktat du client-roi, le poids des nouvelles technologies influent sur les contenus des écoles et organismes de formation. Mais l'essentiel demeure : donner les moyens de réfléchir, au-delà des aléas conjoncturels.
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Les métiers du marketing changent. A la croisée des poussées exercées par
la conjoncture économique et financière et des leviers d'évolutions majeures
dans la perception et le comportement des consommateurs, les départements
marketing au sein des entreprises sont contraints de s'acclimater. Mais pour
faire écho à des mouvements de plus en plus structurants sans avoir à les
subir, il leur faut se donner les moyens d'anticiper. Observer, définir et
analyser les différents métiers du marketing, c'est le chantier qu'a engagé
l'Adetem (association nationale du marketing) en échafaudant un référentiel de
compétences qui pourrait voir le jour fin 2005. Pour Jean-Paul Aimetti,
président de l'association, l'évolution la plus sensible procède de la pression
court-termiste. « Les directions marketing sont gagnées par l'obsession du ROI.
Elles exigent de leurs équipes des compétences commerciales et même
financières. » Et le président de l'Adetem de mettre en garde contre les «
risques de confusion entre les outils et les objectifs ». Cette collusion
entre techniques et finalités figure en bonne place dans l'échelle de vigilance
des écoles et organismes dévolus à la formation initiale et continue des
professionnels du marketing. « Depuis cinq ans, un virage s'est opéré du
concept au précepte. Les entreprises veulent de l'opérationnel et de
l'efficace, du pratico-pratique applicable immédiatement », note Georges
Nikakis, directeur du département marketing et action commerciale de Demos.
Les organismes de formation continue dans leur ensemble tentent de traduire au
mieux cette aspiration au pragmatisme. Parfaitement légitimes a priori pour
intervenir sur les ajustements méthodologiques et pour réagir aux évolutions
des métiers, les organismes généralistes et spécialisés multiplient les
formules afin de répondre à des besoins de plus en plus pointus et répétés. En
2001, la Cegos proposait 16 stages en marketing, aujourd'hui, le catalogue en
référence une quarantaine. Avec 39 stages, dont 11 nouveautés, dans son
catalogue 2005, Demos enregistre pour sa part une augmentation de 22 % de son
chiffre d'affaires sur son offre marketing.
Des recrutements plus exigeants
« Les stages de perfectionnement enregistrent une forte
progression, alors que les contenus sur les fondamentaux baissent un peu »,
remarque Nathalie Van Laethem, responsable des formations interentreprises
marketing de la Cegos. Le niveau monte : le constat est partagé par les
différents organismes, qui doivent d'une part étoffer les contenus de leurs
formations, d'autre part renforcer le niveau d'exigence dans le recrutement de
leurs formateurs. Le département intra-entreprises de la Cegos vient de
recruter un consultant issu du monde de l'industrie, ainsi qu'un diplômé MBA
international. « Il y a trois ans, nous n'aurions pas recherché des profils de
ce type », affirme Yvelise Lebon, directeur des activités conseil et formation
marketing et commercial. Côté inter entreprises, il semblerait que les besoins
se portent sur des expertises en gestion des stratégies et systèmes multicanal
(« espèce rare sur le marché », note Nathalie Van Laethem), ainsi que sur des
compétences en benchmarking et en e-marketing. Mais s'il est une demande en
hyper-croissance, c'est bien celle formulée sur le marketing des services, qui
enregistre par exemple à la Cegos une croissance de 190 % pour 2005 (versus 30
% en 2004). Quant à la chaire de marketing des services d'HEC, elle ne
désemplit pas. Le souci de systématisation et de rigueur dans l'approche
marketing gagne en effet l'univers des services, où les entreprises se trouvent
notamment confrontées à un développement exponentiel et chaotique d'une offre
devenue ingérable. Exemple frappant avec les marques de la téléphonie mobile,
invalidées par un portefeuille de services illisible et qui cherchent à
rétablir de la cohérence, notamment via des approches de “déprolifération”. «
La notion de services est au cœur de la stratégie marketing des entreprises,
quelles qu'elles soient. Or, il existe très peu de formations spécifiquement
construites autour de ces problématiques », constate Benoît Mayronin,
professeur à Grenoble EM. L'école de management iséroise se rapproche de
l'Académie Accor Service, filiale du groupe hôtelier, créée en 2003 pour
délivrer conseils et formations en dynamique de services auprès d'entreprises à
réseau. « Nous menons des réflexions communes sur la manière de mêler les
problématiques de marketing et de management afin de répondre aux nouveaux
besoins des entreprises et des marchés », explique Charles Ditandy, directeur
de l'Académie Accor Services. Le rapprochement de la filiale du groupe et de
l'école de management de Grenoble s'inscrit dans une volonté de
désectorialisation des contenus et de revalorisation des services par la
transversalité. Aujourd'hui informelle, cette association pourrait déboucher
sur l'ouverture, dès la rentrée 2006, d'un mastère spécialisé, délivré par l'EM
Grenoble, labélisé par la filiale d'Accor. Le dossier de candidature est
actuellement entre les mains de la conférence des grandes écoles, seule
habilitée à l'imprimatur (voir encadré p. 68).
