Hôtellerie : tout à la carte, sans vrai menu
Adepte de longue date des programmes de fidélisation, le monde de l'hôtellerie recense aujourd'hui un nombre important de cartes. Trop important peut-être. A force d'être considérée comme un support obligé, la carte s'est sans doute éloignée de ses objectifs.
Coach Omnium, société d'études et d'analyses spécialisée dans l'hôtellerie,
a mené une étude en 2000 portant sur le développement des cartes de fidélité
dans l'univers de l'hôtellerie. Un univers depuis longtemps perméable aux
programmes de fidélisation développés autour de cartes privatives. En 1994,
Coach Omnium recensait déjà 47 cartes éditées par 37 chaînes hôtelières. En
2000, la société en compte 56 pour 40 enseignes. Premier constat, les cartes et
les programmes de fidélisation qu'elles supportent sont nettement plus
"installés" parmi les enseignes anglo-saxonnes que chez leurs homologues
françaises. Marriott revendique, par exemple, 12 millions d'adhérents à son
système de fidélisation, Bass (Holiday Inn, Inter-Continental), 7 millions de
porteurs, Hyatt, 2,7 millions. Mais les choses évoluent. Selon Coach Omnium,
qui mène des études depuis des années sur la consommation hôtelière, alors
qu'en 1994, seulement 12 chaînes françaises communiquaient avec leurs clients
fidèles, elles étaient, en 2000, 8 sur 10 à le faire. Si le nombre de supports
est impressionnant, il ne convainc pas pour autant les destinataires
potentiels. Seulement 16 % des clients de ces chaînes sont détenteurs d'une à
trois cartes, alors qu'ils sont 40 % à séjourner à l'hôtel au moins une fois
par mois. Pour comparaison, la pénétration des cartes irait de 25 à 32 % dans
l'univers des pétroliers, de l'aérien et des loueurs de voitures. Une
désaffection qui peut s'expliquer, côté consommateurs, par une aspiration
inconditionnelle à la liberté en matière de choix d'enseigne et, côté enseigne,
par la complexité de programmes qui s'apparentent à de vraies usines à gaz.
Selon Coach Omnium, les clients ne veulent plus d'"offres-carottes". De même
qu'ils ne comprennent pas le principe de la carte payante : payer pour devoir
faire valoir leur fidélité leur semble inique. D'autre part, beaucoup
considèrent que ce qui est gratuit ne vaut rien.
Des programmes de fidélisation à plusieurs paliers
La politique des éditeurs de
cartes est variable : si la plupart des cartes recensées par Coach Omnium sont
gratuites, le prix des cartes payantes fluctue de 50 francs (Touriscard
d'Arcandis) à 1 510 francs (Novotel Worldwide). A noter que la valeur numéraire
des cartes n'est pas nécessairement fonction du niveau de gamme de l'enseigne
éditrice : ainsi, les cartes Novotel et Mercure coûtent sensiblement plus cher
que celle de Sofitel, dont le prix se situe même en dessous de celui proposé
par Ibis. Il y a encore quelques années, les chaînes remettaient une carte à
n'importe quel client qui en faisait la demande. Aujourd'hui, l'attribution de
ce type de support est directement conditionnée aux résultats d'analyses et de
segmentation sur le niveau de consommation de la clientèle. Et, dans cette
logique, les enseignes ont peu à peu développé des programmes de fidélisation à
plusieurs paliers. C'est le Cas d'Hilton, Bass, Intercontinental et Starwood.
Le modèle le plus utilisé demeurant le cumul de points ou de nuitées (78,6 %
des programmes), près de 65 % des cartes proposent des offres de service
(accueil VIP, procédures d'accélération dans l'arrivée et le départ...). A
noter que, plus on monte dans le niveau de gamme, plus c'est le modèle d'offres
de service qui prend le dessus sur la capitalisation. Il y a six ans, sur
moins de 50 cartes de fidélité, une petite dizaine étaient dotées d'une piste
magnétique ou d'une mémoire silicone. Aujourd'hui, ces technologies sont
intégrées à un tiers des supports. Au moins 50 % de ces cartes "technologiques"
sont éditées à des fins de constitution et d'alimentation des bases de données
clients. Accor, Marriott, Concorde ou encore Sol Media pratiquent ainsi la
remontée d'information en temps réel ou en temps différé. Autre tendance : le
co-branding. Plus de deux cartes sur trois proposent des avantages auprès de
partenaires, généralement acteurs de l'univers du transport, du tourisme et des
loisirs. Marriott Rewards réunit autour d'une seule carte une vingtaine de
partenaires. Aujourd'hui, plus de 7 cartes sur 10 font l'objet d'une
communication via Internet. Dans la majorité des cas, cette promotion est
assurée sur le site de l'émetteur. Mais les chaînes anglo-saxonnes sont de plus
en plus nombreuses à développer des sites dédiés à leur programme de
fidélisation (Marriott avec marriottrewards.com, Hilton avec hhonors.com...).