Grande distribution : des programmes de fidélité pour quoi faire ?
Les programmes de fidélité n'ont pas d'impact sur les parts de marché des distributeurs. C'est ce qui ressort d'une étude menée par le professeur Lars Meyer-Waarden, de l'Université de Toulouse 3 Paul Sabatier. Pourtant, ce sont les meilleurs clients qui y adhèrent, mieux et plus vite que les autres.
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Que doit-on observer lorsque l'on lance un programme de fidélité en grande
distribution ? Une augmentation de la part de marché, de la pénétration et des
fréquences d'achat, une croissance de l'intensité d'achat et une augmentation
du nombre des gros achats. Comment peut-on l'observer ? Par une accélération
des achats, un accroissement de la consommation, un effet de préférence et
d'auto-sélection. C'est sur ces prémisses que Lars Meyer-Waarden, professeur à
l'Université de Toulouse 3 Paul Sabatier, a mené une étude, présentée par D
l'agence et arvato business intelligence, et prenant pour sources les données
propriétaires d'un spécialiste, pendant trois ans, et celles de BehaviorScan de
MarketingScan.
Quatre stratégies d'achat chez les porteurs de carte
Les résultats sont contrastés et peuvent se résumer à cette
phrase : les hommes du marketing doivent travailler fort pour simplement
garder leur position. En effet, la première constatation est paradoxale. Les
programmes de fidélité n'ont pas d'impact sur les parts de marché. En y
réfléchissant, rien d'anormal à cela. Le but d'un programme de fidélité, c'est
de fidéliser et de retenir les meilleurs clients. Il affecte faiblement les
comportements individuels et n'en renforce que légèrement le taux de
nourriture. Mais il a un effet de sélection prononcé : ce sont les meilleurs
clients qui adhèrent, mieux et plus vite que les autres, au programme. On
respire ! Enfin, l'animation et la gestion des gratifications jouent un rôle
essentiel dans le succès du programme. L'étude a mis en valeur quatre
stratégies d'achat chez les titulaires d'une carte de fidélité. La stratégie
“routinière” privilégie la marque, recherche la nouveauté et les achats
fonctionnels, plutôt planifiés. Mariés avec deux enfants, ce sont des cadres
supérieurs, entre 40 et 60 ans, qui la pratiquent. La recommandation :
renforcer les animations. Les étudiants, célibataires et majoritairement
masculins, pratiquent une stratégie “fonctionnelle”. Ils n'ont pas l'habitude
de comparer, ni l'usage des promotions. Ils ont un haut niveau d'impulsivité.
Il faut donc minimiser le temps et l'effort, faire efficace et pratique pour
leur faciliter la vie. La stratégie “promotionnelle” est pratiquée par un
segment de 30 à 60 ans, au deux tiers féminin, marié avec deux enfants et plus,
dont la fréquence d'achat et le panier sont élevés. La recommandation :
promotion et économies. La stratégie “hédoniste” est celle de cadres moyens ou
retraités, dont le panier moyen est inférieur à 100 euros, avec une forte
fréquence d'achat. Célibataires ou mariés, ils font leurs courses pour le
plaisir de la recherche d'informations et de la découverte. Il faut leur offrir
du plaisir, de la découverte, des aubaines, des surprises ou des jeux.
Combinaison de moyens
En définitive, plus on diffuse
longtemps une carte de fidélité, moins les clients captés sont intéressants et
plus les chances sont grandes de recruter des chasseurs de primes. Pire, plus
le taux de pénétration est important, plus la marge tombe. L'étude constate que
la fidélisation ne commence pas quand la promotion s'achève. C'est à une
combinaison de moyens qu'il faut s'attacher. Pour être efficaces, les
programmes doivent bénéficier d'une structure CRM. Pour éviter la saturation,
la diffusion doit être contrôlée. Outre une animation constante, le programme
doit combiner des gratifications monétaires et des avantages de services,
personnalisés et différenciés. Il s'agit de comprendre le comportement d'achat
plutôt que de le modifier, sachant qu'il est quasiment impossible de créer des
clients monofidèles.