Dissocier mobilité et environnement de travail: un frein pour une stratégie Cloud d'entreprise ?
Nous avons eu accès à l’informatique à travers des ordinateurs centraux utilisés collectivement dans les années 70. L’accès à l’informatique individuel est né avec la naissance du PC dans les années 80. Le premier accès à la mobilité a ensuite été réalisé grâce à l’apparition des pc portables au début des années 90. Finalement, ces nouveaux outils ont intégré le quotidien des foyers seulement après une utilisation dans les entreprises…
L’apparition des Smartphones puis des tablettes a complètement bouleversé cette tendance historique. En effet, l’usage de ces outils se faisait dans le cadre personnel, au sein des familles, puis il a été demandé aux entreprises de pouvoir utiliser ces mêmes outils dans le cadre de notre travail, un nouveau concept appelé à se développer : la consumérisation de l’informatique. Cette tendance révolutionne fondamentalement l’utilisation de l’informatique puisque le choix du device est désormais déterminé par les usages. L’utilisateur choisit le format de son outil informatique en fonction des applications (qu’il choisit également) auxquelles il veut accéder et de la manière dont ces applications seront accessibles. C’est l’arrivée du Bring Your Own Device qui envahit les entreprises.
Ces nouvelles applications se situent bien souvent dans le Cloud ; c’est-à-dire qu’un utilisateur désormais, pour pouvoir remplir la mission qu’on lui demande, doit pouvoir accéder à toutes ses applications et ses données quel que soit l’endroit où il se trouve dans l’entreprise ou à l’extérieur, en France comme à l’international.
Ce nouveau paradigme bouleverse complètement le marché informatique et l’utilisation des systèmes d’information dans les entreprises. Le rôle du DSI est complètement transformé : il doit gérer des services et des applications qui sont souvent choisis par des directions métiers de l’entreprise et donc s’adapter plutôt que d’imposer des choix techniques et technologiques a l’ensemble des utilisateurs comme c’était le cas auparavant. Ceci entraine évidemment des problèmes de sécurité accrus ainsi que par exemple des problèmes de cohérence d’informations dans les bases de données qui peuvent de ce fait se multiplier dans l’entreprise.
Le métier d’intégrateur est désormais de transposer, avec le maximum de flexibilité et de sécurité, un système en place vers un nouvel environnement de travail dont la mobilité et la mise à disposition des applications sont les principaux piliers.
Qu’en est-il des réseaux ? Jusqu’à présent les opérateurs de télécommunications subventionnaient les Smartphones et les tablettes dans leur offre de fournitures de ligne. Ils en assuraient également les services de mises à disposition et de gestion. Aujourd’hui, le marché est en train de vivre une autre rupture puisque les clients souhaitent désormais négocier leur contrat de fournitures de lignes indépendamment de la mise à disposition des devices. C’est le phénomène du SIM ONLY. Ainsi, ils peuvent réaliser des économies budgétaires extrêmement importantes mais se retrouvent cependant face à de nouvelles problématiques :
Comment acquérir ces milliers de postes ? Comment en assurer la maintenance ? Comment gérer le support utilisateur ? Comment assurer l’intégrité de la gestion de parc avec l’adéquation entre les différents postes et les utilisateurs et gérer l’évolution des postes en corrélation avec l’évolution du personnel de l‘entreprise ?
Où en est la France dans tout ça ?
Sachant qu’en Juin 2014, d’après le CloudIndex de PAC on recense 29% des entreprises et d'administrations françaises comme utilisant du Cloud contre 23% en Décembre dernier, la croissance est dynamique. Cependant, selon le rapport du cabinet Deloitte, avec une croissance annuelle de 34,4%, la France est en retard dans l’adoption des services liés au Cloud et dans le nouvel environnement du poste de travail par rapport aux pays anglo-saxons et aux pays nordiques.Nous voyons néanmoins de nouveaux projets qui sont en train d’éclore et 83% des entreprises Françaises ont déjà ou vont déjà dans les deux années à venir, placer la mobilité au cœur de leur stratégie IT. (IDC)
Et la transformation chez l’utilisateur dans tout ça ?
L’objectif n’est pas insurmontable. Les entreprises doivent emmener davantage les collaborateurs à utiliser ce qu’ils utilisent chez eux. La transformation n’est pas à faire au niveau de l’individu mais au niveau de la culture d’entreprise et de ses pratiques. La transition opérée doit avoir lieu au niveau des technologies et de la gestion des données. En effet, il faut savoir où déposer ces données mais surtout comment les sécuriser.
On assiste sur ce point à une lourdeur des entreprises qui souvent hésitent à investir dans ces nouvelles technologies de l’information qui sont pourtant essentielles dans le monde et dans l’environnement concurrentiel où elles opèrent. Bon nombre de leurs concurrents étrangers investissent massivement ; il faut donc absolument que les entreprises françaises suivent le même chemin pour rattraper leur retard, faute de quoi, elles seraient relayées allant jusqu’ à disparaître. Certains des secteurs l’ont compris, dans de grandes banques ou chez certains grands industriels, et de grands projets extrêmement novateurs sont en cours. Il faut absolument que nos entreprises mettent ce sujet rapidement à l’ordre du jour.