Comment l’iPhone a changé Internet en 15 ans ? [PARTIE 2]
Le 22 novembre 2007, l’iPhone 2G sort en France. Apple va bousculer les télécoms et son leader, Nokia, mais aussi changer la face du web, libéré de l’ordinateur. 15 ans après, dans un monde où l'accès au web se fait majoritairement depuis des smartphones, quel a été l’apport du mobile à l’internet ?
Poursuite de notre exploration en cinq nouveaux points clés. Les cinq premiers sont à retrouver ici.
Du mail à la notification et aux messageries, l'information en temps réel et le marketing en mode conversationnel
Avec le développement des apps, un nouveau canal de communication s’est imposé aux entreprises avec l’arrivée des push notifications sur iOS 3 en 2009. Terriblement efficace dans la bataille de l’attention, s’adressant à une cible en affinité (car ayant téléchargé l’application), ce nouveau canal, spécifiquement mobile, vient compléter le SMS, plus universel mais aussi plus cher et décorrélé des services.
Avec des taux d’opt-in de plus de 80% sur Android et 50% sur iOS, les push notifications bénéficient également d’un taux de clic (entre 3,4% et 4,6% selon l’OS) qui en font un outil privilégié pour créer de l’usage sur les apps. Et les annonceurs ont dû apprendre à jouer la complémentarité et la pression entre e-mails, SMS et notifications, accélérant le besoin de plateformes CRM et outils de marketing automation centralisés.
Les dernières innovations comme les Live Activities apparues sur iOS 16 renforcent encore le côté temps réel et contextuel des notifications et font de ces fonctionnalités (tout comme les widgets) de véritables capsules de communication étendant la présence des marques sur les terminaux de leurs utilisateurs.
Devant le succès des notifications sur mobile, les web push notifications sont apparues pour permettre de bénéficier d’une fonctionnalité (presque) identique sur les sites web et les ordinateurs.
En parallèle, les smartphones ont également imposé les messageries instantanées (WhatsApp, Messenger) comme le canal d’interaction privilégié - d’abord entre individus puis avec les entreprises - imposant progressivement un marketing conversationnel plus direct, plus personnel, et une proximité plus forte entre les marques et leurs clients.
Taux d’ouverture moyen et par secteur de la push notification
Du fixe au mobile, la localisation au cœur de l’expérience
L’un des grands apports du mobile au web reste la simplification de la géolocalisation des utilisateurs. En permettant une localisation via GPS, les smartphones ont totalement démocratisé l'intégration de la position de l'utilisateur dans la contextualisation des services. Une fonctionnalité à l’époque réservée à des usages et des terminaux professionnels (flotte de véhicules), que ce soit sur des services "geocentric" comme Google Maps, Waze ou Uber, ou des services plus classiques intégrant la géolocalisation (comme sur les médias pour l’info locale).
Couplé aux notifications en temps réel, la localisation des utilisateurs permet progressivement l'émergence de services d’alerte pour la domotique par exemple (détection d’entrée / sortie de domicile) ou l’oubli de clés ou de tout autre objet associé avec des Airtags.
Avec l’arrivée du LiDAR (Light Detection and Ranging) sur l'iPhone 12, c’est désormais la micro-localisation et la gestion des distances très courtes et des objets dans l’espace qui va permettre le développement de nouveaux services.
Le mobile a ainsi fait passer internet d’un mode statique, asynchrone et “device centric”, à un mode contextuel, temps réel et “user centric”, où les services sont attachés à une personne et son environnement.
Géolocalisation : le suivi intégré aux services
Du mot de passe à la biométrie, une nouvelle manière de vivre et d’interagir avec le monde
Là où l’internet fixe connectait le domicile ou le bureau, l’usage d’internet sur les smartphones, associés aux objets connectés, permet de progressivement connecter le monde entier et de faire du mobile la télécommande permettant de contrôler et d'interagir avec celui-ci.
D’abord en sécurisant l’authentification des personnes avec la démocratisation de la biométrie, une avancée peut-être encore plus impressionnante que la géolocalisation. Que ce soit la reconnaissance de visage ou d’empreinte digitale, le mobile est devenu la clé d’authentification primaire, au-delà de l’usage “terminal de confiance” utilisé par les banques pour de l’authentification forte.
Grâce à cette sécurité et l’intégration de technologies comme le QR Code (et oui !), le Bluetooth, le NFC (Near Field Communication ou la RFID (Radio Frequency Identification), le mobile s’est transformé en terminal d’accès et en terminal de paiement dans les commerces traditionnels. L’iPhone est aujourd’hui devenu un véritable portefeuille électronique stockant clés de voiture, de maison et de bureau, cartes bancaires et cartes de fidélité, pass Navigo, billets de train, d’avion et de concert… Le décret du 26 avril 2022 a même entériné la création d’un moyen d’identification électronique dénommé Système de garantie de l’identité numérique (SGIN), ouvrant la voie à la dématérialisation des cartes d’identité et des passeports.
Tout cela en s’appuyant notamment sur des capteurs (intégrés au smartphone ou présents dans des extensions type Apple Watch) permettant de progressivement nous accompagner sur la gestion de notre activité et de notre santé. On peut être fasciné par l'extrême miniaturisation des composants, des capteurs et de la puissance de calcul qui démocratisent certaines technologies encore réservées à des prix Nobel il y a cinquante ans.
Évolution des systèmes de sécurité de l'iPhone
Du cookie aux informations de santé, l’enjeu majeur des données personnelles
On le voit, la captation d’informations de plus en plus personnelles et de plus sensibles (géolocalisation, paiement, biométrie et santé) et l’usage permanent d’une connexion internet dans nos vies ont démultiplié les opportunités de collecte de données par les entreprises.
Le mobile a radicalement accéléré le besoin de faire évoluer le cadre juridique autour du consentement et de l’usage des données des utilisateurs, ce qui a notamment abouti à la mise en place du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) en 2018 puis du Digital Markets Act (DMA) et du Digital Services Act (DSA) en 2022.
Au-delà de la réglementation, l’usage du smartphone dans la vie privée, associé aux réseaux sociaux qui permettent une diffusion instantanée et à grande échelle de contenus, bouleverse notre rapport à nous-même et à l’autre.
Une application Santé de plus en plus détaillée
De la voix aux services, mobile is eating the world
En 2014, Benedict Evans publiait une étude devenue célèbre et dont le titre était “Mobile is eating the world”. La tendance ne s’est pas inversée depuis et l’iPhone, en attachant Internet à l'individu, a donné des super pouvoirs à l’invention de Tim Berners-Lee. Informations, médias et réseaux sociaux, divertissement (musique, photographie, cinéma et TV, jeux-vidéos), commerce et paiement, éducation et travail,... au-delà d'internet peu de secteurs semblent échapper au smartphone.
15 ans après son lancement et après avoir écarté tablettes, wearables et vague de l’iOT (sur lesquels il s’appuie), l’iPhone peut aborder la déferlante du Web3 et les 15 années à venir avec une relative sérénité quant à sa place dans notre monde.
Évolution des revenus d'Apple depuis 2010
Pour (re)découvrir la première partie de cet article, rendez-vous par ici.
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