Gouailleur taille patron
« Je suis venu chez Amazon car j'estime que le e-commerce est la chirurgie
de la logistique. » Philippe Hémard n'est pas du genre à croire au Père Noël.
Il serait davantage disciple de Saint-Thomas. Et lui, ce qu'il veut voir, ce
sont des rayonnages à l'ordonnancement irréprochable, des colis remplis de CD,
de livres et de vidéo, et des camions quittant son entrepôt chargés jusqu'à la
gueule. Etre responsable du centre de distribution d'amazon.fr n'est certes pas
de tout repos (quel poste l'est dans cette société ?). Mais Philippe Hémard
n'est pas du genre à se laisser démonter. Son métier, il le connaît. Mieux, il
l'adore. « Je passe mon temps à anticiper l'avenir. Car mon job, c'est
justement de faire en sorte de ne pas se laisser déborder. Mais je m'efforce de
tout faire de la façon la plus souple possible. » C'est l'esprit libre qu'il
arpente l'entrepôt de 10 000 m2 de Boigny sur Bionne, près d'Orléans, dans
lequel sont stockées les 45 000 références vendues sur le site. L'absence de
protocole au sein d'Amazon lui convient on ne peut mieux, lui qui a passé plus
de cinq ans chez Danzas, « une société modelée à l'ancienne, où l'ambiance est
nettement moins frivole et les gens parfois trop coincés. Je n'avais qu'une
crainte en débarquant ici, c'est justement d'apparaître trop vieille France
face à l'esprit fringuant de l'Internet. » Il n'en a rien été. Mais
l'atmosphère de la société ne fait pas tout. Le travail à effectuer pèse aussi
dans la balance. « Je suis venu chez Amazon car j'estime que le e-commerce est
la chirurgie de la logistique. » Et à ceux qui pourraient s'étonner de le voir
diriger une telle organisation à 30 ans tout juste, Philippe Hémard répond
qu'il est un habitué de ce type de mission. Chez Danzas déjà, en 1995, à même
pas 25 ans, il était le plus jeune responsable de site du groupe. Philippe
Hémard est un homme dont la jovialité n'est pas sans rappeler celle de son big
boss, Jeff Bezos, dont la personna- lité l'a définitivement séduit. « Bezos,
c'est quelqu'un dont on se demande comment il a pu faire ce qu'il a fait,
tellement il a l'air de prendre tout à la rigolade. On ne sait pas forcément où
il va, mais c'est paradoxalement ce qui plaît. Car, au moins, sa façon de
manager n'est pas complètement rigide. »