Bruno Marzloff (Chronos) : « Il faut sortir du carcan des habitudes marketing »
Bruno Marzloff est sociologue et animateur du groupe Chronos (www.groupechronos.org). Le groupe Chronos propose depuis 1998 un observatoire de la mobilité et des organisations du temps.
Je m'abonneQuelles ont été les influences du développement des portables sur les consommateurs ?
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Avec le portable, l'autonomisation des
individus a été poussée à l'extrême. Le régime collectif du temps n'existe plus
: chacun d'entre nous construit sa propre stratégie personnelle du temps, car
nos plannings, personnels et professionnels, se chevauchent et s'imbriquent en
permanence.
Dans votre observatoire de la mobilité, vous avez identifié un groupe d'individus précurseurs, celui des "Baladeurs" : comment se définissent-ils ?
Les Baladeurs ont intuitivement intégré ces
évolutions sociétales. Ce ne sont pas des technophiles, mais ils utilisent les
outils mobiles pour se faciliter la vie, gérer leur organisation personnelle du
temps. C'est une population plutôt jeune, mais pas uniquement, issue des
grandes villes, avec une surreprésentation des femmes.
Comment se comportent ces précurseurs envers les sollicitations commerciales ?
On trouve des paradoxes étonnants : ce sont eux qui possèdent le
plus de cartes de fidélité et pourtant ce sont eux les moins fidèles. En fait,
ils s'emparent des médias pour les gérer eux-mêmes.
Pensez-vous que les consommateurs vont accepter voire apprécier de recevoir, sur leur portable, des offres commerciales ?
La stratégie d'organisation du quotidien
devient tellement complexe que le consommateur va apprécier des services qui
lui faciliteront la vie, qui vont le soulager dans son organisation. Ce peut
être, par exemple, le cas d'un service de trafic sur son téléphone mobile. En
fait, le plus important pour les marques est de passer un deal avec le
consommateur. Ce contrat doit, non seulement, être gagnant pour les deux
parties, mais aussi il doit être totalement transparent.
Ce deal, ce sont des informations personnelles contre de l'information commerciale à valeur ajoutée ?
C'est cela, s'il préexiste une logique éthique
claire et transparente. En fait c'est de l'échange. A condition aussi que le
consommateur puisse faire évoluer les choses. La gestion du on/off, par
exemple, est fondamentale : en vacances, à certains moments, le consommateur
devra pouvoir dire stop, refuser les sollicitations.
Pensez-vous que les marketeurs en général sont prêts pour cette évolution de la relation client ?
En tout cas, il faut sortir du carcan des habitudes
marketing, repenser son approche client au-delà des catégories
socioprofessionnelles classiques !