Europe et marketing
Le Parlement européen et le Conseil ont adopté, le 11 mai 2005, une directive relative aux pratiques commerciales déloyales qui devrait s'appliquer dès sa publication au Journal Officiel des Communautés européennes. Sachant que, pendant un peu plus de six ans, les Etats pourront continuer à appliquer leur législation, même si elle est plus restrictive que la directive, et s'ils mettent en œuvre des directives incluant des clauses d'harmonisation minimale.
Cette directive vise à encadrer l'ensemble des pratiques commerciales qui
existent en Europe afin de mettre un terme aux disparités locales et faciliter
ainsi le bon fonctionnement du marché intérieur. En effet, face à l'absence de
règles uniformes à l'échelon communautaire, les obstacles étaient majeurs lors
de la mise en place d'une campagne européenne et nécessitaient un audit
juridique, pays par pays. L'objectif est de faciliter le marketing en Europe,
tout en veillant à la protection des intérêts économiques des consommateurs et
en développant les codes de bonne conduite. Publicités, cadeaux, informations
lors des ventes et encore offres contractuelles, se retrouvent encadrés par ce
texte. La politique de communication de chacun des acteurs du marché français
doit être revue au regard de ces nouvelles règles communautaires qui vont
s'appliquer, dans de brefs délais, pour toute campagne destinée aux
consommateurs.
L'interdiction de pratiques déloyales
L'enjeu essentiel de la directive est d'interdire toute pratique commerciale
déloyale. Est qualifiée comme telle, toute communication susceptible d'altérer
le comportement économique du consommateur moyen face à l'offre proposée, quels
que soient la méthode ou le média proposés. Toute publicité ne doit, en aucun
cas, être trompeuse, mensongère ou de nature à induire en erreur des
consommateurs d'attention moyenne. Ce principe est proche du principe français
et des décisions de justice françaises, qui examinent régulièrement les
publicités, au regard de cette notion de “consommateur d'attention moyenne”.
L'appréciation “in concreto”, que mènent également les juges, pour examiner une
publicité dédiée à un groupe particulier, est également reprise dans la
directive, sachant que restent autorisées les déclarations exagérées ou celles
qui ne sont pas destinées à être comprises au sens littéral. Si la notion de
publicité trompeuse n'a plus de secret aujourd'hui pour les responsables
marketing français, il n'en reste pas moins vrai que le législateur européen a
voulu clairement expliquer qu'une pratique commerciale pouvait être réputée
trompeuse si elle amène ou était susceptible d'amener le consommateur moyen à
prendre une décision commerciale qu'il n'aurait pas prise autrement.
Pratiques commerciales agressives
La directive
introduit un nouveau concept dans notre droit au travers de notions, telles que
pratiques commerciales agressives, harcèlement, contrainte ou influence
injustifiée. Notions qui, si elles n'existent pas en tant que telles en France,
sont déjà indirectement encadrées par des dispositions, comme celles régissant
les ventes forcées, l'abus de faiblesse… Est considérée comme agressive une
pratique commerciale qui, dans son contexte factuel, altère ou sera susceptible
d'altérer, de manière significative du fait du harcèlement, de la contrainte, y
compris le recours à la force physique ou d'une influence injustifiée, la
liberté de choix ou de conduite du consommateur moyen. Une analyse de toute
pratique commerciale devra être menée, pour savoir s'il existe un harcèlement,
une contrainte ou une influence justifiée. Elle permettra de vérifier s'il
existe des indices (moment et endroit où la pratique est mise en œuvre ;
nature de persistance de la pratique ; recours à la menace, physique ou verbale
; exploitation par le professionnel de tous malheurs ou circonstances
particulières d'une gravité propre à altérer le jugement du consommateur dans
le but d'influencer sa décision eu égard au produit à vendre), aux fins de
savoir si ceux-ci sont susceptibles de traduire une pratique commerciale
agressive. Caractérise aussi un harcèlement ou une contrainte, tout obstacle
non contractuel, important ou disproportionné, imposé par le professionnel
quand le consommateur veut faire valoir ses droits contractuels et notamment,
ceux de mettre fin au contrat, de changer de produit ou de fournisseur… Ces
nouveaux concepts vont obliger tous les acteurs du marketing direct à s'assurer
de la licéité des documents commerciaux, des contrats et des méthodologies de
vente déployées.