La Russie, nouveau paradis du marketing direct
Des taux de retour de 13 à 15 %. Des clients qui payent d'avance ou dans les bureaux de Poste. Une base de données de 7 millions d'adresses. Promopost, une entreprise française installée en Russie, spécialisée dans la VAD et le MD, voit l'avenir en dizaines de millions de dollars.
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«Pour moi, la Russie, c'est le pays de la VPC. Un territoire gigantesque,
avec de grandes distances entre les villes, un climat rigoureux et peu de
points de vente, peuplé par des gens cultivés. » Xavier Brandizi, président de
Promopost, une société de VPC et de marketing direct basée à Moscou, ne savait
pas, en arrivant en Russie en décembre 1994 que, un peu plus de six ans plus
tard, il aurait créé un groupe dégageant en 2001 un chiffre d'affaires de 25
millions de dollars. Ancien responsable produits frais des centrales d'achat
Leclerc du sud de la France, il a commencé son expérience russe en tenant un
magasin vendant parfumerie et vêtements. Bien vite, il s'aperçoit que l'une des
plaies de ce pays, ce sont les livraisons. Et décide de se lancer dans la VPC.
Une étude de marché le convainc. Le système postal, bien que lent, est très
fiable, les journaux existent et disposent d'un tirage conséquent. La
publicité, encore embryonnaire, marche. Il monte une petite structure et se
lance dans la vente par correspondance de livres - des romans français et
européens traduits en russe - et de compléments alimentaires. Premier gros
investissement : un fax ! En 1996, la société Pokupki na Dom, qui édite un
catalogue de 4 pages, réalise un chiffre d'affaires de 2 millions de dollars.
Il se souvient : « Nous avons passé un accord avec la Poste russe : soit les
clients payent à l'avance, soit ils reçoivent leurs colis à la Poste contre
remboursement. » Un modèle économique qui semble idéal. Jusqu'en 1998, où une
grave crise financière secoue la Russie. Le cours du rouble s'effondre et,
pire, la Poste qui collecte l'argent - et dispose d'un encours d'un million de
dollars , s'arrête de payer. « Elle a fini par payer, mais pas au même taux. Il
a été divisé par quatre », précise Xavier Brandizi. A la même époque, Xavier
Brandizi rencontre Pascal Clément, un autre Français aventureux qui avait monté
une société de distribution de produits pharmaceutiques et disposait d'un
contrat d'exclusivité avec les laboratoires Yves Ponroy. Les deux entrepreneurs
s'associent en 2000 et décident de fonder le groupe Promopost, composé de
Pokupki na Dom, l'entité VPC, et Promopost, spécialisée dans le fulfillment,
vendant ses services au groupe et à d'autres sociétés.
La technique du "substech"
L'arrivée dans le groupe de Bruno Leproux, un ancien
d'Andersen Consulting, leur permet de monter un business plan et de contacter
des investisseurs. En l'occurrence ING Barings, qui apporte des fonds
immédiatement investis en matériel et en locaux : imprimante Xerox pour la
personnalisation des messages, et entrepôts, avec chaînes de picking.
Aujourd'hui, Pokupki na Dom/Promopost emploie 250 personnes et réalise un
chiffre d'affaires de 25 millions de dollars, avec un objectif pour 2002 de 40
millions de dollars. Pour recruter des adresses - celles de femmes de 35 à 40
ans, le coeur de cible -, Promopost passe par la publicité dans les principaux
magazines féminins russes et la distribution d'un catalogue. En outre, elle
pratique le "substech", une technique de promotion consistant à envoyer des
petits cadeaux par la Poste et à organiser des concours. Résultat : une base de
données de 7 millions d'adresses, dont un million d'actives. La Russie est un
pays neuf en matière de marketing direct et les gens n'ont pas l'habitude de
recevoir du courrier chez eux. « Au début, se souvient Xavier Brandizi, les
gens se demandaient comment nous avions leurs adresses. Ils posaient la
question à la police. » Comme, en plus, la lettre est personnalisée, les taux
de retour sont étonnants : jamais moins de 13 %. Enfin, Promopost a signé un
contrat de partenariat avec la Poste fédérale russe et dispose de deux centres
d'expédition, situés à Moscou et dans la région de Tver, entre Moscou et
Saint-Petersbourg. Promopost, fort de ses résultats encourageants, est à la
recherche de partenaires européens. Premier client : Yves Rocher... Et des
contacts approfondis avec La Redoute.
Le groupe Promopost en bref
Création : 1996. Activité : VPC et fulfillment. Nombre d'employés : 250. Chiffre d'affaires 2001 : 25 millions de dollars. Nombre de documents envoyés par mois : 1 500 000. Nombre de colis envoyés par mois : 150 000. Bureaux : Moscou, Tver (Russie), Paris. Base de données marketing : 7 millions d'adresses.