The Phone House, le bon mobile...
"Vieux de la vieille" à seulement cinq ans, The Phone House fut l'un des tout premiers distributeurs à s'engager dans l'aventure de la téléphonie mobile. Il est encore l'un des premiers à prendre le virage des nouvelles technologies. Autant dire que l'enseigne fait tout pour avoir les bonnes cartes en main... sur un marché qui n'en reste pas moins rempli d'incertitudes.
HISTORIQUE
1989 : Création du groupe The Carephone
Warehouse en Grande-Bretagne. Celui-ci va connaître une croissance rapide
durant les années 90. Août 1996 : Création de The Phone House, en France, par
Geoffroy Roux de Bézieux et Pierre Cuilleret. Mars 1997 : The Carephone
Warehouse, qui vient de commencer son expansion en Europe, entre au capital à
hauteur de 75 %. C'est la marque The Phone House qui sera utilisée dans la
plupart des pays d'Europe (sauf au Royaume-Uni et en Irlande). Octobre 1997 :
Reprise de 22 points de vente du réseau Viséa. Mars 1998 : Signature d'un
partenariat avec Virgin et ouverture du premier espace The Phone House au sein
du Virgin Megastore des Champs-Elysées. Avril 1998 : Premières ouvertures en
province. Septembre 1999 : The Phone House rachète Fnac Télécom. Mars 2000 :
phonehouse.fr devient un site marchand. Juin 2000 : Worldwide Telecom (Groupe
The Phone House/CPW) s'introduit à la Bourse de Londres.
PRINCIPAUX DIRIGEANTS
Président : Geoffroy Roux de
Bézieux. Directeur Général : Pierre Cuilleret.
CHIFFRES CLÉS
The Phone House en France - Chiffre d'affaires : Près de
700 MF pour l'exercice clos le 31 mars 2000. Sur le premier semestre de
l'exercice actuel (clos fin septembre 2000), The Phone House a réalisé 670 MF
de CA. Les prévisions pour l'exercice 2001 (clos le 31 mars) sont supérieures à
1 milliard de francs. - Réseau : Environ 130 magasins (nombreux changements
d'enseignes actuellement) répartis dans une cinquantaine de villes en France.
Prévision de 170 magasins fin 2001. - Effectifs : 700 personnes. Groupe The
Carphone Warehouse - Chiffre d'affaires : 1,028 milliard d'euros (pour
l'exercice clos le 31 mars 2000). - Plus de 850 magasins en Europe, répartis
dans 14 pays : Royaume-Uni, Irlande, France, Espagne, Pays-Bas, Belgique,
République Tchèque, Allemagne, Suède, Suisse, Pologne, Italie, Hongrie et
Portugal. - 4 500 collaborateurs. - 2,5 millions de connexions. CPW/The Phone
House se présente comme le premier distributeur paneuropéen indépendant de
produits et services de téléphonie mobile. Premier ? Cela ne fait guère de
doute, avec une position de leader en termes de parts de marché au Royaume-Uni,
en Irlande, en Espagne, aux Pays-Bas, en Suède et en France (premier
spécialiste, mais devancé par des enseignes de grande distribution, telles que
Carrefour ou Auchan, par des enseignes spécialisées type Darty, ou encore par
les agences France Télécom...). The Phone House évalue sa part de marché à 4 %,
ce qui, au passage, montre à quel point le marché est atomisé. Indépendant ?
C'est le positionnement prôné par The Phone House et c'est, selon le groupe,
une des raisons majeures de son succès, dans la mesure où cette politique
garantit un conseil impartial. Choix entre trois réseaux, complexité des
formules d'abonnement, multiplicité des offres promotionnelles..., sur le
marché de la téléphonie mobile, la décision est bien difficile à prendre pour
le consommateur. Il faut donc être capable à la fois de conseiller ce dernier
et de lui inspirer confiance. D'où la mise en place, par l'enseigne, d'un guide
disponible gratuitement en magasin, "véritable vade-mecum de la téléphonie
mobile" (diagnostic des besoins, tarifs, couvertures réseaux et appareils,
indications budgétaires...). Diffusé à plus de 2 millions d'exemplaires, il est
édité 6 à 8 fois par an. D'où la mise en place aussi d'un Numéro Indigo,
destiné à répondre à toutes les questions des utilisateurs. Environ 2 000
appels par semaine sont enregistrés. D'où la mise en place encore, au niveau
des collaborateurs, d'une solide politique de formation. Tant sur le terrain
qu'au siège, tant pour entrer dans l'entreprise qu'en matière de formation
continue. Cette formation s'inscrit d'ailleurs dans une vision assez moderne du
management que les responsables de l'enseigne n'hésitent pas à qualifier de
"démocratie d'entreprise". Dès 1998, des bons de souscription, transformés en
stock-options lors de l'entrée en Bourse, ont été distribués. 25 % des
collaborateurs en bénéficient. En 1999, c'est un questionnaire qui est proposé
à la totalité des collaborateurs afin de recueillir leur avis sur l'image de
l'enseigne, les besoins de formation, la communication interne, etc. "Tout est
passé au crible de l'oeil observateur du salarié." Et les réponses sont
vraiment prises en compte dans le management, assure l'entreprise.
Parallèlement aux points de vente, un site marchand (www.phonehouse.fr) a été
mis en place. Dans le même esprit que le catalogue, il propose, entre autres
rubriques, un "guide interactif" qui permet à l'internaute de présenter sa
problématique de téléphonie mobile (avez-vous déjà un téléphone mobile ? quel
est votre budget ? quels types d'appels allez-vous passer et pour quel type de
destinations?...). Sur la base des réponses fournies, l'internaute se voit
proposer des solutions adaptées. 1 million de pages sont consultées chaque
mois. The Phone House assure par ce biais 300 ventes par semaine pour un panier
moyen de 750 francs.