Marketing à tous les étages
Plus que jamais le management de la relation avec le
client sous-tend le contenu des programmes vendus par les écoles et instituts
de formation. En 2005, la Cegos a mis au catalogue un stage sur le “marketing
et le management de la relation client”. Ce tropisme du client ne se cantonne
pas à l'offre inter entreprises des organismes. Il investit également les
programmes à la carte. A la Cegos, on observe que la notion de chaîne de
valeur, présente depuis plusieurs années en filigrane de nombre de formations
destinées aux équipes marketing, se déporte nettement vers le prisme du
client. Pendant logique de la prégnance accrue du client dans la stratégie des
entreprises, l'instillation progressive de réflexes marketing hors de leurs
frontières légitimes d'exercice. « On sent qu'une vraie culture marketing gagne
les entreprises à tous les niveaux », affirme Georges Nikakis. Chez Demos, le
programme “direction marketing” attire de nombreux directeurs commerciaux. La
Cegos a pour sa part créé en 2005 quatre stages destinés à la fois aux
marketeurs et commerciaux. Même constat à HEC. « Le marketing irradie au-delà
de la fonction marketing stricto sensu. Nos formations doivent tenir compte de
cette perméabilité grandissante de l'ensemble des fonctions au sein de
l'entreprise », résume Yves Evrard, professeur et coordinateur du département
marketing. Pourtant, les staffs français manifestent encore de la frilosité
dans leur politique de formation des salariés. Au Conservatoire national des
arts et métiers (Cnam), ce sont majoritairement les étudiants qui financent
leurs études. « Je ne comprends pas pourquoi les entreprises n'investissent pas
davantage dans la formation de leurs collaborateurs », commente Jean-Paul
Aimetti, qui dirige depuis dix ans les enseignements en marketing du Cnam.
La sélection en question
D'évidence, les entreprises
inscrivent à l'unisson la formation continue dans un objectif de performance.
Parmi les impératifs exprimés par les acheteurs, un critère finit par écraser
tous les autres : l'indicateur de performance. « Nous avons développé un
programme pour l'ensemble des équipes marketing d'Adidas, raconte Yvelise
Lebon. Ce que l'entreprise souhaitait, c'est construire une base et des
référentiels communs à tous ses collaborateurs. Avec un objectif : pourvoir
mettre en œuvre des indicateurs de performance, tant dans la qualité des plans
marketing que dans leur communicabilité ou le temps passé à les élaborer. » Ce
type de demande a fini par inspirer à la Cegos une offre spécifique, les
“campus”, qui représentent aujourd'hui 20 % de son chiffre d'affaires
intra-entreprises. Il s'agit de contenus destinés à une population très élargie
de stagiaires et construits autour d'outils customisés. Une approche lourde et
structurante. Le campus Adidas aura demandé une année et demie de travail aux
consultants de la Cegos : six mois de développement et une année de
déploiement. En 2005, le business inter entreprises de la Cegos a progressé
de 7 % (malgré une réduction de la durée des stages). Quant au chiffre
d'affaires de l'intra-entreprises, il croît de 20 %. Côté formation initiale,
les évolutions des fonctions marketing ne semblent pas altérer les processus
traditionnels de prise de poste en sortie de cursus. « Il n'y a pas de
bouleversements en matière de débouchés. Les fonctions d'assistant chef de
produit ou de chef de produit junior restent les clés d'entrée sur le marché du
travail », remarque Joël Brée, responsable des enseignements marketing à l'ESC
Rouen. Les chefs de produit ont de tout temps été responsables de comptes
d'exploitation, mais ils ont d'abord pour mission de générer du profit.
