Studio, Ciné Live, un mariage de raison?
Deux pages se tournent. Sur le marché de la presse cinématographique, Studio Magazine et Ciné Live ont tiré leur révérence, après respectivement 22 ans et 11 ans d'histoire. «Parce qu'il existe trop de titres sur le marché», a expliqué Philippe Boulnois, directeur de la publication et directeur général de Roularta France au Salon du Cinéma le 16 janvier dernier. «Plutôt que de subir», le groupe de presse belge a décidé durant l'été 2008 de «prendre l'initiative», en n'éditant plus qu'un seul magazine cinéma au lieu de deux.
En 2004, Roularta avait acheté Studio Magazine à Emap, avant d'acquérir, en 2006, Ciné Live détenu alors par Cyber Press Publishing. A l'époque, le groupe annonçait qu'il comptait ainsi doubler sa présence sur le marché du cinéma. Début 2009, changement de cap, et place à la fusion, avec un nouveau magazine «totalement repensé et contemporain», selon Philippe Boulnois, au titre néanmoins dénué de toute originalité, Studio Ciné Live.
L'objectif est clair: arriver au même niveau que le leader, Première, fort de 103 580 exemplaires en diffusion payée individuelle et 157 186 exemplaires en diffusion France totale. En comparaison, Studio Magazine et Ciné Live enregistraient respectivement 67 253 exemplaires et 66 093 exemplaires en diffusion payée individuelle (85 888 et 84 766 exemplaires en diffusion France totale - source: OJD) des chiffres en baisse depuis 2006 pour Ciné Live et depuis 2007 pour Studio. Face à une lassitude éventuelle vis-à-vis des nouvelles formules et à l'attrait d'Internet, les lecteurs semblent délaisser les titres de presse. Aussi Roularta entend-il proposer «une nouvelle approche d'un magazine de cinéma», à une époque où ce dernier se consomme de différentes façons.
Réinventer le magazine de cinéma
En kiosque depuis le 28 janvier dernier au prix de lancement de 3,50 E en grand format, et de 2,90 E en petit format, Studio Ciné Live cible les 18-35 ans. «On part de l'historique des deux titres, mais on a envie de réinventer un nouveau magazine de cinéma», souligne Fabrice Leclerc, ex-rédacteur en chef de Ciné Live et nouveau rédacteur en chef de Studio Ciné Live. Les journalistes ne prenaient plus plaisir à faire des interviews «passages obligés», les lecteurs dénonçaient le manque de prise de position des critiques et le manque d'originalité des articles. Fabrice Leclerc explique que le contenu du nouveau magazine se veut donc plus journalistique, avec des enquêtes approfondies et surtout de la plus-value face à ce que l'on peut trouver sur la Toile. «L'idée, c'est d'allier la modernité de Ciné Live et le côté glamour de Studio Magazine», résume Fabrice Leclerc. Si certaines rubriques ont été conservées, de nouvelles font leur apparition, à l'instar de celle consacrée à la VOD, ainsi que de nouveaux chroniqueurs comme Pierre Lescure. La partie traitant des séries TV et des DVD a été renforcée. La maquette est également repensée afin de refléter au mieux les sujets traités. Par ailleurs, un portail web devrait ouvrir autour d'un rapprochement avec le département culturel du site de L'Express.
Roularta n'a pas lésiné sur les moyens pour ce lancement. Une campagne de communication de 550 000 euros réalisée par l'agence de presse a été déclinée en affichage, télévision, radio, sur Internet et en points de vente, sous le slogan «Vivez Cinéma». Reste une inconnue: la réaction des abonnés (plus de 30 000 pour Studio, plus de 19 000 pour Ciné Live), en premier lieu ceux de Studio. En effet, si les plumes de Ciné Live demeurent en place, l'ancienne équipe de Studio Magazine a en revanche perdu son directeur de la rédaction, sa rédactrice en chef et son directeur artistique... Verdict dans quelques numéros.