Bataille de gratuits sur la Canebière
Marseille est une ville-phare pour la presse gratuite. Avec 235 000 exemplaires mis en distribution chaque jour (85 000 par Metro, 80 000 par 20 Minutes, 70 000 par Marseille Plus). Aline Moreau, directrice de MPG Marseille, explique les enjeux locaux de ce marché.
Marketing Magazine : Quelle est la dernière actualité en date des gratuits à Marseille ?
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Aline Moreau : La ville a pris la décision qu'à la rentrée les trois titres quotidiens - Metro, 20 Minutes, Marseille Plus - seront distribués ensemble, dans le même rack, dans le métro. Cette mesure, prise dans le cadre d'une campagne pour la propreté, interdit désormais le colportage. Cela va changer la donne car on va voir ce qui fait la différence dans la prise en mains. 20 Minutes, par exemple, qui était arrivé en dernier, s'est très vite installé dans les habitudes grâce au colportage. Côté magazines, arrive Felicity, un nouveau gratuit, format pocket, dos carré, distribué à 35 000 exemplaires sur Aix-Marseille et Nice - Cannes et commercialisé par Spir. Il s'agit d'un féminin, au concept malin, qui se situe entre Femme en Ville et Côte, le magazine gratuit distribué dans les grands hôtels, les boutiques de luxe, les restaurants de la Côte d'Azur, qui existe depuis une vingtaine d'années.
MM : Comment a réagi le marché publicitaire ?
A. M : La légitimité a été immédiate en régions, les annonceurs y sont venus tout de suite. Il n'y a pas eu les a priori parisiens où les arbitrages médias ont été longs à s'installer, notamment du fait qu'il y avait moins de culture de presse quotidienne grand public. Au niveau régional, communiquent à la fois les institutions - conseil régional, régie des transports, ville - mais aussi la téléphonie, la distribution, etc. L'organisation locale des équipes commerciales des titres est, en revanche, encore expérimentale. Metro qui s'était au départ positionné sur le régional a réduit ses équipes et développé le national à l'inverse de 20 Minutes qui n'était d'abord que sur le commercial national. Pour ce qui concerne Marseille Plus, tout est en stand by, suspendu au devenir du réseau Villes Plus.
MM : Quelle sera la prochaine étape des gratuits à Marseille ?
A. M : On est entré dans une seconde phase où chacun fait les comptes, se structure. Ce qui vaut à Marseille vaut pour l'ensemble du territoire, c'est-à-dire que la presse gratuite met en exergue la crise de la presse quotidienne régionale. Avant son arrivée, tout le monde communiquait en PQR. Or, on est face à une PQR de plus en plus vieillissante et qui, commercialement, ne se remet pas en question par rapport au marché publicitaire en pratiquant toujours des tarifs exorbitants. Parallèlement à cela, la presse gratuite a un territoire énorme de développement, entre une presse magazine ultra-élitiste et une presse de masse vieillissante.