Aujourd'hui, ils se retrouvent eux aussi dans la ligne de mire des analystes
financiers et la chaîne de valeur dans laquelle ils doivent inscrire leur
travail intègre des paramètres qui les oblige à maîtriser la donne financière.
« Pour autant, commente Joël Brée, il faut raison garder. La Bourse n'a pas
encore inspiré d'enseignements dédiés parmi la palette de contenus marketing
délivrés par le groupe ESC. » Mais le souci majeur des pôles de formation au
marketing est sans doute encore ailleurs. 7 900 candidats aux concours d'entrée
pour 6 400 étudiants reçus : les écoles de commerce françaises ne sélectionnent
plus. Pour certaines, la demande ne suffit même plus à occuper les rangs. « Les
dix ou douze premières écoles arrivent sans difficulté à remplir leurs
promotions. Pour les autres, c'est parfois plus problématique », commente Joël
Bree. Nombre d'établissements doivent recourir aux étudiants étrangers. Mais
pour séduire un vivier déjà largement convoité par les business schools et dont
la référence première reste la presse anglo-saxonne et ses classements annuels,
encore faut-il offrir des gages de visibilité, au travers notamment de labels
internationaux. Les écoles de commerce doivent aujourd'hui caler leurs diplômes
sur le système européen du LMD (licence en trois ans, master en cinq ans,
doctorat en huit ans). Toutes les écoles déclinent les mêmes recettes :
partenariats avec des universités étrangères pour engranger les doubles
diplômes, stages en entreprise, apprentissage… Naguère réservée à une poignée
d'écoles prestigieuses, la recherche devient un argument commercial jusqu'aux
écoles post-bac. Mais les profs reconnus et “visibles” à l'échelle
internationale sont chers. La prime revient donc aux établissements les plus
riches. Le trio de tête du classement 2004 établi par Le Point identifie non
seulement les écoles les plus sélectives, mais aussi les mieux nanties
économiquement. Avec un différentiel de moyens de un à dix par rapport à leurs
homologues outre-Atlantique, les grandes écoles françaises s'inscrivent dans un
schéma concurrentiel délicat. Certaines universités étrangères paient leurs
professeurs 20 000 euros par mois, soit quatre fois plus qu'en France.
La concurrence internationale
La capacité des écoles de
gestion à rivaliser avec leurs homologues anglo-saxonnes anime aujourd'hui des
débats houleux dans le landerneau des enseignants et anciens élèves. Pour
preuves, ces tribunes de plus en plus alarmistes sur l'urgence à dépasser les
ataviques rivalités entre établissements - notamment les “trois parisiennes”,
HEC, Essec et ESCP-EAP. Si elles veulent avoir le moindre espoir de crédibilité
structurelle, les écoles n'auraient-elles pas tout intérêt à rechercher la
taille critique et la visibilité, en travaillant ensemble, en créant des campus
communs avec les écoles d'ingénieurs et les business schools ? L'ICN, l'école
de management de Nancy, s'est associée avec l'Ecole nationale supérieure d'art
de Nancy et l'Ecole des mines de Nancy, afin de faire travailler les élèves une
journée par semaine sur un projet commun avec des ingénieurs et des artistes. «
Il faut déscléroser les cadres d'enseignement pour enrichir les approches et
les contenus », souligne Thomas Froehlicher, directeur de l'ICN.
