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L'heure est au management bienveillant

Publié par SYLVIE JOURNAUX le - mis à jour à

Crise, chômage, attentats… 26% des salariés en France souffrent de stress chronique, taux le plus élevé d’Europe*. Causes invoquées : manque de reconnaissance, surcharge de travail, concurrence interne…. Conséquence : pour les salariés, une augmentation de 72% du nombre de maladies professionnelles en 13 années** ; pour les entreprises, leur performance touchée de plein fouet puisque 60% de l’absentéisme est dû au stress au travail. Le coût direct est évalué à 3 milliards d’euros** par an ! Aussi, ne serait-il pas temps de travailler autrement, d’introduire de façon pérenne, dans le cadre de la stratégie de l’entreprise et de sa communication, une démarche tournée vers l’intelligence collective via un management bienveillant ?

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Face  à un monde en crise, au manque de repères, à la montée de l’individualisme, une réponse : la bienveillance, « une disposition favorable envers autrui » (Larousse). Efficace, elle permet d’accueillir, d’écouter, d’échanger, de collaborer, de partager. C’est une valeur nécessaire dans l’économie collaborative qui se développe aujourd’hui, que ce soit envers les clients, les prospects, les partenaires, les fournisseurs et, bien évidemment, les collaborateurs.

 

 

Redonner du sens au travail

Partager l’information, tenir informés ses salariés est fondamental. Pour des raisons économique, stratégique ou organisationnelle, un projet peut être stoppé. Il faut alors informer, expliquer les raisons de cette décision et ainsi gagner l’adhésion et éviter le développement de rumeurs. Faire un point régulier sur la marche de l’entreprise permet aux équipes de se sentir impliquées et développe le collectif de travail qui permet d’affronter, ensemble, des situations difficiles. Si la confidentialité impose le silence, le manager doit expliquer qu’il n’a pas le droit de s’exprimer. En fait, il s’agit de créer le cercle vertueux entre éthique relationnelle et efficacité économique, suscitant le sentiment d’appartenance grâce à la cohérence réelle créée entre l’action et le discours.

Un climat bienveillant au travail s’instaure par des règles de base de politesse et de courtoisie. Cela vous semble « léger » ? Loin s’en faut ! La preuve : Chez Malakoff Médéric, un manuel de civilité a été rédigé, rappelant la manière dont l’on doit se comporter en open-space ou répondre aux mails. Chez Etic, des réunions régulières permettent à chacun de s’exprimer sur les points à améliorer. Pour Utopies, une meilleure communication passe par la transparence totale des salaires et des comptes et chez Human & Partners, le droit à l’erreur est explicitement reconnu. 

 

Outil de performance

Dans un environnement où le  leitmotiv est le « toujours plus vite, toujours plus », la créativité des salariés diminue alors que cette capacité d’imagination s’amplifie dès lors que l’environnement de travail  permet  à chacun d’aller à son rythme. Google, par exemple, fixe des jours sans mails, sans téléphone portable ; Ferrero participe depuis 2012 à la Journée de la gentillesse….Tous ces exemples démontrent que le management, et in situ une stratégie de communication bienveillante, constitue indéniablement une réponse au stress et représente un réel levier de promotion du bien-être au travail. Il ne s’agit plus de manager des ressources humaines mais de promulguer le management humain des ressources et avoir ainsi une vraie réponse à la performance.

La bienveillance induit une relation vraie. Il est beaucoup plus facile de se retrancher derrière son quant-à-soi, la sécurité d’une position hiérarchique, l’opacité d’une organisation. Pourtant de plus en plus d’entreprises font le choix de la bienveillance envers leurs collaborateurs. D’ailleurs, les sociétés où il fait bon vivre choisissent l’autonomie et la créativité afin de faire émerger le meilleur du potentiel de leurs salariés.

 

« Lorsque nous exerçons une violence intérieure à notre égard, il est difficile d’éprouver une bienveillance véritable vis-à-vis des autres » - Marshall B. Rosenberg.

En interne, la bienveillance démarre dès l’arrivée d’un nouveau collaborateur : savoir l’accueillir, l’intégrer, accompagner ses premiers pas dans l’entreprise. Comment ? En sensibilisant, en encourageant l’ensemble des salariés à cette valeur, la personne bienveillante choisissant de ne pas abuser de son pouvoir et de trouver une qualité particulière dans le lien à autrui.

 

La performance de la relation client en créant un avantage différentiant

Que signifie la bienveillance dans les relations avec les partenaires et les clients? Faciliter leurs relations avec l’entreprise, se mettre à leur place pour comprendre leurs besoins ….. Aujourd’hui, l’entreprise ne peut plus se contenter d’exister par ce qu’elle fait, ce qu’elle a. Elle doit également revendiquer et prouver ce qu’elle est, ce qui la rend unique. C’est le cas, de la culture d’entreprise, affirmée, sincère et partagée par tous qui donne du sens à l’action.

 

Le marketing ou l’éthique ? Ange ou démon ?

Alors que l’entreprise marketing est là pour « gagner » de l’argent, l’entreprise « citoyenne » a pour vocation de servir la société. La première joue sur les valeurs qui créent la différence et un avantage concurrentiel. La seconde montre que l’on se conduit bien. Or, dans la « vraie vie » -nous ne sommes pas chez les « Bisounours » !- l’entreprise doit intégrer ces deux visions. En effet, comment l’entreprise marketing pourrait-elle être pérenne sans fédérer la bienveillance envers ses différents publics ? Comment l’entreprise citoyenne pourrait-elle être pérenne sans s’assurer d’avantages concurrentiels ?

 

Ne pas la confondre avec faiblesse

La bienveillance est un sérieux atout managérial. Elle facilite les processus : communication ouverte, collaboration, créativité... Elle est liée au désir de faire avancer les autres et donc de dire ce qui est, même quand cela ne fait pas plaisir. Le manager bienveillant est direct, ouvert et ose « secouer » ses troupes quand c’est nécessaire. Il a un rôle d’encadrant,  il défie le champ des possibilités, des contraintes et des attentes. Il est pédagogue, aide ses équipes à comprendre leurs échecs et succès. Enfin, il a  un rôle de « motivateur », orientant ses collaborateurs dans une dynamique de progression constante.

 

Diriger par l’exemple 

Enfin, l’attitude des dirigeants conditionne la capacité de l’entreprise à faire de la bienveillance une valeur partagée par tous.Une gouvernance bienveillante considère que tous les acteurs de l’entreprise ont des intérêts convergents et participent à la mise en œuvre d’un destin collectif.

 

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Sources

*Better Human 2013

**INRS 2007

***DARES 2012

 

SYLVIE JOURNAUX

SYLVIE JOURNAUX

Consultante éditoriale

Une urgence, une surcharge de travail, le besoin de renfort sur un travail collectif… Consultante en communication éditoriale, j’interviens [...]...

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