Marketing services : une expertise revendiquée
Réagencement en vue. Petites ou grandes, plusieurs agences de marketing relationnel se repositionnent. Que ce soit pour s'adapter aux besoins du marché et des annonceurs ou pour coller à une stratégie de réseau, les problématiques sont diverses. État des lieux d'un paysage en mutation.
Intégration. Depuis quelques années déjà, le mot est à la bouche de
nombreux directeurs d'agences de marketing services. Mais ces dernières
semaines, le mouvement s'est accéléré avec l'apparition de nouveaux logos, des
changements de noms, des alliances et des partenariats visant à rendre les
acteurs plus forts, plus intégrés, plus spécialistes, plus cohérents sur un
marché en perpétuelle mutation. Les annonceurs, toujours plus exigeants,
réclament aux agences davantage de transversalité au sein de leur offre de
services, afin de pouvoir soutenir de façon optimale des campagnes multicanal
qui se compliquent et nécessitent l'entrée en piste d'experts qualifiés, rompus
aux différentes approches de communication. Bien sûr, l'appartenance d'une
agence à un groupe international ou européen guide ses ambitions, mais d'autres
agences de taille plus modeste cherchent aussi à intégrer cette tendance lourde
dans leur mode de fonctionnement. Les challengers C'est le groupe HighCo qui
ouvre le bal avec la réorganisation de l'agence de marketing services K agency
rebaptisée K agency 360.HighCo. Une appellation plus explicite pour une vision
stratégique à 360° des dispositifs opérationnels et relationnels. « Les
réponses actuelles des groupes ou agences sont souvent partielles avec un
cloisonnement des solutions par métier. Le modèle de l'agence permet de
proposer une vision globale qui a démontré son efficacité auprès de nos clients
», justifie Catherine Michaud, président de K agency 360. HighCo. De fait,
l'agence met au service des annonceurs ses experts par entité : K Marketing
Opérationnel et Relationnel, K Publishing, K Interactif, K Public Relations, K
Motivation et K Event. « Nous sommes face à un paradoxe, note Catherine
Michaud. D'un côté, les annonceurs veulent être rassurés en confiant leur
budget à des agences solides et fiables et, d'un autre côté, ils veulent de la
créativité et de l'effervescence. » D'où une signature en accord avec cette
attente : “La puissance d'une grande, l'agilité en plus”. Pour respecter cet
engagement, l'agence, nouvellement installée dans le IXe arrondissement
parisien, a mis en place une organisation ad hoc. Des entités courtes (moins de
40 personnes) avec un manager senior, expert dans son métier, pour du conseil
de haut niveau. Mais aussi un respect de leur autonomie sur la gestion de leur
portefeuille client. « Ce qui va changer demain, poursuit son président, c'est
que nous allons pouvoir viser deux catégories d'annonceurs : ceux qui veulent
garder la main sur leur budget en gérant en direct une ou plusieurs entités.
Dans ce cas, ils sont en contact avec plusieurs agences du groupe. Et ceux qui
nous délèguent à 100 % leur mission. » Dans ce dernier cas, le coordinateur est
le garant de la bonne exécution de l'ensemble du dispositif (y compris du
modèle économique). A l'appui de cette nouvelle organisation, l'agence entend
faire la différence en compétition, notamment auprès des secteurs fortement
concurrentiels, tels que la téléphonie (les FAI) ou la banque-assurance. «
Déjà, nos clients sont familiarisés avec notre nouvelle appellation et nous ont
rebaptisé K360 », note, satisfaite, Catherine Michaud. Autre agence à changer
de nom, Grrrey ! qui devient G2 Paris. Pour cette filiale du groupe anglais
WPP, cette nouvelle dénonimation intervient dans le cadre d'une harmonisation
du réseau, pour un plus grand rayonnement à l'international. L'agence qui,
depuis 2002, n'a cessé d'intégrer de nouveaux métiers (publicité, marketing
opérationnel et relationnel, interactivité et édition), s'ouvre à deux autres
expertises : le shopper marketing (marketing du point de vente) et le design. «
Nous revendiquons, ainsi, notre appartenance à une entité G2 Worlwide. L'idée
est d'aller plus loin sur les fondamentaux consistant à régler toutes les
problématiques de l'entreprise cliente », indique Philippe Ceyrac, président de
G2 Paris. « En nous appuyant sur un réseau important, nous souhaitons passer
d'une position de challenger à celle de leader. G2 Paris, c'est Grrrey ! à la
puissance 2, avec, à la clé, les meilleurs clients interactifs du marketing
relationnel. Aujourd'hui, être international et intégré apporte quelque chose
au marché français », analyse, modestement, Benoît Héry, autre associé de
l'agence boulonnaise. G2 Paris souhaite concurrencer ses partenaires sur son
expertise du local avec une dimension internationale. Elle entend gérer des
campagnes “en team”, avec les différentes agences du réseau, tout en conservant
“la patte du mouton”. Les outsiders Avec seulement 30 collaborateurs, Saturne,
(une branche du groupe Delami) est une agence de taille plus modeste. Jusqu'à
présent spécialisée dans l'événementiel, elle joue également la carte de la
transversalité. « La tendance est clairement à la mutualisation des offres et à
la restructuration autour d'une agence de marketing services qui est en mesure
de fusionner le “off” (mailing, marketing opérationnel…) et le “on” (marketing
interactif et viral…) », explique Hervé Lamigeon, son président fondateur. Un
véritable tournant que Saturne prend en devenant “agence conseil en marketing
services” dès le début du mois. L'agence intègre ainsi six domaines d'expertise
garantissant aux clients une solution adaptée. Un nouveau logo et une nouvelle
base-line positionnent l'agence : “Au-delà de l'expérience marketing,
réinventer la rencontre” (la relation client). L'agence compte prospecter le
secteur de la beauté (après avoir décroché cet été une partie du marketing
relationnel de Sephora) et capitaliser sur ses clients historiques (les
constructeurs automobiles, et notamment Ford). Dans une logique de partenariat
plus que de fusion, Nurun (Quebecor Media), spécialisée dans le conseil en
stratégie digitale, s'allie à ETO pour « aller chercher de nouveaux budgets
grâce à une double expertise sur le marketing relationnel, les données et le on
line », expliquent d'une seule voix leurs deux représentants. « Nous avons des
clients communs et une vision similaire de l'évolution du marketing relationnel
», justifie Antoine Pabst, p-dg Europe de Nurun. Pourquoi ne pas proposer une
offre globale en alliant deux savoirfaire ?, se sont interrogés les deux
associés, après une analyse précise du marché. « ETO maîtrise l'information
client, Nurun capitalise sur la stratégie digitale, voilà qui devrait plaire
aux annonceurs », précise Yann Claeyssen, directeur pôle agence d'ETO.