Score-Games joue et gagne
Le marché du jeu vidéo a ses enseignes spécialisées. Score-Games en fait partie. Désormais adossée à un géant européen du secteur, l'enseigne peut non seulement peaufiner son concept, ce qu'elle faisait très bien avant, mais aussi envisager un développement plus soutenu. Indispensable pour jouer les premiers rôles.
Juin 1992 : un petit magasin de 65 m2 dédié aux jeux vidéo ouvre ses portes
rue des Ecoles, à proximité des universités, dans le Ve arrondissement de
Paris. Il devient rapidement un rendez-vous incontournable pour les amoureux
des Megadrive, Super Nintendo et autres Nec. 28 août 2002 : Score-Games ouvre
son 47e magasin dans le dernier centre commercial à la mode, Carré Sénart en
Seine-et-Marne. Dix ans et quelques générations de consoles plus tard, le
magasin est donc devenu enseigne. Score-Games n'est pas leader sur son marché.
Des enseignes spécialisées, telles que Micromania (plus de 100 boutiques) ou
Stock Games, voire des enseignes généralistes, telles la Fnac, peuvent
revendiquer un périmètre plus large. Mais Score-Games, qui fait partie du
peloton de tête, est sans conteste l'un des acteurs les plus dynamiques de la
vente de jeux vidéo en France. Comme ses concurrents, Score-Games s'appuie
tout d'abord sur un marché porteur. La vague des jeux vidéo s'apparente plutôt
à un raz-de-marée. En 2000, le marché mondial représentait près de 15 milliards
de dollars. Le budget moyen consacré à l'achat de jeux vidéo atteignait 16 $
pour un enfant européen et... 57 $ pour un enfant américain (source : NPD Group
Worldwide) ! Des jeux vidéo qui, en 2001, ont rapporté 5,8 Md$ de CA à Sony,
3,7 Md$ à Nintendo, 1,3 Md$ à Electronics Arts, 0,93 Md$ à Sega et 0,69 Md$ à
Squaresoft... En France, les ventes de logiciels de loisirs (26,2 millions) ont
généré 823,22 millions d'euros de CA en 2000, 51 % de ces achats étant dédiés
aux jeux pour consoles (source : La Revue du Jouet). Une mine d'or, donc. Mais
un marché dynamique n'a jamais été synonyme de pérennité pour ses acteurs. Il
faut se faire une place dans la jungle des distributeurs, et ce n'est pas le
moindre des mérites de Score-Games que d'être toujours de la partie. Même si,
là encore, le contexte s'est avéré favorable : face à des grandes surfaces qui
ont encore beaucoup à apprendre en matière de vente de jeux vidéo, les
spécialistes ont eu tout loisir de se faire une place au soleil. Certes, pas
les petits indépendants, qui auront bien du mal à survivre. Mais ceux qui ont
su bâtir des enseignes cohérentes. Score-Games en fait partie.
Le concept Score-Games
Les jeux vidéo sont histoire de passion. La
vente de jeux vidéo doit être le reflet de cette passion. « Elle ne saurait
être froide et insipide », affirme l'enseigne, définissant ainsi son credo en
même temps que sa principale différence par rapport aux magasins généralistes.
Le concept point de vente est finalement assez conforme à ce que l'on peut en
attendre : une architecture colorée et lumineuse (le rouge et le jaune sont les
couleurs historiques de Score-Games) pour des boutiques conviviales et
marchandes. Dans le tout dernier concept développé à Carré Sénart, l'enseigne
évoque toutefois des couleurs plus sobres. Les nouveautés et les jeux à
précommander y sont mis en avant à l'entrée du magasin.
Tout est fait,
bien sûr, pour présenter de façon optimale les consoles et les jeux, les
premières permettant de tester les seconds. Mais rien, jusque-là, de
véritablement différenciant. Il n'en va pas de même de l'assortiment.
