Nouveaux prescripteurs
Thierry Fages, fondateur de One to One Management, une société de conseil
et formation au marketing one-to-one, note que les industriels sont souvent
absents des grands projets de CRM. Pour lui, cela est dû en partie à
l'apparition de nouveaux acteurs dans le domaine des systèmes d'information
marketing, les grands cabinets de conseil. « Jusqu'à la fin des années 90, les
prescripteurs historiques étaient les agences de marketing direct ou les
prestataires de services informatiques et, marginalement, les cabinets de
conseil, retrace-t-il. Mais ceux-ci ont élargi leurs prestations vers la
relation client. Et ils abordent ce domaine après avoir participé activement à
l'implantation des logiciels d'ERP dans les grandes entreprises. » L'échelle
des prestations n'est plus la même. Là ou l'on raisonnait en centaines ou en
milliers de francs, avec les progiciels de gestion intégrés, c'est désormais en
millions de francs qu'il faut parler. Des montants élevés, des risques plus
grands, des délais de mise en oeuvre plus importants. Tout cela retarde la mise
en oeuvre d'une base de données marketing. « Je te SAP et tu seras Siebel que
nous mourrons ensemble », ironise Thierry Fages. Les clients sont pieds et
poings liés avec des fournisseurs de solutions très complexes et les
entreprises ont rarement les compétences en interne pour y faire face. Pour
lui, le fait d'avoir amalgamé le CRM et les ERP est un frein au développement
d'un système d'information marketing. « C'est comme construire une ville en une
seule fois. Et, au fond, quand on parle de relation client, est-il vraiment
indispensable de communiquer en temps réel et que tous les canaux soient en
ligne, en temps réel ? Sachant qu'un différé de 24 heures implique des
investissements quatre fois moins importants. Certains canaux doivent être en
ligne, d'autre pas. Les ERP ne sont pas le passage obligé vers la relation
client. » De fait, et ce, sans remettre en question la culture des cabinets de
conseil, on peut remarquer que leurs consultants sont rarement experts en
matière de marketing direct. Ils ont en tout cas moins d'expérience sur ce
sujet que des prestataires qui traitent de bases de données marketing depuis
plus de vingt ans. Thierry Fages pointe des dysfonctionnements étonnants, en
matière de programme de fidélisation notamment. « Certains programmes
distribuent un tel nombre de primes, explique-t-il, que si tous les porteurs de
cartes demandaient la transformation de ces coupons, la somme représenterait un
grande part du chiffre d'affaires de la société... » Un système d'alerte et de
surveillance manquerait visiblement à ces programmes...
VÉRIFIER L'INFORMATION
Un son de cloche auquel fait écho Denis
Bied-Charreton, directeur marketing services chez Experian. « Les grandes
entreprises s'interrogent sur l'avenir de leurs bases de données propriétaires,
souligne-t-il. Elles ont coûté beaucoup d'argent : pour les constituer et les
faire vivre. Et maintenant, la question se pose : pour quoi faire ? Les clients
achètent-ils plus ? Quel est le retour sur investissement ? Et, quand on tente
de le calculer, on est très déçu. C'est douloureux ! » De fait, on a habitué
les clients à recevoir des coupons de réduction ou des mailings de plus en plus
personnalisés. Et maintenant, on ne peut plus arrêter. Certaines bases de
données servent à gérer des programmes de fidélité portant sur des millions de
clients. « Les consommateurs sont habitués à être gratifiés et l'on ne peut pas
arrêter le programme sans prendre un risque marketing et commercial »,
ajoute-t-il. Quand un programme marche, il coûte de plus en plus cher. Se pose
alors la question de la pérennité de ce type d'investissement. A ce constat
pessimiste, on peut mettre en avant le fait qu'Internet permet de récupérer des
informations sur les clients à moindre coût. « Il faut cependant se méfier du
caractère déclaratif des données récupérées sur le Web, ajoute Denis
Bied-Charreton. On y trouve des masses d'informations, tant en volume qu'en
nombre d'individus, mais ces informations sont elles exactes ? Il faut un
système de contrôle de la cohérence des déclarations. » Ce système est proposé
par Experian, sous le nom de "e-series", un service on line permettant à un
site marchand de vérifier si l'information communiquée par l'internaute est
fiable, qu'il existe et paie réellement ce qu'il a commandé. « Les bases de
données vont s'enrichir par l'apport d'Internet, constate-t-il. Mais, de même
qu'avec les bases de données composées de réponses à des questionnaires, il
faut que l'information collectée soit fiable. Et le risque est encore plus
grand avec le Web, car une réponse écrite est, pour des raisons culturelles,
plus fiable qu'une réponse collectée sur le Net. Internet se prête au jeu. »
L'offre e-series permet notamment de vérifier immédiatement si une adresse
remplie sur un questionnaire internet existe réellement, et correspond au nom
donné. Denis Bied-Charreton ne remet pas en question le rôle des bases de
données comportementales. « Elles sont utiles pour le ciblage. Un acheteur de
Coca-Cola, enregistré il y a quatre ans, restera en tout cas un buveur de cola.