Nécessaire différenciation
Par ailleurs, le risque
n'est-il pas grand de sacrifier une tradition et des marques reconnues sur
l'autel du monolithisme et du clonage ? Dans une tribune du Monde (“A quoi
peuvent bien servir les écoles de management ?”), il y a déjà deux ans, Eric
Cornuel, directeur général de la Fondation européenne pour le management (EFMD)
de Bruxelles, pointait le mimétisme d'établissements français obsédés par un
modèle anglo-saxon académique et privilégiant “la construction mentale pure et
l'abstraction au détriment des dimensions opérationnelles les plus
élémentaires”. Et de dénoncer “une production intellectuelle qui ne sert
réellement qu'à la promotion académique des professeurs”. “Une institution
qui forme des chercheurs et la fine fleur du management des entreprises ne
peut pas se permettre de n'avoir rien à dire sur l'évolution de la société. Nos
écoles doivent reprendre le leadership, en formant des gestionnaires et des
dirigeants qui soient à la fois humbles et conscients de leurs responsabilités
au sens large du terme”, écrivait Eric Cornuel. La différence se fera par
l'innovation, notamment dans la définition d'approches sur mesure. « Nous
développons des formules souples et adaptées aux besoins spécifiques des
étudiants », affirme Joël Brée. Parcours à la carte, comme à Grenoble Ecole de
Management, prise en compte de l'attitude de l'élève dans son évaluation à
l'ESC Rennes, création d'associations, voire missions humanitaires au programme
pour les étudiants des ESC de Dijon et de La Rochelle, centres de développement
personnel à droite et à gauche… Les écoles de commerce dépensent annuellement
en moyenne plus de 10 000 euros par élève, financés pour près de la moitié par
les dispositifs exogènes, taxe d'apprentissage, formation continue… Attention
toutefois au débordement chaotique dans l'éventail des titres et diplômes
aujourd'hui proposés. Illustration parfaite d'une certaine forme de dérive,
l'explosion des grades de Master. Master of Business Administration (MBA),
diplôme national de master (DNM), grade de master, Master of Science in
Management (MSM), mastères spécialisés (MS)... L'offre déployée par les écoles
de commerce et de gestion souffre d'un manque certain de lisibilité. D'autant
plus que le titre “master”, non protégé, peut être délivré par n'importe quel
établissement. L'appellation MBA revêt ainsi des formes de plus en plus
diverses : durées variant de neuf mois à deux ans, programmes plus ou moins
spécialisés, expérience professionnelle requise plus ou moins longue, etc. Une
cacophonie qui nuit à l'image de cursus. Créé pour former une élite
managériale, le MBA fait l'objet de critiques de plus en plus nombreuses. Le
vétéran des MBA européens, l'Insead, ne parviendrait pas à remplir son campus
de Singapour. Il faut dire que les tarifs ont de quoi tétaniser les
velléitaires, avec des frais de scolarité grimpant jusqu'à 60 000 euros en
Europe et dépassant parfois 100 000 dollars aux Etats-Unis. S'affranchir de
toute versatilité Les chartes des écoles insistent toutes sur la place de la
réflexion et de la culture générale, mais la pratique ne reflète pas toujours
ces intentions pédagogiques. Si certains établissements délivrent des cours
d'astronomie, de philosophie ou de politique internationale, le volume d'heures
réservées à ce type d'enseignements se limite en effet souvent à quelques
dizaines d'unités en trois ou quatre ans. L'ouverture aux enseignements
connexes demeure on ne peut plus sage. A l'image du troisième cycle
“environnement et stratégie” - notamment destiné aux bac + 4 ou bac + 5 issus
d'écoles de commerce - programmé par Sup de Co la Rochelle pour la rentrée
2005, soit six ans après le lancement de son troisième cycle “management de
l'environnement”. Si les formations doivent adapter leurs contenus aux
évolutions des métiers et de la fonction marketing, elles doivent s'affranchir
de toute versatilité. « Les fondamentaux doivent demeurer, affirme Joël Brée.
