Vers des “Tours Bus Hôtels” ?
Chaque moyen de transport a généré un lieu de transit et un type d'hôtel
propres. Au XIXe siècle, le train a donné naissance à la gare et au grand
hôtel, l'avion a contribué au développement d'une hôtellerie destinée à
remplacer la ville au cœur des plates-formes aéroportuaires, tandis que le
paquebot mariait, lui, ces deux logiques en devenant un hôtel flottant. De son
côté, la voiture générait le développement, à partir des années 30 aux
Etats-Unis, du motel. Un modèle d'hébergement qui s'essouffle dans certaines
régions touristiques, comme Miami ou Las Vegas au profit de méga-hôtels
spécialement calibrés pour absorber les flux toujours plus importants de
touristes.
Une fonction de redistribution
Si
aujourd'hui, l'explosion du tourisme urbain dans les grandes villes européennes
n'a pas encore engendré de mutations hôtelières significatives, la lutte contre
la pollution urbaine et la bataille engagée contre l'envahissement des “cars à
touristes” du cœur des villes pourrait radicalement changer les choses dans les
vingt ans qui viennent. L'idée serait en effet de créer aux portes des cités de
vastes gares routières d'un genre radicalement nouveau. Nouveau, à la fois par
leur vocation de redistribution des touristes arrivant en bus vers d'autres
moyens de transport non polluants (voiture ou mini-bus électriques ou à
hydrogène), mais aussi par leur vocation mi-hôtelière, mi-camping. A la
traditionnelle aire de parking autoroutière associant une station-service, un
restaurant et parfois un hôtel bon marché, se substituerait une “vraie gare”
multiservice, permettant à chacun de trouver un hébergement et des moyens
d'accès non polluants vers la ville. Si ce type de projet n'a pas encore trouvé
de concrétisation politique, certains jeunes architectes imaginent déjà ces
futurs lieux de transit. Une équipe américaine présentait ainsi récemment à la
Biennale d'Architecture de Venise un projet de Tour Bus Hôtel qui, sur le plan
formel, n'est pas forcément des plus séduisants, mais qui est bien la preuve
que la hausse du trafic de bus et le besoin de lutter contre leurs nuisances va
peut-être faire naître de nouveaux types d'équipements jusque-là inconnus.
Venise, comme modèle
De leur côté, la ville et le port
autonome de Paris imaginent de transférer les touristes arrivant et se
déplaçant en cars dans la capitale vers des nouveaux bateaux-bus, dont le point
d'embarquement pourrait être les docks de Paris, installés entre la gare de
Lyon et d'Austerlitz. C'est, dans ce cas, Venise et ses vaporetti qui servent
de modèle.