Mais l'on n'arrive pas à augmenter leur taille et à les actualiser. Or, leur
richesse, c'est le développement. » Optimiste, cependant, il pense qu'avec un
bon business plan dans le temps, une entreprise peut développer une base de
données clients efficiente et peu coûteuse, à partir du moment où elle
réfléchit auparavant à ce qu'elle recherche et qu'elle la destine à des actions
marketing élémentaires mais efficaces. « A l'opposé de la tendance que l'on a
vue, il y a quelques années, ce que l'on recherche, c'est moins le volume que
la qualité des informations récoltées. » Cette tendance devrait favoriser
l'émergence de bases de données marketing mutualisées entre plusieurs
annonceurs complémentaires, voire entre fournisseurs et distributeurs sur des
problématiques ou des gammes de produits. Selon lui, « les enjeux sont les
mêmes entre distributeurs et fabricants. On ne cherche plus l'exclusivité mais
à comprendre le comportement du client. » De fait, on voit se développer des
bases de données courtes mais très ciblées. « Les bases de données généralistes
sont intéressantes, mais elles deviennent ingérables, précise-t-il. On ne peut
pas tout savoir sur tout, ça coûte trop cher ! »
BASES DE DONNÉES CIBLÉES
« En matière de bases de données business to business, on
assiste à un double phénomène, commente Patrick Visier, président de DPV
Business. D'une part, un mouvement vers l'exhaustivité, avec des bases couplées
avec celle de l'Insee notamment. Et d'autre part, une tendance à la
spécialisation. » De fait, on voit apparaître de plus en plus de bases de
données montées à partir des données de certains annonceurs. DPV en
commercialise un certain nombre, à partir des données contenues dans sa base
centrale, croisées avec celles d'acteurs sur des marchés spécifiques. On citera
Cibl'Commerciale, regroupant les dirigeants commerciaux des entreprises
françaises, Cibl'Informatique, contenant les responsables informatiques des
principales entreprises françaises, Cibl'Marcom, regroupant les décisionnaires
marketing et communication, ou encore Cibl'VPC, sur les décisionnaires de la
VPC. Ces fichiers sont mis à jour régulièrement par télémarketing. Certaines
bases de données servent également à valider ou mettre à jour des bases de
données internes. ConsoLists propose une offre de validation téléphonique. « En
confrontant un fichier avec notre fichier de validation téléphonique, on arrive
à multiplier par 2 à 4 fois les remontées d'un mailing en prospection »,
indique Jean Grare, patron de ConsoLists. En outre, cette société se spécialise
dans la mise à disposition de bases de données sur des micro-marchés. « Nous
disposons notamment d'un fichier de 25 000 adresses pour le nettoyage haut de
gamme chez les particuliers », précise-t-il. Il dispose également en
exclusivité de "Généreux", un fichier contenant 500 000 donateurs actifs en
matière de caritatif. Mais aussi de "Naissances", celui des 380 00 enfants de 0
à 3 ans, de "Junior", les 900 000 enfants de 3 à 8 ans et "Top Seniors", celui
des 120 000 seniors à haut revenus.
