Quatre techniques s'affrontent
Opter pour l'impression numérique, c'est choisir, parmi quatre (et bientôt cinq) techniques différentes, la solution qui va correspondre le mieux aux attentes de l'entreprise, donneur d'ordres du mailing. Pour effectuer le bon choix, il est primordial, pour le client comme pour le prestataire, de connaître les avantages et limites de chacune d'entre elles.
Les machines hybrides
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Ce type d'équipement est
constitué de l'assemblage d'un système de gravure directe sur plaque (CTP ou
Computer To Plate) et d'une presse offset couleur. Trois phases composent la
production : l'envoi du fichier numérique au calculateur de la presse, la
gravure directe des plaques sur les cylindres et le tirage lui-même. Le
processus est identique à l'offset, hormis la gravure des plaques qui se fait
en direct. Celle-ci en général n'excède pas cinq minutes et évite toutes les
opérations traditionnelles d'impression comme le flashage des films, le montage
et la gravure. Le plus souvent, ces machines ont adopté le principe de l'offset
sec qui évite l'opération de mouillage. Le calage s'effectue alors en quelques
minutes (15 à 17 minutes pour la gravure et le calage), contre plus d'une
demi-heure pour l'offset conventionnel. A noter que les plaques servant au CTP
ainsi que les encres waterless utilisées en offset sec présentent un surcoût
non négligeable par rapport à des supports classiques, de l'ordre de 20 à 30 %.
On compte principalement dans cette catégorie de machines, plutôt réservées aux
gros tirages, des équipements comme la QuickMaster et la SpeedMaster
d'Heidelberg, la DicoWeb de Man Roland, la TruePress de Screen, et la 3404 de
Ryobi.
L'électrophotographie à toner
Les presses de
cette catégorie affichent le plus souvent un format A3 et acceptent des
supports dont le grammage est compris entre 60 et 300 g. Elles sont dotées d'un
cylindre électrostatique semblable à celui des copieurs ou des imprimantes
laser. Un laser vient en réalité dessiner l'image de la page sur le cylindre.
Celui-ci est insolé par des diodes de densité variable. L'image prend alors
forme sur le cylindre en attirant des grains de toner sur les zones chargées
électriquement par le faisceau laser. L'encre est ensuite reportée sur le
papier par une cuisson à 300° C. Contrairement à l'offset numérique, la forme
imprimante est réécrite à chaque tour de machine, ce qui laisse envisager une
personnalisation optimale de la page puisque celle-ci peut, en théorie, être
complètement réinventée à chaque nouvelle feuille. La cadence atteinte peut
être de l'ordre de 2 à 4 000 feuilles/heure. Reste un inconvénient : cette
technologie d'impression, parce qu'elle utilise la cuisson des encres, ne peut
faire l'objet d'un deuxième passage en machine pour une personnalisation plus
pointue, en jet d'encre ou au laser. En effet, les encres imprimées la première
fois risqueraient de fondre lors du deuxième passage en presse. En outre, il
est préférable d'utiliser sur ces machines des papiers particulièrement
résistants aux hautes températures, ce qui peut limiter le choix pour des
mailings spécifiques. Les équipements les plus connus de cette catégorie sont
les presses DCP de Xeikon, Dicopress de Man Roland, NexPress 2100 d'Heidelberg,
ou encore DocuColor iGen3 de Xerox.
