ou le nouveau dopage urbain
Et si les Jeux Olympiques, avant d'être un événement sportif, devenaient un événement urbanistique ? C'est en tout cas le sens de certaines candidatures, et notamment celle de Paris.
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Les Jeux Olympiques ont très souvent été pour les villes organisatrices
l'occasion de revoir leur urbanisme et de se doter de nouvelles infrastructures
et ce, bien au-delà de la construction de nouveaux stades. En 1960, les Jeux
ont été l'occasion pour Rome de construire un nouveau quartier et de poursuivre
une réforme urbaine engagée dans les années quarante. En 1964, Tokyo profite
des Olympiades pour construire ces premières grandes autoroutes urbaines qui
aujourd'hui caractérisent la capitale japonaise. Barcelone saisit l'opportunité
des Jeux de 1992 pour restaurer son organisation urbaine et revoir sa façade
maritime, tout comme Sydney qui aménage une ancienne zone marécageuse et
construit un premier village olympique écologique avec la bénédiction de
Greenpeace pour les JO 2000.
Réaménager Saint-Denis
Les candidatures pour les jeux de 2008 de Toronto, Istanbul, Pékin, Osaka et
Paris s'inscrivent dans cette même volonté d'utiliser les Jeux pour accélérer
la construction de nouveaux aménagements. Certains urbanistes considèrent même
aujourd'hui les JO comme un simple prétexte à financer des projets de
reconversion urbaine. A cet égard, Paris fait figure de modèle. En effet, le
plus gros des investissements d'équipements (8,9 milliards de francs (1) ne se
fera pas sur les équipements sportifs (seulement 1,8 MdF) mais d'une part sur
le village olympique de Saint-Denis (4,1 milliards de francs) qui, à terme,
doit devenir un nouveau quartier à part entière avec université et zones
d'activités et d'autre part sur les transports (2,1 MdF) avec la prolongation
de nouvelles lignes de métro et de tramways. Si Paris est choisie par le CIO le
13 juillet prochain, les Jeux seront l'occasion de boucler l'aménagement de la
plaine Saint-Denis, amorcé avec la construction du Stade de France en 1997.
Renouer Paris avec sa banlieue
De façon plus large, ces
Olympiades seront peut-être aussi l'occasion de repenser les rapports de Paris
avec sa banlieue. C'était en tout cas l'une des ambitions affichées du concours
d'idées lancé par le Comité d'Organisation auprès d'une douzaine d'architectes
français et internationaux. Une ambition quelque peu déçue par des propositions
soit trop banales soit totalement déconnectées des réalités franciliennes (2),
à une exception notable : le projet de Patrick Berger. Ce dernier propose ni
plus ni moins de repenser un grand Paris autour d'une boucle dessinée par la
Seine et les canaux St-Denis et St-Martin (voir ci-dessus). Cette boucle de 42
km, qui pourrait accueillir le parcours du Marathon, permettrait de renouer
Paris avec sa banlieue via leur réseau hydrographique et de faire revivre des
zones comme la boucle de Gennevilliers et la plaine St-Denis. Si ce projet
devait voir le jour, il marquerait pour Paris la fin du "tout voiture" sur les
berges et le développement d'une nouvelle écologie urbaine autour de nouveaux
équipements sportifs. Et dans ces conditions, on ne peut que dire oui aux JO...
et au dopage urbain qu'ils suscitent. (1) Le budget total des Jeux Olympiques
devrait s'élever à 22 milliards de francs, dont 13,1 MdF pour l'organisation et
8,9 MdF pour les équipements. (2) Les réponses au concours d'idées sont
publiées dans Paris-Olympique, Douze projets d'architecture et d'urbanisme pour
les Jeux de 2008. Editions du Moniteur.
UN MUSÉE NUAGE À LYON
Après Bilbao et l'Ile Seguin (voir Marketing Magazine n° 58), Lyon fait à son tour appel à un grand architecte pour construire son futur musée des Confluences destiné tout à la fois à revitaliser son image internationale et réaménager un ancien quartier industriel. Et on ne peut pas dire que le jury ait fait la chose à moitié en choisissant l'équipe autrichienne de COOP Himmelblau et son architecture destructurée. Ce nouveau vaisseau muséographique, aussi innovateur que Beaubourg le fut en son temps, devrait ouvrir en 2005.