ACCÈS PAR INTERNET
La société CompuBase, quant à elle, s'est spécialisée dans les bases de
données sur le monde informatique en B to B. « Nos clients, déclare Jack
Mandard, son P-dg, sont les professionnels des technologies de l'information
qui cherchent à développer leur réseau de distribution. Notre base de données
porte sur 250 000 entreprises européennes du secteur de la haute technologie,
pour environ 20 000 en France. C'est la première base de données de ce type en
Europe comme en France. » Cette société dispose d'ailleurs de filiales en
Grande-Bretagne et en Allemagne. Pour récolter ces adresses, CompuBase a
recours à un questionnaire papier, à des fax, des courriers, du télémarketing,
le tout, de son cru. Dans ce secteur effervescent, 25 % des adresse sont
obsolètes après un an. « Soit les sociétés disparaissent, soit elles sont
absorbées ou déménagent, précise Jack Mandard. CompuBase dispose d'outils
spécifiques pour la mettre à jour en permanence. Les nomenclatures de
l'industrie évoluent. Les activités, les compétences, les types et les marques
des produits, même les services voire les fonctions se transforment. L'outil
informatique permet d'ajouter une activité à la base, en temps réel, sans pour
autant en perturber le fonctionnement. » Cette fonctionnalité est
indispensable, sachant que 20 % des contacts nominatifs évoluent chaque année
et que 75 % de la valeur informative de la base change d'une année sur l'autre.
Les clients ont accès à la base de données par Internet. « Bientôt, ils
pourront opérer des extractions par le même truchement », poursuit Jack
Mandard. Pour lui, ne pas entretenir une base de données a un coût. Soit
l'efficacité commerciale se réduit, soit il faut investir dans des mises à
jour. « Quelle que soit la solution choisie, cela coûtera de l'argent. En
sous-traitant cette fonction, on ne dépense que des frais fixes, avec la
garantie d'un potentiel commercial. Si une société a disparu, elle sera
renseignée dans notre base, car elle est mise à jour mensuellement. » CompuBase
est commercialisée selon deux formules. Soit par abonnement aux mises à jour ;
le client bénéficie alors d'un accès personnel sur sa cible complète. Ou bien,
sous la forme d'achat de crédits ; l'achat de points donnant accès à CompuBase
selon le nombre de crédits acquis. 400 crédits, par exemple, permettent de
consulter et extraire 400 fiches de sociétés complètes. Profitant de cette
expertise en matière de nouvelles technologies, CompuBase vient de lancer
NetGenData, une base de données recoupant en partie CompuBase et portant sur
les sociétés qui vivent par et pour le Web. C'est-à-dire les sites, les
financiers, les sociétés d'arts graphiques. Une base qui comporte d'autres
données que CompuBase ; Château on line, par exemple, vit par le Web, mais
n'est pas une société informatique. Les sources, ce sont des fiches de
visiteurs dans des salons, des fournisseurs ou encore une observation attentive
du Web. Ce fichier est commercialisé, dans un premier temps, auprès des grands
constructeurs informatiques qui ont participé à son élaboration et qui
disposent du plus haut niveau d'information à un prix inférieur à celui qui
sera pratiqué dès janvier, lorsque cette base de données sera vendue sous la
forme d'un package avec plusieurs niveaux d'accès. « En janvier, nous
disposerons d'environ 2 500 adresses de sociétés, précise Jack Mandard, dont 50
% font partie du secteur des télécoms, le reste étant constitué par les
sociétés dotcom. »
CONSODATA SUR TOUS LES FRONTS
Quant
aux éditeurs de mégabases de données, ils ont pris au sérieux les critiques
