Comprendre le scoring pour mieux l'utiliser
1 Qu'est-ce que le scoring ?
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En matière de
scoring, il existe une certaine confusion dans la terminologie. On mélange
parfois outils et méthodes, données (comme le score communes) et globalité de
la discipline, quand on n'affuble pas de ce qualificatif des éléments qui n'ont
pas de raison de l'être. Alors, pour clarifier la situation, autant avoir une
vision précise de ce qu'est le scoring. Le scoring est un outil d'aide à la
décision. Il a pour but d'aider une entreprise à répondre à des questions
telles que "Comment constituer le fichier donnant le meilleur résultat en
termes de rentabilité (ou de chiffre d'affaires) ?", "Comment fidéliser des
clients déjà acquis et éviter de les perdre ?", "Ce client présente-t-il un
risque en termes de remboursement ou de paiement ?"... Pour donner une réponse
à l'une de ces questions, on va donc employer un système de notation permettant
de déterminer si X (le client, le prospec...) possède des caractéristiques
susceptibles de prédire s'il va rentrer dans un cas favorable : acheter un
produit, continuer à consommer des produits de l'entreprise, honorer
régulièrement ses échéances, etc. Le calcul de ces notes se base,
schématiquement, sur trois éléments : des données, des variables et des
méthodes. Les données, ce sont les informations que l'on connaît du client ou
prospect : nom, prénom, coordonnées, sexe, ainsi que les informations que l'on
a pu recueillir au cours de sa relation avec l'entreprise (type de produits
achetés, fréquence et montant des achats dans le cadre d'une activité
commerciale, crédits en cours, salaire, comportements d'achat pour un organisme
de crédi...). Les variables, pour leur part, sont la représentation de
l'importance que l'on accorde à chacune de ces données. « L'idée est de
déterminer quelles sont les variables fondamentales qui permettent d'expliquer
un phénomène, qui permettent de comprendre pourquoi X est client ou non »,
précise Philippe Cheval, président de BCA et professeur de marketing direct à
l'Université de Lille 1. La mise en place d'un score efficace passe aussi, et
avant tout, par une méthode. « Il faut définir les bons indicateurs à utiliser,
les plus efficaces, note Anne Gayet, directrice des études chez AID. Pour cela,
il faut disposer d'informations pertinentes, ce qui implique un travail en
amont pour bien définir les données qui vont permettre d'atteindre son
objectif. » D'où l'importance d'arriver à obtenir les bonnes informations, par
le biais de questionnaires envoyés sous forme de mailings ou par analyse de la
base de données clients. Mais aussi de savoir construire de façon
méthodologique un modèle d'exploitation de ces données et variables. De
nombreux outils sont à la disposition des statisticiens qui se chargent
d'effectuer ces calculs de scoring : réseaux neuronaux, régression logistique,
arbres de décision, etc. « En résumé, ajoute Anne Gayet, le scoring est une
science du questionnaire ajoutée à une science de l'exploitation des
informations. » Mais aussi, note Philippe Cheval, « un problème de calcul,
d'interprétation de ce calcul et d'insertion dans la chaîne industrielle ».
Car on en revient aux premiers propos de cet article, le scoring n'est
principalement qu'un outil utilisé pour aider l'entreprise dans ses activités
commerciales. En tant que tel, il doit donc pouvoir être appréhendé par les
décideurs (d'où le besoin d'interprétation) afin que ceux-ci en tirent profit.
2 Les différents types de scores
Le terme de score est
souvent utilisé de manière abusive, pour des taches qui ne relèvent pas
vraiment de cette discipline. Globalement, note Yves Allard, directeur général
de Chronaxies, « un score implique la mise en oeuvre d'une importante quantité
de données différentes. En cas contraire, le terme est abusif ». Cela dit,
plusieurs types de scores peuvent être utilisés en fonction des besoins de
l'entreprise. En voici les principaux.
- Score prénom
Le score prénom est certainement celui qui mérite le plus le qualificatif
d'abusif, dans le sens où une notation sur ce seul critère ne peut pas vraiment
permettre de déterminer l'intérêt de telle ou telle personne en fonction de
telle ou telle offre. Le scoring prénom se base sur les statistiques émises
par l'Insee sur la fréquence d'un prénom par rapport à une année de naissance
donnée. On sait ainsi que les Gaston sont souvent des gens d'un certain âge
alors que Marine ou Océane sont plutôt des prénoms de jeunes filles. D'autres
prénoms, comme Marie ou Pierre, restent stables dans le temps alors qu'un
Ludovic, par exemple, voit sa courbe de représentation remonter après plusieurs
décennies de creux. Reste que « le prénom peut être un élément de score dans un
ensemble plus global, souligne Yves Allard. Mais appeler ça un score est
abusif. »
- Score commune
Le score commune ne consiste
pas simplement à affecter une note à un individu en fonction de son lieu de
résidence, mesure qui serait bien trop sommaire pour être réaliste. Ne
serait-ce que parce qu'il est impossible, dans la pratique, de mesurer
exactement l'impact que pourrait avoir une campagne dans telle ou telle
commune, à moins de dépenser des fortunes en mailings, pour de toutes façons «
ne rien savoir d'intéressant », remarque Yves Allard. Cependant, les données
géomarketing sont utilisées dans le scoring. « Les techniques de géomarketing
nous permettent de mesurer qu'une personne a plus de proximité avec tel produit
selon son lieu de résidence, en descendant jusqu'au "segment de voie",
c'est-à-dire une portion de rue délimitée par deux autres rues », souligne
Stéphane Amarsy, directeur du département ciblage chez Koba. Mais, en
soi-même, le terme de score commune est lui aussi abusif et ne constitue qu'une
des nombreuses variables utilisables pour établir un score.
