Etudes on line : les questions à se poser
Pour y voir plus clair dans le pourquoi et le comment des études en ligne, le CESP a réuni des experts internationaux et français pour s'interroger sur les avantages, les limites et le pourquoi des études sur Internet.
Je m'abonne
Epiphénomène ou séisme ? La journée organisée récemment par le CESP et
consacrée aux études en ligne a d'emblée posé cette question qui préoccupe
aujourd'hui tous les instituts d'études français et internationaux. Les experts
qui se sont succédé à la tribune ont tous abordé la représentativité du média
on line. Les exemples apportés par des études menées à la fois par Internet et
par une méthode plus traditionnelle de recueil de l'information ont montré que,
dans bien des cas, Internet n'apportait pas de biais à condition de tenir
compte de certains impératifs. « Le premier avantage d'Internet, fait remarquer
Hugues Cazeneuve, P-dg d'Opinion Way, est de contraindre notre profession à se
reposer des questions avant d'en poser. » « Peut-on parler d'enquêtes on line
représentatives en France ? », a demandé Pascal Avignon, directeur général
France de l'Ifop. Pour y répondre, a été menée une comparaison de résultats
d'un protocole d'études "side by side" conduit auprès d'échantillons
appareillés sur les critères classiques de quotas, obtenus par les méthodes
traditionnelles de recueil et par recueil on line. Constats : il est impossible
de travailler sur les 50-64 ans (taux de réponse insuffisant, trop lent, fortes
divergences sur les résultats) ; de très fortes divergences existent dans les
résultats entre le off line et le on line quand l'étude porte sur des questions
politiques ; on se retrouve dans des zones de comparabilité acceptables quand
on interroge sur la fréquentation médias, la notoriété et l'image, les
activités pratiquées ou lors de post-test publicitaires. Pour Olivier
Henry-Biabaud, directeur de TNS Interactive France et Jean-Baptiste Costa,
directeur scientifique et technique de TNS Interactive, les jurys d'internautes
(encore appelés panels d'internautes) permettent les tests d'optimisation de
prix, la ré-interrogation de cibles rares... Par ailleurs, a expliqué Pascal
Avignon, « il existe de fortes convergences entre le on line et le off line sur
la plupart des questions comportementales et toutes celles concernant les
attitudes d'achat ». George Terhanian, Vice-President of Research and
Methodology d'Harris Interactive, a montré, fort d'une expérience basée sur un
panel de 7,5 millions d'individus, que, sur Internet, il vaut mieux éviter de
longs questionnaires, des questions ouvertes trop nombreuses, des questions qui
demandent des relances ou des rankings trop fastidieux. En un mot, il faut être
"kiss" : keep it simple and short. « Internet change la relation de
l'interviewé à l'enquête », a souligné Valerie Jenkins, International Account
Executive de Survey Sampling, Inc. L'interviewé peut choisir le moment où il
décide de répondre à un questionnaire, et surtout, il peut choisir le sujet sur
lequel il a envie de répondre. Il est important de réfléchir aux messages
d'incitations à répondre et à la pratique de l'incentive, « un enjeu majeur »,
pour Hugues Cazeneuve. Qu'il s'agisse d'études on line ou d'études au moyen de
panels d'internautes.
L'avenir de l'enquête on line
Internet est là pour durer, même si, aujourd'hui, il passe par des phases de
jeunesse identiques à ce qu'a été l'arrivée du téléphone ou du Minitel dans la
collecte de l'information. Une enquête réalisée en France par FullSix Research
auprès de 600 individus âgés de 15 ans et plus sur la perception et la pratique
des vecteurs de recueil, révèle qu'Internet comme moyen de collecte de
l'information est déjà connu par le grand public, qu'il est apprécié des
internautes, et que pour une majorité, l'essayer, c'est l'adopter. Il va sans
dire que la pénétration du Web continuera de progresser, que la
représentativité des échantillons ira en s'améliorant, que l'expertise dans la
pondération croîtra. Selon Allan L. Baldinger, Vice-President Product
Management d'Ipsos-NPD, les études en ligne aux Etats-Unis pèsent déjà près de
8 % d'un marché qui vaut 6 Md$. Par ailleurs, la pénétration d'Internet devrait
atteindre 60 % des foyers d'ici à l'an 2002. « Quand une technologie dépasse
les 50 %, faut-il encore s'interroger sur sa représentativité ? », conclut-il.
Aux Etats-Unis, devant la difficulté à faire des études par téléphone, en face
à face ou même par voie postale, les études en ligne sont une vraie
alternative. « L'essentiel est de poursuivre la "Research on Research" », ont
constaté Anyvonne Carnot de NFO Consumer Europe, et Martin Oxley, Managing
Director de NFO Interactive.