concernant la fiabilité des données déclaratives, la non-exhaustivité de leurs
bases et les retards de mise à jour. Chez Consodata, c'est tout d'abord avec le
rachat de la SSII BCA que la réponse a commencé à venir. BCA permet de
développer une offre portant sur les études comportementales, à partir des
typologies Téléstyles développées depuis le fichier de France Télécom. BCA est
également spécialisée dans les études de scoring. « BCA nous apporte la
rigueur, indique Pierre Le Manh, directeur général de Consodata. Cette société
a une expérience unique du métier. Elle va prendre en charge la partie scoring
et statistiques de Consodata. Et proposer des solutions de traitement
informatiques de fichiers : hébergement, normalisation, déduplication... » Et
dans la corbeille de mariage, il y a également le fichier France Télécom, ce
qui permet de proposer une base de données comportant 20 millions de foyers,
dont une partie, 3 millions - la base de données historique de Consodata - est
ultra-qualifiée. Le moyen aussi de vérifier la base de données comportementales
en la comparant avec le fichier des déménagés. Ce qui permet à Pierre Le Manh
de répondre aux critiques sur la fiabilité des données déclaratives : « Les
gens mentent quand ils ont intérêt à mentir. Quand ils adhèrent à un programme,
ils mentent peu. Lorsque nos clients comparent nos données avec celles des
panels, nos données sont cohérentes. En outre, nous vérifions nos données, nous
faisons des tests, en changeant l'ordre des questions notamment. Consodata n'a
pas l'exclusivité des outils de marketing direct. Notre travail, c'est de
fournir les moyens pour fidéliser les clients à grande échelle, à un coût
acceptable. » Aujourd'hui, l'activité principale de Consodata consiste à
collecter des données détaillées et qualifiées, et à commercialiser ces données
soit scorées, soit qualifiées en prenant en compte la base de données Consodata
ou France Télécom. A cela s'ajoute aussi une activité de broker, à la suite du
rachat de la société Médiaprisme. « Une activité totalement indépendante de
Consodata », précise Pierre Le Manh. Consodata développe également des
activités internet. Ainsi, avec le programme Yoptin, la collecte de données
consommateurs en partenariat sur des sites, Consodata disposerait déjà d'un
million d'adresses e-mail sur l'Europe. « Le coût du contact client est
nettement inférieur à celui généré par une bannière publicitaire ciblée, tient
à préciser Le Manh, mais nous contrôlons les messages envoyés vers les
internautes. Si un annonceur partenaire utilise ces adresses, il ne peut le
faire que sur ses propres données, dans un cadre précis. » Consodata développe
aussi une technologie, en partenariat avec la société Cabestan. « Il s'agit
d'un outil d'envoi de mails ciblés regroupant les consommateurs par probabilité
de comportement. » Consodata a également pris une participation majoritaire
dans Datatrader. Avec comme objectif de développer sur le site oh my deal.com,
un programme de fidélisation. En quelque sorte, la réplication en ligne du
couponning classique. « Une offre comparable au Conso Club, précise Pierre Le
Manh. C'est-à-dire la mutualisation sur Internet d'offres promotionnelles. »
Dernier projet en date, un service permettant le croisement d'informations
médias et hors-médias. Le but est de savoir à quoi est sensible une cible
définie. Ce qui permettra, par exemple, de savoir quel vecteur de communication
est le plus utilisé par les possesseurs de PEA (Plan d'épargne en actions) :
centre d'appels ou mailing ? Ou encore de savoir si le sponsoring est efficace
en fonction des populations ciblées.
