Fidéliser par l'épargne
En basant son concept sur une attente universelle, l'épargne, la Carte O.R. conçue par Trans'Assur se présente comme un programme de fidélisation d'un nouveau type, apportant une différenciation certaine par rapport aux programmes "classiques". Et son territoire va bien au-delà du consommateur.
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La Carte O.R. : une carte de fidélité, co-brandée et à piste, comme les
autres ? Oui, parce que sa mécanique est tout ce qu'il y a de plus classique,
avec l'accumulation de points acquis en fonction du montant de ses achats dans
un certain nombre d'enseignes adhérant au programme. Mais, surtout, non, parce
que ces points sont des points monétaires, de 1,52 ou 7,62 euros, versés sur un
compte personnel sous forme d'épargne rémunérée, disponible soit en monétaire à
tout moment, soit sous forme de capital au moment de la retraite, avec
application d'un taux Livret A ou plus selon le nombre de points accumulés. «
C'est un système à la fois très pragmatique et simple, basé sur le fait que la
fidélité, c'est être partenaire d'un consommateur, explique Claude Favreau,
directeur du développement international du cabinet de courtage bordelais
Trans'Assur, à l'origine du concept. Pour la première fois, nous avons essayé
de donner au consommateur, en échange de sa fidélité, un véritable avantage
dont il peut user en toute liberté. Et ce, en s'appuyant sur une attente des
consommateurs, une préoccupation universelle, l'épargne, et en y ajoutant des
services dédiés. » Ce concept de carte d'épargne, déposé, est né il y a cinq
ans de l'analyse des systèmes de fidélisation classiques et de leurs points
faibles : conditions de temps, de lieu et de montant d'achat pouvant entraîner
une certaine frustration du client, uniformité des propositions (remises,
cadeaux, miles...), banalisation de l'effort des commerçants ou prestataires de
services (remises systématiques...), verticalité lorsque l'enseigne n'agit que
sur ses propres clients, etc. D'où la volonté, d'une part, de multiplier les
partenaires et, d'autre part, de n'imposer aucune contrainte au consommateur, «
afin qu'il puisse pérenniser son pouvoir d'achat ou compléter sa retraite ».
Les partenaires étant, quant à eux, libres de créer leur propre barème
d'attributions de points en fonction de leur type de commerce.
Un outil de cross selling
Mais, dans le cadre de la fidélisation,
quelle est la légitimité, et l'intérêt, d'un cabinet de courtage en assurance ?
« Notre métier est déjà en soi un métier de création : de produits, de
contrats..., répond Claude Favreau. Mais, au-delà, le fait de concevoir un
produit qui ait une finalité de capitalisation, et de constitution de réserve
pour le consommateur lorsqu'il devient inactif, correspond bien à l'une des
missions des compagnies d'assurance, qui est de gérer de l'épargne à long
terme. » Aujourd'hui, la Carte O.R. (pour Consommation Assidue Transformable
en Epargne avec un Objectif de Ressources) est un véritable succès et a fait
ses preuves en matière d'accroissement de panier moyen. Trois millions de
porteurs, dont la moitié actifs, une centaine d'enseignes adhérentes, sur tout
le territoire et aux profils très variés (de l'enseigne Casa, premier
partenaire historique, à Autovision, en passant par des boutiques de centres
commerciaux, Essilor, Moving, Fuchs Labo...). « C'est un formidable outil pour
développer le cross selling », estime Claude Favreau, compte tenu de la base de
données mutualisée, comportant non seulement les coordonnées des porteurs, mais
aussi leurs centres d'intérêt, l'historique de leurs achats, leur fréquence...
Celle-ci est gérée chez Trans'Assur, « avec un engagement de confidentialité
totale », tandis que les applications monétiques, de gestion... sont
sous-traitées, de même que le service clients au travers d'un call center
bordelais, Direct Partner Expansion, sur lequel aboutissent aussi les appels
correspondant aux numéros dédiés des partenaires. Pour couvrir les frais de
gestion de l'épargne, Trans'Assur prélève 1,30 euro par carte et par mois, dans
la mesure où la carte est active. En tout, une équipe d'une douzaine de
personnes est affectée au management du programme.
Une déclinaison B to B
La communication grand public sur la Carte O.R. a jusqu'à
présent été relativement discrète car effectuée principalement par les
enseignes partenaires sous la forme de supports internes, type PLV,
plaquettes... ou de campagnes médias régionales, soit mono enseignes soit
groupées à l'image de commerçants d'un centre commercial. Mais Claude Favreau
n'exclut pas de lui donner une plus grande ampleur. « Notre objectif actuel est
de continuer à nous développer par le biais de partenaires. Lorsque nous
considérerons avoir atteint un nombre suffisamment significatif, nous pourrons
réaliser des campagnes de publicité récurrentes afin d'inciter les porteurs à
se servir davantage de leur carte. » Par ailleurs, un site internet est en
préparation. « Nous attendions l'arrivée de l'euro pour le lancer, précise
Claude Favreau, car notre ambition est aussi de trouver des partenaires dans
les pays de la Communauté européenne. » Destinée dans un premier temps au
consommateur, la Carte O.R. s'est enrichie d'une déclinaison B to B : la Carte
O.R. Corporate, une carte "société". Suivant le même principe que la première,
elle permet au distributeur de se constituer une épargne rémunérée ou un
complément de retraite, en faisant verser sur un compte tout ou partie des
remises commerciales accordées par la marque qu'il représente. « Pour la
première fois, une marque peut se rapprocher de son réseau de distribution dans
un cadre social, commente Claude Favreau. C'est un vrai geste de rapprochement.