Des axes de développement clairement définis
Les péripéties qui agitent l'univers de la téléphonie
mobile n'ébranlent en rien les certitudes de The Phone House. Se plaçant plutôt
dans une perspective européenne, le groupe table sur une rapide expansion de
son réseau de vente, à la fois par croissance interne et par acquisition. En
Allemagne, par exemple, il a repris l'année dernière une centaine de points de
vente. Et en France, il a racheté, en août dernier, 28 magasins à Multiples,
dernière acquisition en date. Croissance, donc, à travers son réseau de
distribution et par le développement de la vente en ligne. Parallèlement, The
Phone House prend position dans l'accès mobile à Internet. Si le discours est
prudent ("il faut être patient et motivé pour utiliser ces services"), le
groupe y croit dur comme fer. En témoignent les investissements réalisés et le
lancement de son propre portail Wap en septembre 2000. Baptisé Mviva, ce
portail a été mis en place via une filiale commune avec AOL Europe (15 % pour
ce dernier). Mviva est préprogrammé sur les téléphones Wap vendus par The Phone
House et, bien sûr, disponible sur le Web (www.mviva.com). Une croissance du
marché à faire pâlir d'envie la plupart des secteurs, des positions fortes, une
expertise reconnue et appréciée, une volonté d'anticiper sur les technologies
de demain... Tout s'annonce bien pour The Phone House. Mais quelques
clignotants ne manquent pas d'attirer l'attention. Plus d'ailleurs sur le
marché dans son ensemble que sur l'enseigne elle-même. 2000 fut une année
décevante pour le marché hexagonal de la téléphonie. On tablait sur 16 à 18
millions de téléphones vendus, "seuls" 13 millions l'ont été. Un phénomène dû
essentiellement à la brutale hausse des prix enregistrée en janvier 2000.
Ainsi, un client The Phone House dépensait, en décembre 2000, 96 francs de plus
(soit 475 F) qu'en décembre 1999. Chez The Phone House, on se veut toutefois
optimiste pour l'année en cours. L'enseigne estime que les opérateurs devraient
repartir à l'offensive une fois les licences UMTS attribuées et table sur un
taux de pénétration de 60 à 65 % fin 2001. La France rejoindrait ainsi la
moyenne européenne. Déception également au niveau du Wap, dont le moins que
l'on puisse dire est qu'il ne soulève pas l'enthousiasme. Jugé trop lent, à la
navigabilité aléatoire, délaissé par les clients, il est fustigé de toute
part... The Phone House considère qu'il s'agit là d'un faux débat dans la
mesure où de toute façon, le Wap s'imposera. « Pour le moment, c'est le Minitel
sur son portable. Demain, ce sera Internet », explique l'enseigne. Le Wap est
donc plutôt vécu comme une transition indispensable vers les versions futures
de l'Internet mobile (GPRS puis UMTS). Et plutôt que de s'attacher à ces
jugements sévères, l'enseigne préfère s'appuyer sur le taux de satisfaction
élevé des "waponautes" (70 %), tablant du même coup sur une expansion plus
rapide en 2001. Autre facteur d'incertitude, la volonté manifeste de reprise en
main par les opérateurs à travers le développement des "réseaux propriétaires".
Ce qui n'est n'était pas possible dans une phase de croissance échevelée le
devient dès lors que des signes de maturité apparaissent. Chez France Télécom,
à côté des agences du même nom, on met en avant le réseau de distributeurs
indépendants Mobistore (150 points de vente prévus pour 2001), Cegetel cherche
à fédérer ses différentes enseignes sous l'enseigne e-phone, alors que Bouygues
Telecom opte pour une logique de club. Le tout sur fond de réduction drastique
des subventions accordées par les opérateurs à leurs distributeurs. Principales
victimes de cette évolution, les petits indépendants, qui n'ont d'autre choix
que se soumettre (rejoindre une grande enseigne) ou disparaître. Pour les
réseaux indépendants mieux structurés (The Phone House, Avenir Télécom...), la
donne est totalement différente. Devenus suffisamment gros, ils sont
aujourd'hui de véritables partenaires pour les marques de portables comme pour
les opérateurs eux-mêmes. Il n'en reste pas moins qu'il est bien difficile de
prévoir ce que sera demain le paysage de la distribution. Seule certitude, le
glas a sonné pour les petites échoppes qui ont fleuri ces dernières années.
Est-ce un mal ? L'incertitude vaut également au niveau de l'offre. Les vendeurs
de téléphones mobiles sont devenus des vendeurs de services. Puis la passerelle
avec Internet s'est faite tout naturellement. The Phone House a clairement fait
le choix du Wap et, sur les étagères des spécialistes de téléphonie mobile, les
assistants personnels de type Palm, Visor ou Psion sont de plus en plus
présents. Avec le développement de la technologie UMTS, on parle déjà de
multimédia sur les portables. Mais quelle forme prendront ces passerelles entre
téléphonie mobile et multimédia ? Sur quel type d'offre cela débouchera-t-il ?
A quel genre de mariages faut-il s'attendre ? Nul ne peut encore le dire. Dans
ce marché "extrême" qu'est celui de la téléphonie, il y aura encore beaucoup de
choix à faire, d'arbitrage à réaliser, tant au niveau des opérateurs que des
distributeurs. Gare à ceux qui se tromperont...