CIBLAGE SUR 2 000 HABITANTS
Pour le pionnier en matière de mégabase en France,
Claritas, la base de données comportementales reste au coeur de son offre. Les
services de cartographie, apportés après l'acquisition d'ADDE, permettent de
compléter l'offre de géomarketing. Claritas a également développé en France, et
suite à l'acquisition d'Axis Conseil, la méthodologie de segmentation, Prizm,
construite à partir du croisement des fichiers France Télécom, pour le
référentiel des voies et adresses et le fichier nominatif des abonnés au
téléphone, Insee, pour les données sociodémographiques et SCRL pour
l'environnement professionnel. Elle propose 53 profils distincts représentant
l'ensemble des ménages français. « Ceux qui habitent une même région se
ressemblent. En connaissant leur adresse, on peut en déduire des données
sociodémographiques, indique Michiel Vermeulen, P-dg de Claritas. Cette
segmentation permet à Claritas de proposer deux approches complémentaires.
L'une, hyperqualifiée, portant sur les analyses par variables de comportement
observées dans les 4 millions d'adresses de notre base de données. L'autre,
avec les typologies Prizm, permettant ciblage et analyses par profils de
comportement sur les 19 millions d'adresses France Télécom. » Pour les
segmentations encore plus fines, Claritas propose Prizmup, une méthode
permettant d'optimiser la qualification des adresses. Destiné à identifier les
zones géographiques à fort potentiel, Prizmup permet de projeter les cibles sur
des zones géographiques d'environ 5 000 habitants. Et, lorsque l'IGN mettra sur
le marché ses Iris 2000, Prizmup pourra agir à un niveau encore plus fin, à
savoir des zones géographiques de 2 000 habitants. « Le but, c'est d'arriver à
déterminer des typologies Prizm au niveau de l'immeuble et bientôt à celui du
foyer », déclare Michiel Vermeulen. Michiel Vermeulen estime, par ailleurs,
que le marché de la commercialisation des données issues des mégabases va
continuer de croître. « De plus en plus d'annonceurs ont besoin de données
individuelles. Le problème, c'est que nous distribuons des millions de
questionnaires, et que les remontées sont de moins en moins bonnes. » Internet
peut-il être un des moyens de récupérer des adresses ? « Nous pensons aux
adresses postales et non pas e-mail, sources de trop nombreuses erreurs »,
estime-t-il. Pour ce faire, Claritas a porté sur Internet le service Twin Base.
A l'origine, ce service permettait, grâce à un partenariat entre un annonceur
et Claritas, de glisser des questionnaires dans le packaging des produits.
Transposé sur le Net, Twin Base On Line est fondé sur un partage de
l'information et des coûts. Alternative ou complément au questionnaire papier,
Twin Base on line invite les consommateurs à enregistrer leur achat sur
Internet en se connectant au site web de l'annonceur. Là, un bouton placé sur
la page d'accueil du site amène l'internaute sur un texte d'introduction au
questionnaire. Pour inciter les consommateurs à répondre, Claritas met en jeu
50 000 F attribués par tirage au sort. En outre, Claritas prend en charge la
création du questionnaire et des pages web, met en place la gestion de la base
de données, normalise les adresses et restitue les données à l'annonceur au
format de son choix. Déjà mis en place avec Le Creuset, Twin Base On Line est
également en ligne sur le site de Philips Mobile Phone. Tout acheteur de
téléphone mobile Philips sera invité, dans le manuel d'utilisation, à aller
visiter le site web sur lequel une bannière lui demandera d'enregistrer l'achat
de son téléphone mobile. Claritas commercialise également les produits de la
gamme ADDE. Avec le DatamapStore, il s'agit d'un véritable magasin en ligne,
qui permet aux internautes d'acheter des cartes et bientôt des adresses on
line. « Ce site est destiné à des petits clients, précise Michiel Vermeulen. Un
garagiste qui veut connaître sa zone de chalandise, par exemple. Il a seulement
besoin de quelques milliers d'adresses ou d'une carte de sa zone. » Base de
données marketing ou système d'information marketing ? Aujourd'hui, la question
ne se pose plus vraiment. La base de données marketing est au coeur de la
relation client. Et celle-ci a le vent en poupe ! Reste, cependant, quelques
points clés à régler sous peine de faire le tour des déconvenues. Savoir dès la
constitution du système quelles données doivent être collectées, et prendre en
compte le fait qu'il faut surdimensionner le système lorsque l'on souhaite
collecter des données sur Internet ou procéder à des opérations par ce biais.
