Wunderman prêche pour de nouvelles expériences de communication
Au-delà des besoins exprimés par les annonceurs, c'est bien l'observation
des comportements de l'homme qui devrait dicter l'organisation des acteurs de
la communication. Fin observateur du monde qui l'entoure, Philippe Delière,
président de Wunderman, annonçait il y a quelques semaines la nouvelle
organisation de l'agence. Une réorganisation qui marque l'aboutissement d'un
travail de réflexion entamé il y a deux ans. « Pour la première fois depuis
vingt ans, les médias américains sont davantage financés par les consommateurs
que par les annonceurs. D'ici à imaginer que l'opinion des consommateurs
devienne plus importante que celle des annonceurs, il n'y a pas loin. Par
ailleurs, le consommateur dispose aujourd'hui d'une batterie d'outils qui lui
permettent de zapper la publicité. Aussi bien sur le petit écran, à travers des
systèmes du type Tivo, que sur le Net où il lui suffit de télécharger des
outils anti-pub. Si on ajoute à cela le développement des chaînes du câble qui
parcellise l'audience, on aura compris que les médias et la consommation de
masse le sont de moins en moins. Face à ces bouleversements, nous devons créer
des expériences de la communication », analyse Philippe Delière. Début 2004, ce
constat conduisait l'agence à faire évoluer son organisation et à intégrer les
activités de sa filiale Wunderman Interactive.
L'interactivité au cœur de l'agence
Fin 2004, la touche finale est mise avec
l'adoption d'une nouvelle organisation qui repose sur cinq directions
générales. David Laloum et Pete Pierce se partagent les commandes du
développement commercial, François Renard supervise la création, Shawn Burns
(ex-patron de l'agence de Mexico) prend en charge le planning et les
technologies et Frédéric Misk-Malher, les finances, le juridique et les RH. «
La structure organisationnelle de l'agence est aujourd'hui en phase avec notre
vision qui consiste à créer des liens entre les métiers. Exemple, trois
planneurs sont physiquement au même endroit que le développeur technologique.
L'interactivité est vraiment au cœur de l'agence », poursuit Philippe Delière.
Une interactivité qui doit permettre à la communication de redevenir désirable.
« L'exposition aux messages fait-elle encore sens ? Comment passer de l'ère de
l'information à l'ère de la mise à disposition ? », s'interroge et interroge
Philippe Delière. Pour le patron de l'agence, ce qui fait sens, c'est la
logique participative, l'accélération des expériences qu'une marque propose aux
consommateurs, et peu importe les outils. Dès lors, l'éternel débat sur la
prévalence d'un métier par rapport à un autre n'a plus de raison d'être. Si le
débat doit avoir lieu, il doit concerner les moyens. « Le marketing direct
s'est défini par rapport à des outils, la pub se définit par rapport à une
conceptualisation. Si on parvient à juxtaposer les deux compétences, à faire
travailler ensemble les équipes, on n'est plus très loin du meilleur des mondes
», note Philippe Delière. Qui compte bien développer des collaborations et des
enrichissements croisés avec les stratèges de l'agence Young & Rubicam.
D'autant que son nouveau président, Eric Tong Cuong est de longue date converti
à l'interactivité.