L' e-commerce célèbre son retour en grâce
Après la digestion de la bulle internet et quelques années de mise à l'épreuve, le commerce électronique et, plus largement, la Net économie ont confirmé leur rôle clé au cœur de la consommation.
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A peine quatre ans après le retournement du marché de 2001, qui avait valu
au commerce électronique une sévère mise au banc, le secteur que l'on croyait
mort-né affiche une santé insolente. Pour la quatrième année consécutive, tous
les indicateurs qui mesurent l'évolution de ce marché, ceux de la Fevad comme
ceux de l'Acsel, s'orientent obstinément à la hausse, pointant des performances
d'autant plus spectaculaires qu'elles s'inscrivaient jusqu'ici dans un contexte
global de croissance molle. Ainsi, en 2004, le commerce électronique français a
enregistré ses meilleurs résultats : ses recettes ont progressé en moyenne de
plus de 60 % (53 % pour la Fevad, 65 % pour l'Acsel). C'est donc un nouveau
record qui fait suite à celui de 2003 (56 % de croissance pour l'Acsel) et
confirme le rôle d'Internet comme vecteur de croissance de toute l'économie.
Petit marché déjà poids lourd de la VAD
Le chiffre d'affaires des
seuls 25 membres du panel Acsel a atteint 2,2 milliards d'euros en 2004, ce
qui, d'après PricewaterhouseCoopers, permet d'estimer le poids du marché total
à 6 milliards d'euros (même estimation pour la Fevad), 7 Mde si l'on ajoute les
services. Certes, c'est encore marginal par rapport au commerce de détail
global, mais cela représente déjà 46 % du chiffre d'affaires de la VAD en
France.
Le e-marchands jubilent.
Et pour cause : le nombre
de Français adeptes de
l'e-shopping n'a jamais cessé de s'amplifier. L'an dernier, 10 millions
d'individus ont eu recours à ce mode d'achat, les temps forts du basculement de
la consommation en ligne coïncidant, encore une fois, avec la période de fin
d'année. Ainsi, au cours du dernier trimestre, les panélistes de l'Acsel
réalisaient 612 ME de chiffre d'affaires contre 377 ME en 2003. Sur le même
rythme, les transactions en ligne se sont envolées, passant de 19 millions en
2003 à 33 millions en 2004. Autre signe de tonicité : la forte progression des
recettes on line des TPE-PME (+ 122 %) et celle, non moins dynamique, des
services en ligne. Désormais, 12 % des transactions boursières passent par
Internet, de même que près de 30 % des crédits à la consommation. Bref, si en
2003 le marché s'interrogeait encore sur l'avenir de cette nouvelle économie,
sur la pertinence et la pérennité de ses modèles marchands, force est de
constater qu'il n'est plus aujourd'hui question d'une remise en cause de ce
secteur devenu locomotive de l'économie globale. Ses principes fondateurs sont
validés, les e-entreprises ont rationalisé leurs pratiques marchandes, de
nombreux freins au développement ont pu être levés, les craintes liées à la
sécurité des achats ont régressé grâce, notamment, au nouveau cadre juridique
apporté par la LCEN. Et c'est dans un climat de confiance générale que
s'accélère silencieusement la démocratisation de
l'e-shopping, à tous les échelons de la société.
Consécration du secteur
« Le mouvement est irréversible, c'est
tout un pan de
l'économie qui bascule sur Internet et tout porte à croire qu'en 2005, le
commerce électronique sera au cœur de la consommation », a déclaré Henri de
Maublanc, le président de l'Acsel, lors de la récente présentation du bilan
e-commerce 2004. Invité d'honneur à cette Assemblée Générale, le ministre de
l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Hervé Gaymard, a apporté
sa caution personnelle à la consécration du secteur.
En félicitant les acteurs
pour leur implication et les résultats jusqu'ici obtenus, le ministre s'est
affirmé « convaincu, ainsi que tous les économistes, de l'enjeu majeur que
constitue l'économie numérique pour la croissance du marché et les emplois ».
Après avoir retracé les étapes clés du chemin parcouru depuis 2002, Hervé
Gaymard a salué l'énergie investie dans la politique de démocratisation rapide
du haut débit qui a permis à la France de connaître la plus forte croissance
d'Europe, passant de 700 000 abonnés en 2002 à plus de 6 millions en 2004.
Pérenniser les acquis
Enfin, le ministre a pris note des propositions faites par l'Acsel afin de
soutenir la poursuite de la croissance.
Il s'agira de faciliter l'accès à Internet auprès des seniors, de soutenir
l'innovation et la recherche par l'assouplissement des conditions d'accès des
PME au label d'entreprise innovante de l'Anvar et par l'amélioration des CIR
(Crédit d'Impôt Recherche) dont le volume pourrait être porté de 5 à 10 %,
selon les propos du ministre. En effet, des efforts restent à accomplir afin de
consolider et pérenniser les acquis.
L'Acsel a également rappelé au ministre la nécessité d'entreprendre, après
l'aménagement numérique des territoires, l'aménagement des territoires
numériques, pour faciliter davantage l'accès des PME aux technologies de
l'information.
Lors de l'Assemblée Générale, Jean-Paul Bailly, président de La Poste, a
souligné que « la croissance du
e-commerce, c'est aussi un défi logistique ». Réaffirmant l'objectif de La
Poste d'être l'opérateur de référence des e-marchands, Jean-Paul Bailly a
indiqué que des efforts seront accomplis en 2005 pour améliorer le taux de
réussite de la première livraison, « enjeu qui passe, en amont, par
l'amélioration du traitement de l'adresse ».
Les politiques viennent tâter… le terrain
Les politiques ont le chic de savoir s'associer aux événements comme aux acteurs capteurs d'intérêt public. Aussi ne doit-on pas s'étonner de les voir multiplier les occasions de
visites des ex-start-up ayant fait leurs preuves pour, en quelque sorte, leur apporter leur caution. Le mois dernier, Hervé Gaymard (encore lui), effectuait une visite des locaux d'Aquarelle. Le voilà suivi, quelques semaines plus tard, par notre Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin in persona. Accompagné de John Chambers, P-dg monde de Cisco, il a visité les locaux de Pixmania (leader européen on line de l'électronique grand public) et félicité ses fondateurs dirigeants pour la hausse de leurs résultats. A qui le tour ?