Les encres liquides
A ce jour, seules les machines Indigo/Hewlett Packard
exploitent la technique des encres liquides. Sur la base d'une presse offset
traditionnelle, il s'agit d'utiliser des encres liquides spéciales, baptisées
electro-inks. Au moment du lancement de l'impression, les quatre images en mode
bitmap, issues de la séparation des couleurs comme dans la quadrichromie
offset, sont envoyées dans la mémoire de la machine qui pilote le laser. Les
couleurs sont traitées les unes après les autres en commençant par le jaune,
puis le magenta, le cyan et le noir. Chargé en électricité, le cylindre
photorécepteur est insolé par le laser. L'encre est alors injectée sur le
cylindre et, par effet électrostatique, se dépose sur les seules parties
insolées. L'excédent est récupéré pour être recyclé dans le processus de
production. L'encre déposée est, pour sa part, reportée sur un blanchet chauffé
à 90 °C et sur lequel elle va se polymériser. Elle est ensuite transférée par
pression sur le papier, comme dans le procédé offset. Ce type d'équipement
atteint des cadences de l'ordre de 4 et 8 000 feuilles/heure. HP a annoncé que
prochainement ces performances devraient, avec le modèle w3400, parvenir à 16
000 feuilles/heure.
Le jet d'encre
Dans cette
catégorie d'équipements fonctionnant en jet d'encre, trois techniques
cohabitent : le continu, le thermique (ou dit à bulle d'encre) et le
piézo-électrique. Dans le procédé du jet d'encre continu, des gouttelettes
d'encre sont expulsées à grande vitesse par des gicleurs. Un déflecteur empêche
l'encre d'atteindre les surfaces non inscriptibles. Les gouttelettes se
mélangent les unes aux autres et forment une image en tons continus. Ce procédé
induit une forte consommation d'encre, d'où un coût élevé de l'imprimé produit.
Il reste donc réservé aux impressions en noir et blanc. Le procédé à bulle
d'encre ou à jet d'encre thermique a été élaboré pour pallier cet inconvénient.
Dans cette technique, de l'encre à base d'eau est chauffée de manière à créer
des bulles d'air qui poussent les gouttelettes d'encre à travers les gicleurs
en fonction des besoins. Cependant, la formation des bulles d'air ne pouvait
pas être suffisamment accélérée pour pouvoir atteindre le même niveau de
qualité qu'avec la technique à jet d'encre continu. C'est ce qui a conduit à la
mise au point de la technique piézo-électrique. Celle-ci applique une tension
électrique à un diaphragme qui, en se contractant, entraîne les gouttelettes
d'encre à travers le gicleur. Une vitesse plus rapide avec "dépôt d'encre à la
demande" permet d'obtenir une résolution et une qualité identiques à la
technique à jet d'encre continu, tout en diminuant la consommation d'encre.
Même si les fabricants aiment rarement détailler la technologie qu'ils
utilisent et préfèrent rester discrets sur ce sujet, il est facile de constater
que les équipements les plus récents utilisent en grande majorité la technique
piézo-électrique. Parmi les rares spécialistes du jet d'encre, Scitex Digital
Printing et sa gamme de machines Versamark font figure de leaders en termes
d'innovation. Comparativement au laser, cette technique reste encore
perfectible. Aux Etats-Unis, les fabricants y croient beaucoup et l'exploitent
plus volontiers pour leurs opérations de mailing que le laser. Question de
culture technologique.
Le jet d'encre à rangées multiples
Aprion a mis au point une technologie légèrement
différente et qui exploite au maximum toutes les capacités du jet d'encre.
Baptisée Magic, elle est basée sur des têtes de jet d'encre en construction
multicouche, chacune d'entre elles atteignant quelques millimètres d'épaisseur.
Elles s'adaptent également à des dimensions d'impression très variables. Le
tout avec des coûts très réduits en matière d'encres, une vitesse d'impression
élevée et la possibilité de traiter aussi bien de courts tirages que de gros
volumes. La technologie est pour l'instant exploitée sur le marché des livres à
la demande vendus sur Internet (BookNets) et des revêtements muraux. D'ici un
an ou deux ans, le constructeur estime qu'il sera prêt pour attaquer le marché
de l'impression numérique, et tout spécifiquement des courts tirages
personnalisés. Si ce procédé remplit toutes ses promesses, il devrait
bouleverser le marché de l'impression numérique, en le rendant accessible à un
maximum de donneurs d'ordres grâce à des coûts devenus enfin abordables.