Vers l'Eldorado chinois
Le Sial Shanghaï vient de fermer ses portes. Si la Chine est avant tout un formidable potentiel pour les exportateurs du monde entier, il ne faudrait pas négliger le formidable poste d'observation que représente ce pays-continent pour les innovateurs du monde entier.
Je m'abonne
Côté produits, le Sial Shanghaï proposait deux approches selon qu'il
s'agisse d'exposants asiatiques ou occidentaux. Dans le premier cas, l'offre
était très traditionnelle, mettant particulièrement en avant les bénéfices
fonctionnels des produits en matière de santé d'une part, de dynamisme ou de
relaxation d'autre part. Il est intéressant de constater l'importance de la
promesse "naturalité" mise en avant par les exposants. Naturalité par le mode
de production (tradition), mais aussi par les ingrédients sélectionnés ou
d'origine. Il est vrai que nos déboires en matière de sécurité alimentaire font
rapidement le tour de la planète et, de plus, les Chinois sont très sourcilleux
sur la qualité de ce qu'ils mangent. L'offre des exposants étrangers reste
particulièrement basique pour un observateur occidental. La Chine vient de
s'ouvrir à la grande consommation telle que nous la concevons et découvre,
au-delà des produits à forte croissance (produits laitiers, boissons
alcoolisées, eaux minérales), des produits de type snacking, confiserie,
biscuits, pâtes, boissons, huiles d'olive et autres. Les célèbres Carambar et
biscuits La Trinitaine ont eu, semble-t-il, beaucoup de succès, tout comme
certains cafés italiens particulièrement appréciés par les visiteurs ! La
plupart des exposants étrangers avaient eu la sagesse de s'entourer de leur
partenaire chinois tant il est vrai, qu'exporter vers l'Empire du Milieu
nécessite une connaissance parfaite des rouages du commerce et des habitudes
locales. Certains exposants de l'édition précédente nous ont exprimé leur
satisfaction d'avoir pu envoyer leurs deux premiers conteneurs seulement
quelques mois après le salon grâce à l'action conjuguée d'un partenaire
efficace (le plus souvent de petits opérateurs privés et dynamiques). Certains
exposants dont c'était le premier Sial en Chine, exposaient, justement, pour
trouver ce bon partenaire. Parce que l'enjeu est énorme. La Chine, c'est 9 600
000 km2, dixsept fois la France. Dix-sept villes de plus de 2 millions
d'habitants !, dont Shanghai, 10, 7 millions intra-muros et 20 millions
d'habitants avec sa... banlieue (un tiers de la population française à elle
seule) et 80 millions d'habitants pour le seul bassin shanghaien. Certains ont
compris la richesse de l'Eldorado chinois et ont déjà pris quelques longueurs
d'avance. Tels McDonald's et ses 217 restaurants ou Carrefour, fort de ses 27
magasins en quatre ans dans quatre grandes régions le Nord (Pékin), l'Est
(Shanghaï), le Sud (Canton) et le Centre (Wuhan). Certes, le panier moyen
chinois n'est pas très élevé (environ 90 francs pour Carrefour et c'est une
moyenne haute) et très alimentaire (41 % du CA du commerce de détail sur
Shanghaï), mais c'est dans le nombre de consommateurs qu'il faut voir le
potentiel du marché chinois. Un marché que l'on peut segmenter en trois
catégories de consommateurs : - les riches, 1 % de la population (soit plus de
10 millions de personnes tout de même !), - la classe aisée, entre 3-5 % de la
population (70 millions de consommateurs) au revenu moyen de 3 000 à 5 000
dollars américains, - la classe moyenne, 10 à 15 % de la population soit plus
de 200 millions de personnes au revenu moyen de 1 500 à 3 000 dollars
américains,. C'est cette dernière catégorie qui représente, évidemment, le plus
fort potentiel. Des Chinois qui découvrent les joies du premier équipement (les
téléviseurs et les fours à micro-ondes font un tabac !) et les produits
alimentaires de type occidentaux. A la fois poste d'observation privilégié pour
les innovateurs du monde entier et formidable potentiel d'exportation pour les
occidentaux, la Chine pourrait très bien être le nouvel Eldorado des prochaines
années en matière de grande consommation...