ViaMichelin roule à vive allure
Lancée il y a six mois, la nouvelle filiale européenne de Michelin d'aide à la mobilité des automobilistes annonce le respect de son calendrier, et l'atteinte de ses premiers objectifs. Au-delà d'un simple clic gratuit, c'est un modèle européen multicanal et payant que le géant du pneu essaie de développer au niveau européen.
«Nos résultats sont supérieurs à nos objectifs et nos coûts moindres à ceux
initialement prévus », se félicitait Alain Cuq, P-dg de ViaMichelin, lors de la
présentation des premiers résultats. Et de poursuivre, « si le Minitel est
encore dominant (80 %), nos sources de revenus se diversifient. Internet dégage
même des revenus publicitaires en croissance continue depuis juin 2001 ». Avec
un chiffre d'affaires de sept millions d'euros prévu pour 2001 et un site grand
public gratuit qui attire deux à trois millions de visiteurs par mois,
l'opérateur comptabilise également 60 000 abonnés à sa newsletter et un trafic
de centaines de mails par jour. ViaMichelin s'appuie sur le savoir-faire de la
marque dans l'édition touristique pour proposer une multitude de services
cartographiques sur 43 pays européens : préparation d'itinéraires, accès à la
sélection des hôtels et restaurants issus du Guide Rouge Michelin (70 000
établissements), découvertes de sites et de circuits touristiques (Le Guide
Vert), informations en temps réel sur le trafic en France en partenariat avec
MédiaMobile, service météo dans 1 000 villes d'Europe en partenariat avec WSI
Corp, plus de 5 000 plans de villes dans 13 pays d'Europe. Le site propose
également des options de personnalisation avancées et des possibilités de
sauvegarde dans un espace privé afin de se constituer un véritable mini-guide
sur mesure.
Des solutions B to B
Mais, au-delà de son
offre internet, et c'est là une des clés de voûte du modèle, ViaMichelin
propose également aux grand public une gamme de services off line et de
téléphonie mobile. Des CD-Rom de navigation embarquée sont disponibles et très
bientôt les internautes pourront télécharger des logiciels (le Guide Rouge
France et Europe) pour assistants numériques à partir de leur micro-ordinateur.
En outre, des accords ont déjà été passés avec Orange France Télécom, T-Motion
Deutsche Telekom, e-mocion Telefonica et d'autres opérateurs télécoms européens
et de nouveaux services seront bientôt commercialisés. Au-delà de sa dimension
B to C, la filiale de Michelin sait également que la viabilité de son modèle
passe par le "business service" et propose aux entreprises des solutions de
géolocalisation en marque blanche. Activité payante dont elle ne souhaite pas
divulguer le chiffre d'affaires mais sur laquelle elle intensifie ses efforts
et son offre. La première en mode "ASP", dite "clés en main", prête à l'emploi
et personnalisable. La seconde en mode "API" répond à des besoins d'intégration
technique plus complexes. Manpower l'utilise déjà sur son site pour localiser
ses agences ainsi que Coface SCRL spécialisé dans les annuaires professionnels.
Le groupe LucienBarrière est en pourparlers. Parallèlement, ViaMichelin
finalise son offre "fleet services" destinée aux transporteurs routiers afin de
leur offrir des informations adaptées à leur type d'itinéraires. Résolument
décidé à devenir le leader européen des services numériques d'aide à la
mobilité des automobilistes, ViaMichelin vient d'ouvrir des bureaux en
Allemagne, au Royaume-Uni - où il a également lancé un site internet et prévoit
d'en ouvrir prochainement en Espagne et en Italie. Son point d'équilibre est
prévu en 2004, date à laquelle Michelin saura s'il a eu raison d'investir 100
millions de francs, sur 3 ans, et d'avoir pris le temps de mûrir son modèle
économique. Loin des sirènes du "tout-clic".