Mais surtout, il faut savoir s'adresser à des professionnels du secteur.
Systèmes d'information marketing : aide au choix
Si la plupart des entreprises ont pris conscience de l'importance du système d'information marketing dans leurs stratégie, reste que l'offre en matière d'outils est pléthorique. Elles ont besoin de conseils en matière de choix de prestataires. La société NuData.crm, dirigée par Michel Frachat, veut les aider en matière de choix de système d'information. « Nous proposons de les aider en nous engageant sur l'enveloppe budgétaire, les résultats qualitatifs et la qualité de service », déclare-t-il. Pour ce faire, et pour rester indépendant, NuData.crm dispose d'une base de connaissances sur les outils et les offres du marché en matière de relation client. Cette base porte aussi bien sur les logiciels de BDDM que sur 70 prestataires et éditeurs. Lorsqu'une société fait appel à NuData.crm, celle-ci élabore l'appel d'offres. La base de connaissances est sollicitée afin d'élaborer une préliste décrivant les prestataires aptes à répondre. En retour à l'appel d'offres, les sociétés sont notées en fonction d'une méthodologie de certification, "Data Label", prenant en compte des critères objectifs - assise financière, technologie, quantité et qualité des ingénieurs informatiques, pérennité des procédures - mais aussi des critères relatifs - contexte présent et à venir, disponibilité exacte des ressources, expérience du marché, etc. « Nous auditons ceux qui ont reçu les meilleures notes. Sachant qu'un prestataire n'est jamais certifié définitivement », précise Michel Frachat. Sa société peut gérer des offres simples, le choix d'un logiciel commercial par exemple, mais aussi prendre en charge la refonte complète d'un système d'informations marketing. Tel celui de SCA (marques Libra et Tena) qui a choisi NuData.crm pour constituer son système d'information marketing, base de données et call center pour les pays d'Europe du Sud (France, Espagne, Italie, Portugal). Un gros chantier qui a nécessité six mois d'audit, la visite des centres d'appels locaux et des fournisseurs locaux pour aboutir à une base de données désormais centralisée. Michel Frachat met en avant l'importance de la qualité de service. « Il vaut mieux parler aux annonceurs de temps de traitement homme plutôt que de temps de traitement machine », estime-t-il. Avec un bémol cependant : « Les compétences sont limitées dans le domaine du CRM. Nous avons un réel problème de recrutement. Il existe un flou artistique de plus en plus grand au niveau de l'offre en matière de compétences. En ce sens, notre indépendance nous permet de rendre service aux prestataires en pointant leurs carences. »
Family Service : une base de données pré et postnatale
Family Service Cadeaux Naissance s'est spécialisé dans les activités autour de la famille. « Nous avons trois axes de communication, explique François Legat, directeur commercial. Le prénatal, le natal et le postnatal. » Le recrutement des adresses s'effectue tout d'abord dans les maternités. En consultation pour le prénatal : un dossier, la "Boîte Bleue", comprenant un guide de la maternité et différents documents d'annonceurs, tels le magazine Parents, ou encore le consumer de Danone, Danoé, est remis à la future maman. Si elle veut recevoir, à la naissance de l'enfant la "Boîte Rose", comportant livrets et échantillons Pampers, Lotus, Dove ou Blédina, elle doit remplir un questionnaire. Cette boîte lui sera délivrée à la maternité. A tous les stades clés de l'enfant, 3 mois, 6 mois, un an, une boîte correspondant à ces périodes lui sera envoyée. Ce recrutement d'adresses dure depuis 1993. Aujourd'hui, Cadeaux Naissance dispose donc d'une base de données dont les premiers arrivés sont des enfants qui ont 7 ans. Cette base, en location, couvre deux identifications : Baby Data, qui porte sur des enfants jusqu'à 24 mois. Et Kid Data, qui comporte les adresses au-delà de cet âge, jusqu'à 7 ans donc. Cette base