Vers la fin des "Alicaments"
"De ton aliment, tu feras ta première médecine." Proférée au IVe siècle
avant J.-C. par Hippocrate, le "père" de la médecine, cette maxime est
aujourd'hui reprise par tous ceux qui veulent justifier la mise sur le marché
de produits alimentaire à vocation santé. On le sait, le consommateur fait de
sa santé une préoccupation majeure. Et c'est tout naturellement qu'il associe
santé et nourriture. De la même manière qu'il sait qu'une mauvaise alimentation
peut jouer un rôle néfaste sur sa santé, il sait qu'à l'inverse, l'alimentation
peut avoir un effet bénéfique et peut aider à soigner certaines pathologies
dont la cause est très souvent en rapport avec l'alimentation : problèmes
cardio-vasculaires, ostéoporose, transit difficile, diabète, etc. Par ailleurs,
le niveau d'expertise du consommateur a considérablement évolué ces vingt
dernières années. Alors qu'hier, le consommateur avalait sans sourciller ce qui
lui était proposé, il est aujourd'hui nettement plus critique parce que
beaucoup plus informé. Il dispose en effet d'informations largement diffusées
par les médias et les industriels eux-mêmes. En exigeant des garanties
nutritionnelles sur les produits qu'il achète, le consommateur veut tout
simplement comprendre les effets positifs que ces produits auront sur son
corps. Les produits avec promesses santé sont de plus en plus nombreux. Mais,
en la matière, force est de constater que les échecs sont nombreux. Poussés par
l'engouement médiatique pour les trop fameux "alicaments", certains industriels
se sont engagés dans une voie sans issue en se trompant de rôle. A trop vouloir
soigner, ils ont peut-être oublié que la première revendication du
consommateur, en matière de consommation alimentaire, reste la recherche de
plaisir. Est-ce à dire qu'il n'y a pas de place pour les produits alimentaires
à promesse santé ? Non, bien sûr, mais, répétons-le, seulement si la promesse
de plaisir est prioritairement satisfaite. La notion de bonne santé
n'apparaissant que comme une garantie de ce plaisir. Et là, le potentiel est
sans aucun doute très important. Les consommateurs sont, on l'a vu, de plus en
plus sensibles et préoccupés par leur état de santé général. Et ces
consommateurs seront de plus en plus nombreux (papy boom) et vivront de plus en
plus longtemps. Deux informations anodines devraient aujourd'hui bouleverser
les états-majors des industriels : une petite fille née en 2000 a une chance
sur deux de fêter 2 100 ; l'année 2005, verra davantage de plus de 55 ans que
de moins de 18 ans. C'est donc à une population grandissante, et de surcroît
qui vit de plus en plus longtemps, que les industriels s'adressent. De
nouvelles revendications de maintien durable en bonne santé et en bonne
"apparence" devraient apparaître. Ainsi, le consommateur sera sensible aux
produits alimentaires "plaisir" et "pratique" qui participe à son maintien en
bonne forme tout au long de sa vie et surtout dans ses dernières dizaines
d'années de vie. Et il s'agit plus, ici, de prévention que de soin. On peut
donc facilement imaginer que les produits à fortes promesses santé
d'aujourd'hui laissent place à des produits "plaisir" à bénéfices santé
programmés que l'on consommera dès les premières années de vie.