- Score RFM
Principalement utilisé par les vépécistes, le score RFM
(Récence, Fréquence, Montant) se base sur des données connues de clients de
l'entreprise : date du dernier achat, fréquence des achats, montant moyen des
commandes. A partir de ces informations, on peut effectuer des analyses
montrant, par exemple, que plus un achat a été effectué récemment, plus les
chances sont grandes que le client achète dans un délai assez court ; que plus
il achète fréquemment, plus il achètera tôt ; que plus le montant moyen de ses
commandes est élevé, plus il y a de chances qu'il achète de nouveau à court
terme. Des informations qui permettent effectivement de segmenter des fichiers
mais, souligne Yves Allard, « ce n'est pas un score au sens propre du terme car
il n'est pas dynamique ».
- Score d'appétence
Un score
est un moyen de mesurer le potentiel de quelqu'un à court, moyen ou long terme.
Le score d'appétence n'est, pour sa part, valable que sur le court terme.
L'appétence peut se définir par un produit, un moment donné, une offre donnée.
Un exemple de ce type de score est l'organisation d'une soirée soldes : on va
sélectionner les personnes à qui envoyer une invitation en fonction de leur
intérêt pour ce type de soirées et les produits proposés, mais aussi en tenant
compte de leur capacité estimée à dépenser une somme suffisamment importante
pour être intéressante. Plusieurs variables auront donc été combinées pour
obtenir le fichier le plus pertinent.
- Score d'attrition
Au contraire du score d'appétence, le score
d'attrition se base sur le moyen ou le long terme. Son objectif est de
déterminer la probabilité qu'un client cesse de faire appel aux services de
l'entreprise (cessation d'abonnement, par exemple). Atteindre ce but implique
de travailler sur les données que l'on connaît des personnes ayant déjà "quitté
le navire", en examinant l'état des informations à leur sujet un laps de temps
donné avant leur départ. Avec des différences selon le type d'activités. Ainsi,
l'intervalle d'observation sera très long dans une banque, beaucoup moins chez
un opérateur de téléphonie mobile, où la volatilité est bien plus importante.
Dans tous les cas, le problème consiste à déterminer les informations
pertinentes sur lesquelles travailler. Comme le souligne Anne Gayet, « il faut
occulter tout ce que l'on sait sur les gens déjà partis en fin de parcours, car
c'est postérieur à leur décision de départ. Par exemple, en téléphonie, savoir
que les gens partis n'ont pratiquement pas consommé les deux derniers mois
avant la fin de leur abonnement n'apporte rien. Il faut remonter plus loin dans
le temps pour voir quel était leur comportement avant qu'ils ne prennent leur
décision. »
- Score risque
Principalement utilisé par
les organismes de crédit pour mesurer le risque qui existe à accorder un prêt à
une personne donnée, le score risque a été le premier utilisé. En se basant
principalement sur les informations bancaires et les données comportementales
du demandeur, le score risque permet de déterminer la probabilité que celui-ci
assure le remboursement de ses échéances jusqu'à leur terme. Hors milieux
bancaires, le score risque est également exploité par les vépécistes pour
tenter d'éviter les problèmes de règlement des produits envoyés. Ou encore,
note Stéphane Amarsy, « à mesurer la probabilité qu'une personne connaissant un
incident bancaire a de se remettre à flot, de manière à décider si on lui
envoie juste un courrier ou si l'on passe tout de suite au contentieux. »
3 L'efficacité du scoring
Le scoring est une activité
qui a un coût relativement élevé. D'où l'importance de mesurer son efficacité.
En la matière, les principaux prestataires en matière de scoring restent des
plus discrets. Stéphane Amarsy confie malgré tout quelques informations
intéressantes : « En termes de recrutement, un scoring peut amener une
amélioration de 20 à 30 %. Mais c'est très variable selon la problématique et
le temps dont on dispose. Les chiffres d'amélioration peuvent varier de 2 à 15
%, parfois même de 10 à 60 % ! Sur une campagne pour un produit de crédit, où
la moyenne se situe généralement à 1,7 %, nous avons obtenu un résul-tat de 6,5
% sur la meil- leure tranche de score. Ce qui mettait le coût de recrutement à
100-110 francs par personne au lieu de 500 à 700 francs. » De manière plus
générale, l'efficacité d'un scoring se mesure à l'aide d'un "gain chart" (voir
illustration), un graphique qui montre le différentiel entre ce qui a été
effectivement réalisé (en termes de commandes, par exemple) et ce qui l'aurait
été en tenant seulement compte du nombre de personnes contactées. En
horizontal, la population est triée selon sa notation, du meilleur au moins bon
(avec, logiquement, un nombre de plus en plus important de personnes, à mesure
que l'on va vers le moins bon). En vertical, on comptabilise le nombre de
commandes réalisées par tranche de population. La différence entre la courbe
réelle et celle estimée en l'absence de score (53 % des commandes pour 53 % de
contacts, par exemple) permet de vérifier que le score a permis de contacter
les personnes qu'il fallait et "d'éliminer" ceux qui avaient de toute manière
peu de chances de commander.