de données qui, au départ, ne comportait que des adresses, des noms et des dates de naissance, a évolué avec l'apport de données socioculturelles et relatives à l'équipement du foyer. Cependant, complète François Legat, « nous avons un tel taux de recrutement - en 2000, 645 000 Boîtes Bleues auront été distribuées sur un potentiel de 750 000 - que toute modification du questionnaire a une incidence sur les retours. » Family Service ne travaille pas uniquement avec des annonceurs classiques du natal. Pour preuve, cette opération pour Center Parcs, qui a consisté en une extraction d'adresses d'enfants non scolarisés, afin de solliciter leurs parents pour une offre de séjour, hors période scolaire. La base de données est hébergée chez Experian, ce qui permet de pratiquer des extractions géomarketing. La société intervient également en termes de conseil. Et peut proposer à certaines enseignes des adresses liées à un univers jeune enfant dans la zone de chalandise correspondant à ses magasins. Une base de données bien renseignée, même si les adresses prénatales ont une durée de vie limitée. « Les adresses prénatales sont moins fiables que les adresses natales. On ne connaît pas la date de naissance exacte, ni le nom de l'enfant », précise François Legat. Pour les adresses des enfants entre 2 et 5/7 ans, celles-ci sont validées par le fichier des déménagés Estocade de La Poste. Résultat : moins de 2 % de NPAI.
Procréa Datamind : une BDDM, ce sont des briques et des objets
« Un système d'information marketing, à quoi ça sert ? A capturer de l'information permettant de connaître le consommateur pour le cibler et lui vendre un produit adapté. » Pour Patrick Rousseau, directeur des systèmes d'information de Procréa Datamind, on ne donne pas au consommateur ce qu'il demande. Pourquoi ? Parce que ceux qui proposent des outils pour gérer la relation client le font d'une façon parcellaire. « Pire, ces outils sont tellement compliqués à mettre en oeuvre, que leur simple assemblage n'est pas rentable. » La faute à qui ? A ceux qui prétendent connaître le problème et qui confondent gestion courante et gestion du décisionnel et du marketing. Dans la gestion courante, comptabilité, facturation, paye, le cycle de vie des systèmes d'informations est long, entre 5 à 10 ans. Les règles de gestion sont prédéfinies. Dans le décisionnel, ce cycle de vie est court. Les demandes sont fonction d'un marché mouvant. « Les règles de gestion ne sont pas prédéterminées, alors que les systèmes sont souvent figés, signale Patrick Rousseau. Les outils du marché ne sont pas adaptés à une démarche itérative. L'homme de marketing tâtonne, cherche, il ne suit pas une conduite définie à l'avance. » Procréa Datamind propose une démarche s'appuyant sur le système d'information existant. Sa solution repose sur des briques métier qui s'intègrent naturellement dans le système d'information. Ces briques sont développées autour des standards du marché : Data Stage, un moteur de déduplication, pour gérer les flux industrialisés, la base de données Oracle V8i et les logiciels de statistiques SPSS et Alice. Peu satisfait par les requêteurs proposés habituellement, Datamind a développé le sien : Free Query, conçu à partir du logiciel Full Index d'Infoxia. « Il permet de faire des comptages sur des données élémentaires, quel que soit le volume de données, sans précomptage, et surtout, sans travailler sur des données agrégées », ajoute Patrick Rousseau. Datamind, qui n'a qu'un an d'existence, a déjà été choisi par Contrex, le groupe André et Thomson Multimédia. Pour conquérir ces marchés, Datamind mise sur une très grande rapidité d'implantation pour des investissements peu importants. « En deux mois, le système est mis en place chez le client, précise Patrick Rousseau. Les produits sont loués et les licences sont peu dispendieuses. Nous sommes payés en fonction des retours. Ce qui nous différencie, c'est que nous voulons faire disparaître la notion de grand projet. »