La mission des formations initiales et continues, c'est d'aider à développer
une aptitude au raisonnement. La meilleure manière de préparer les
professionnels du marketing aux évolutions de leurs métiers, c'est de leur
garantir une culture durable et solide, grâce à laquelle ils pourront évoluer
dans la structure. »
Mastères spécialisés et Executive MBA ont le vent en poupe
Créés en 1986, les mastères spécialisés, ou MS, constituent une marque déposée de la Conférence des grandes écoles. Préparation d'un an à une spécialité recherchée, le MS offre une spécialisation ou une double compétence à des étudiants diplômés d'une école de commerce ou d'ingénieurs, mais aussi à des cadres ayant déjà une expérience. Le recrutement est international, ouvert aux diplômés des grandes écoles, aux titulaires d'un troisième cycle universitaire, ou encore à de jeunes pharmaciens, médecins, architectes... Mais attention, les places sont chères. A tous les sens du terme. Le prix d'un mastère spécialisé dans une grande école fluctuera entre 6 000 et 30 000 euros. Autre succès, les Executive MBA. Ces MBA à temps partiel (selon la formule, les cours sont étalés sur les week-ends ou concentrés sur des semaines intensives) s'adressent à un public de cadres pouvant se prévaloir d'une dizaine d'années d'expérience.
L'AACC veut réhabiliter l'image des métiers de la communication
Les entreprises du monde de la publicité viennent d'adresser à une quinzaine de grandes écoles une charte engageant les 200 agences membres de l'AACC (Association des agences et conseil en communication) sur quatre terrains : la formalisation de la mission affectée dans le cadre des stages, le tutorat des stagiaires, leur évaluation, la rémunération des contrats. « En 2003, 1 % seulement des étudiants d'HEC se disaient attirés par les métiers de la pub. En dix ans, l'image de nos métiers s'est considérablement détériorée sur les campus des grandes écoles », constate Xavier Romatet, directeur général du groupe DDB et vice-président de l'AACC. Les stagiaires alimentent encore environ 20 % des recrutements dans le monde des agences de communication. En 2004, le groupe DDB (1 800 salariés) a recruté 220 stagiaires, pour une durée moyenne des missions de quatre mois, soit 60 équivalents temps plein. « Les trois quarts des 30 juniors que nous embauchons en CDI ont effectué un stage au sein de l'une des sociétés du groupe », précise Xavier Romatet.
Le stage, pôle d'adéquation entre les entreprises et les écoles
En matière d'adéquation entre les évolutions des métiers du marketing en entreprise et la réponse fournie par les écoles, le stage apparaît comme l'un des leviers les plus intéressants. Les entreprises proposent chaque année 200 000 offres de stages aux étudiants des grandes écoles de commerce et d'ingénieurs (étude menée en 2004 par PlaceOjeunes auprès de 170 grandes écoles). Le ratio demande/offre courant tourne autour de dix pour un. Le groupe Henkel, par exemple, reçoit environ 10 000 candidatures de stages, pour 120 élus. « Il faut s'impliquer dans la vie des écoles pour recruter les meilleurs », insiste Françoise Dupeyrat-Gros, responsable des ressources humaines d'Henkel France. Entre le sponsoring des BDE, la participation aux forums, l'organisation d'événements divers…, le “campus management” chez Henkel occupe à lui seul une équipe de trois personnes. La politique du groupe européen est originale. Elle consiste à adouber au sein de 15 écoles cibles des “ambassadeurs”, étudiants en première année cornaqués en interne par des parrains et chargés de relayer sur les campus les messages du groupe.
Simulation contre études de cas
Negosup, département négociation de Negocia, l'école de commerce de la CCI de Paris, délivre une formation de master en trois ans, où les enseignements marketing obéissent à un credo majeur : l'opérationnalité. « Des études de cas, il y en a plein les journaux. Non seulement elles deviennent très rapidement caduques, mais les étudiants ont tendance à faire des actions et stratégies menées par les entreprises un postulat. Nous devons leur apprendre à réfléchir et agir par eux-mêmes », avance Eliane Karsaklian, responsable des enseignements marketing. La première année privilégie la veille, la recherche d'informations et la construction de réflexes intellectuels et méthodologiques. La deuxième année est entièrement construire autour de la simulation. « Nous constituons des groupes de six où chaque étudiant représente une entreprise existante et susceptible d'entrer dans le processus collégial d'un lancement de produit : un fabricant, un distributeur, un cabinet de veille, un institut d'études, un prestataire internet et une agence de communication », développe Eliane Karsaklian. La dernière année, effectuée en alternance, a pour thème pédagogique le lancement d'un pays à l'international, sur la base des préconisations d'entreprises partenaires et avec leur soutien actif.