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Transformation digitale ou transformation humaine ?

Publié par Philippe Le Meau le | Mis à jour le

Non, Je ne vous parlerai pas ici de l'homme bionique ou de l'homme augmenté, mais de la transformation digitale des entreprises qui selon moi repose sur une transformation purement humaine : changer d'état d'esprit individuellement pour faire entrer le digital dans notre réflexion quotidienne au sein de l'entreprise.

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Je suis frappé aujourd'hui de voir à quel point les humains qui composent les entreprises, et les comités de direction, font preuve – inconsciemment je l'espère – d'une schizophrénie à l'égard du digital.

En effet, chaque président, chaque directeur général, directeur marketing, etc, est aujourd'hui dans sa vie personnelle totalement utilisateur du digital soit pour lui-même soit via ses enfants ou ses proches, avec une part croissante d'activité digitale dans ses loisirs et dans ses rapports familiaux ou amicaux.

Mais bizarrement, une fois passé le hall d'entrée de l'entreprise ou le seuil de son bureau, tout ceci semble négligé, oublié, nié. En tout cas, pas suffisamment pris en considération.

Prenons un usage indiscutable car constaté par tous : le smartphone

Tout décisionnaire en possède un. Parfois même quasiment l'ensemble des salariés. Et alors que les usages web mobiles sont en train de prendre le pas sur les usages web desktop, très peu de décideurs ont pris conscience que la manière de penser les écosystèmes digitaux et cross-canaux devait plus fortement intégrer le mobile, véritable extension de nous-mêmes.

Outre l'absence de conscientisation du sujet dans certaines entreprises, le problème dans les entreprises plus matures est que personne n'ose proposer le changement de paradigme. Principalement car tout le monde a connaissance des montants déjà investis (quand on ne dit pas « dépensés ») dans le dispositif web classique sur ordinateur. Celui qui va oser dire qu'il faut désormais faire muter cet écosystème digital vers les usages mobiles prend le risque, s'il est à l'origine du dispositif actuel, de se faire traiter d'incapable dont l’absence de vision va encore accroître stupidement les dépenses digitales. Dans le meilleur des cas, s'il est nouveau sur le sujet, il héritera d’un sujet complexe – dépassant le digital pour adresser le cross-canal / cross-device – qui va le mobiliser très fortement pendant des mois, et lui faire goûter aux amicales luttes de territoires et aux foisonnements de préjugés hostiles que le sujet va immanquablement causer au sein de l’entreprise.

Autre exemple : la data

Aujourd'hui, tout le monde parle de Big Data. Chacun est plus ou moins préoccupé dans sa vie privée par l'usage fait par les GAFA, par exemple, de nos données personnelles. Par extension, aucun décideur ne peut ignorer ce sujet de Big Data que le monde économico-médiatique évoque ou invoque comme si l'on parlait du Saint-Graal.

Je ne veux décevoir personne, mais avant de s'attaquer à l'Everest, il conviendrait déjà de franchir le Mont-blanc ou peut-être même d'abord le Mont Ventoux. Car au fond, ces mêmes décideurs savent très bien que leurs entreprises disposent déjà depuis de nombreuses années de sources de données qu'elles n’exploitent pas ou mal. Combien de données statistiques ou de données clients n'ont pas été travaillées et sont devenus inopérantes par manque de nettoyage, ou obsolètes faute de rafraîchissement et d'enrichissement ? Une réponse pourrait effectivement être de mieux agréger les données, et pour cela, il n'y a qu'une prise de conscience et le dialogue interne avec tous ceux qui dans l'entreprise possèdent de la donnée, les little morceaux de la Big Data.

Mais les questions les plus pertinentes sont surtout de définir ensemble QUELLES données doivent être collectées puis étudiées, selon QUELLE méthode objective et QUELLE éthique, par QUI dans l'entreprise et pour faire progresser QUELS KPI ? Or ces sujets sont, à nouveau, sources de craintes injustifiées, de doutes infondés et de frictions défensives au sein de l'entreprise. Car ils nécessitent de mobiliser beaucoup de compétences allant du juridique au marketing en passant par l'informatique, de convaincre aussi bien les stratèges en haute sphère que les opérationnels du terrain, et surtout ils requièrent des investissements qui ne manqueront pas d'émouvoir la direction générale, la direction financière et la direction des achats.

Ces deux exemples sont la preuve que la transformation digitale doit passer par l'humain. Mais quand je dis l'humain, je signifie ce que nous avons en nous de plus profondément humain : le bon sens, la pensée, l’intuition, la projection dans l’avenir. Et aussi par nos capacités humaines à échanger, à co-construire, à travailler ensemble. Je le dis, et ce n'est absolument pas naïf de ma part, c’est uniquement par la capacité des hommes et des femmes dans les entreprises à réfléchir ensemble sur les chantiers de transformation digitale que cette dernière s'effectuera. Il est évidemment illusoire de penser que la technologie s’imposera d’elle-même. Il est peut-être encore plus illusoire de croire que, seul, un Chief Digital Officer, aussi brillant soit-il, y parviendra en mettant tout le monde en mouvement.

C'est au Président, au directeur général d'encourager chaque dirigeant, chaque manager et chaque collaborateur à prendre part à ces chantiers en y mettant son expérience personnelle, son bon sens, son émotion (plaisir ou agacement) liée aux usages digitaux et en travaillant à l'hybridation digitale de ses compétences.

De nombreux chefs d'entreprise ont l'intuition voire la certitude qu'il faut rapidement bouger sur ces sujets digitaux et cross-canaux. Car c'est une course de vitesse à laquelle il est nécessaire de prendre part si l'on veut rester vivant et continuer à se développer. Que ces chefs d'entreprise n'aient pas peur du digital et qu'ils embrassent avec passion ce sujet car il est passionnant et source de vie, de renouveau et de croissance pour l’entreprise de demain ! La peur qui tétanise n'évitera pas les dangers. Alors qu’ils s'emparent avec enthousiasme de ce sujet, car c’est comme cela qu’ils mobiliseront les énergies bien au-delà des profils uniquement digitaux, qu’ils décloisonneront leurs entreprises sclérosées par les silos, les baronnies et les pensées d’un autre temps. Et en hybridant les métiers, ils créeront de la valeur pour l'ensemble de leurs activités, de leurs collaborateurs, et de leurs clients.

Dirigeants, faites appel à votre humanité profonde et à celle de vos collaborateurs pour vous embarquer collectivement dans la merveilleuse aventure de la transformation digitale de vos entreprises !

Philippe Le Meau

Philippe Le Meau

Directeur Général, ADLP Digital

Philippe Le Meau, 39 ans, est en charge de la stratégie, du pilotage et du développement commercial d’ADLP Digital, ainsi que de la [...]...

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