» Par ailleurs, si la carte est, en premier lieu, destinée à la société,
celle-ci a tout latitude, si elle le souhaite, de répartir équitablement les
abonnements entre ses collaborateurs, commerciaux, par exemple. Tout comme pour
l'application B to C, un numéro de téléphone dédié permet à l'enseigne de
questionner le service clientèle et de connaître la position de son compte.
Une carte de garantie à valeur ajoutée
Mais la
créativité de Trans'Assur ne s'est pas arrêtée là. Partant de l'idée que non
seulement fidéliser, mais aussi sécuriser ses clients est un enjeu majeur pour
les entreprises, est née une nouvelle application de la Carte O.R., destinée
cette fois-ci à une marque donnée, aussi bien en B to C qu'en B to B : la
"Carte de garantie à valeur ajoutée". Cette carte s'inscrit dans le cadre des
directives européennes qui veulent qu'à partir du 1er janvier 2002, les
fabricants soient obligés de garantir leurs produits contre tout vice de
fabrication pendant deux ans, contre un an jusqu'à maintenant. D'où des
contraintes financières évidentes et une quasi-obligation de leur part de
s'assurer pour la deuxième année de garantie. « Cette application, explique
Claude Favreau, va leur permettre d'offrir à leur consommateur final cette
garantie sur deux ans, tout en récupérant tout ou partie de leur investissement
en les intéressant sur la valeur ajoutée liée à la carte. » Concrètement,
lorsqu'un consommateur va acheter un produit, il trouvera une carte de garantie
de deux ans, qui sera une Carte O.R. co-brandée à la marque de son achat, qu'il
pourra utiliser dans l'ensemble du réseau de partenaires pour obtenir des
points supplémentaires à ceux acquis lors de son achat. Dans l'autre sens, les
porteurs "classiques" devraient être sensibilisés au fait que la dite marque
soit partenaire de la Carte O.R. Pour les fabricants, l'application passe par
un contrat de groupement qui se compose de produits d'assurance et
d'assistance, sur mesure, qui pourront être offerts par l'entreprise ou achetés
par ses clients. Une déclinaison qui a déjà séduit Siemens Audiologie, un
département de Siemens Santé (voir encadré ci-contre). Au-delà de ce nouveau
développement, Claude Favreau s'est-il fixé un objectif en termes de nombre de
porteurs ? « Non, répond-il. Notre volonté est simplement de créer des
applications de plus en plus performantes et efficaces selon les métiers
auxquels on s'adresse. » Le programme Carte O.R. a obtenu le Prix Spécial du
Jury du Trophée Icar 2001, organisé par IIR, avec le soutien d'Umanis
Consulting et Marketing Direct, dans le cadre de son séminaire Intégrale Carte.
La Carte O.R. en chiffres
Nombre d'adhérents : plus de 3 millions (20 % sur Paris-Région parisienne). Nombre de cartes actives : 50 %. 50 % d'hommes et 50 % de femmes jusqu'à 40 ans ; 75 % de femmes au-delà. 60 % de moins de 50 ans. 40 % de salariés et cadres moyens. Nombre de partenaires : une centaine d'enseignes représentant près de 35 000 points de vente. Rémunération du compte personnel des porteurs : à partir d'un total acquis de 305 € : 2,25 % ; à partir de 762 € : taux optimisé. Plus de 30 % des porteurs ont accumulé entre 762 et 1 524 euros d'épargne annuelle.
Siemens Audiologie joue la Carte O.R.
Si l'audiologie est un secteur en pleine expansion, il n'en reste pas moins que l'équipement en prothèse auditive reste très coûteux (3 000 euros pour un équipement binaural). Face à ces deux facteurs, Siemens Audiologie, département de Siemens Santé, développe avec Carte O.R. un partenariat qui a donné en particulier naissance à l'"Abonnement meilleure audition", permettant à un malentendant porteur de la Carte de financer son équipement sur quatre ans et de bénéficier à la fois d'une assurance tous risques et de services complémentaires : prêt en cas de casse, perte, vol... possibilité tous les quatre ans d'échanger sa prothèse contre une neuve, bénéficiant ainsi des derniers développements techniques et esthétiques. Ce partenariat va se développer via les quatre grands réseaux d'audioprothésistes (CDA, CCA, Delphics et Entendre), soit environ 1 500 magasins. « Mécaniquement, estime Claude Favreau, ce partenariat devrait entraîner 50 % de chiffre d'affaires supplémentaire pour les points de vente et multiplier par deux l'équipement dans une ville. Et permettre aussi de gagner du terrain par rapport à une clientèle plus jeune. »