La boucle locale radio en stand-by
Cette technologie devait bouleverser l'accès à Internet. Trois ans après son apparition, on ne peut pas dire que la BLR soit un succès. En attendant les décisions de l'ART, le point sur une technique qui n'arrive pas à décoller.
Je m'abonne
Parmi les technologies existantes pour accéder à l'Internet, la boucle
locale radio (BLR) a beaucoup fait parler d'elle ces derniers mois. Il s'agit
d'une technologie sans fil qui consiste à raccorder par voie hertzienne à un
point d'accès du réseau Internet des abonnés fixes équipés d'une antenne.
Débuté fin 2000, le déploiement de ces réseaux a commencé dans 17 régions
françaises. Près de deux cents stations de base ont été installées par sept
opérateurs différents dans une trentaine d'unités urbaines françaises. Deux
opérateurs, Fortel et FirstMark, possèdent une licence nationale (LD Com devant
en rendre une lors du 3e trimestre 2002). Selon l'ART (Autorité de Régulation
des Télécommunications, qui délivre les licences), environ un millier de
clients professionnels et entreprises ont aujourd'hui recours à la boucle
locale radio. Chiffre fort éloigné des prévisions des cabinets d'études qui
évoquaient des centaines de milliers de sociétés alléchées par cette nouvelle
technologi... Les résultats ne sont définitivement pas à la hauteur des
attentes. Lors de l'attribution des licences nationales et régionales en
juillet 2000, une foule d'opérateurs se déclaraient intéressés par cette
technologie leur permettant de s'affranchir du réseau filaire et donc de
"squeezer" France Télécom. Aujourd'hui, on ne recense plus qu'une poignée
d'opérateurs, dont trois, Squadran (ex-Fortel), Belgacom France et FirstMark,
le plus important en nombre d'abonnés, appartiennent au même groupe, en
l'occurrence LD Com. Bref, avec une situation de quasi-monopole d'un des
opérateurs et une part de marché ridicule (1,1 % du marché de la boucle locale
haut débit fin 2001, selon le cabinet Cesmo), la BLR n'a pas tenu ses
promesses, loin de là.
Déjà une nouvelle technologie : les RLAN
D'autant plus que les autres acteurs se sont révélés
défaillants. En effet, l'ART a mis en demeure l'opérateur XTS Networks de
respecter ses promesses de déploiement. Par ailleurs, Landtel France est en
redressement judiciaire, Broadnet France a été absorbé par Altitude Télécom,
deux filiales de Cegetel (Media Overseas et Cegetel Caraïbes) ont rendu leurs
licences dans les DOM TOM, XTS Networks pourrait les imiter prochainement.
Pourtant, la BLR possède des atouts réels. Un débit jusqu'à 10 Mbits, cinq fois
plus élevé que l'ADSL, une transmission symétrique (même puissance dans les
deux sens up et download), un déploiement simple (une station de base et une
antenne chez le client) et un coût similaire au DSL, mais avec un débit plus
élevé. La BLR n'est pas encore véritablement entrée en service que déjà une
nouvelle technologie se profile : les réseaux locaux sans fil (RLAN). Ils
offrent des services d'accès point à point ou point à multipoint et permettent
des communications sans fil haut débit entre utilisateurs. Composés de micro
cellules, ces réseaux permettent en particulier de proposer des accès à
Internet à haut débit dans des lieux de passage du public ("hot spots"), comme
les gares, les aéroports, etc. Ces débits varient en fonction des technologies
RLAN et peuvent atteindre plusieurs dizaines de Mbit/s à partager sur une micro
cellule. Le déploiement de tels réseaux est encore limité en France, mais à
l'issue d'une consultation publique organisée en 2002, l'ART a engagé une
réflexion réglementaire et technique afin de faciliter la mise en oeuvre de ces
technologies. Sans parler de l'Internet via le réseau électrique. Ces "courants
porteurs" consistent à utiliser le réseau de distribution électrique comme
boucle locale pour accéder à l'abonné. Conclusion : si les technologies
émergentes existent bien, et malgré un potentiel certain, leur emploi à grande
échelle par les entreprises n'est pas encore pour demain.