Score-Games procède au référencement systématique de tous les jeux vidéo sur
console. Soit, pour un magasin type, près de 5 000 références (l'enseigne
évoque un total de 20 000 références au catalogue sur le global jeux vidéo +
consoles + DVD + accessoires neufs et d'occasion), quand les enseignes
concurrentes ont plutôt tendance à privilégier les nouveautés et les fortes
rotations. Même constat concernant les jeux d'occasion, dont Score-Games est à
l'origine du concept. Les prix sont inférieurs de 30 à 80 % à ceux du neuf et
l'occasion représente des volumes considérables. Jusqu'à 30 ou 40 % de
l'activité des boutiques. Avec ce "deuxième métier", le client, en quelque
sorte fournisseur à part entière, ramène ses jeux. Ils sont repris, rachetés et
échangés selon la côte argus Score-Games. Côté merchandising, les jeux
d'occasion sont proposés dans les rayons, au côté des jeux neufs, mais
clairement signalés. Le poids de l'occasion, en même temps que la forte
volatilité des produits (en quelques jours, des nouveautés peuvent être
obsolètes) impliquent une grande souplesse et une forte modularité des éléments
mobiliers. Cela afin de faciliter le merchandising. Le conseil est une autre
caractéristique de l'enseigne. Le système de vente est celui du libre-service
assisté. En l'occurrence, assisté du conseil d'un vendeur, en général très
jeune, passionné et fin connaisseur des jeux sur console et sur PC. Enfin,
Score-Games se caractérise par une forte volonté d'animation, souvent synonyme
d'ouverture sur les nouvelles technologies et d'essai de matériel. Outre un
site internet très riche, Score-Games a développé une activité de jeux en
réseau sur PC dans une vingtaine de magasins. Les clients peuvent ainsi tester
les joies du "multiplayer" et de l'Internet. Tous les derniers jeux sont à
l'essai et Scores-Games organise des tournois pour les plus célèbres d'entre
eux. Autant d'éléments qui génèrent à la fois du trafic et de la fidélisation.
Comme le font d'ailleurs la carte de fidélité proposée par l'enseigne ou les
partenariats avec des cinémas et des enseignes nationales.
Perspectives
En octobre 2001, Score-Games était racheté
par le britannique Electronics Boutiques, devenu depuis The Game Group. Premier
groupe européen spécialiste du jeu vidéo, The Game Group gère un réseau de
quelque 320 magasins au Royaume-Uni et en Irlande. Le groupe est également
présent en Suède, en Espagne (avec l'acquisition en 2001 de l'enseigne
CentroMail, 70 magasins), et donc, en France. Soit un parc hors Royaume-Uni et
Irlande de 120 boutiques. Scores-Games est donc tombé dans l'escarcelle d'un
géant du secteur. Si la nostalgie gagnera certains, il est clair que cette
acquisition lui donne les moyens de ses ambitions. Ce qui n'était pas toujours
le cas auparavant. De fait, The Game Group a d'emblée affiché sa volonté de
développer Score-Games et le rythme d'ouvertures actuel indique la tendance.
Cinq ouvertures durant l'été, quatre pendant l'automn... Il faut bien ça pour
atteindre l'objectif affiché de 60 boutiques à la fin de l'année et de 100 à
120 boutiques à l'horizon 2004. « Hors croissance externe », précise le groupe,
tant il est vrai que sur ce marché en forte concentration, on ne peut pas
exclure ce mode de développement. Que ce soit en termes de concept ou de
capacité de développement, la dynamique semble donc plutôt positive. Les
écueils ? L'intégra-tion dans un grand groupe ne risque-t-elle pas d'altérer
l'esprit de pionnier de l'enseigne ? Mais c'est désormais la règle du jeu...
Sans doute plus préoccupant, la conjoncture n'est déjà plus ce qu'elle était.
Après une année 2000 de transition et une année 2001 du même acabit (alors
qu'on la prévoyait excellente), 2002 bénéficie du lancement de la XBox de
Microsoft et la Game Cube de Nintendo. Il n'empêche que les jeux vidéo sont eux
aussi touchés par le ralentissement général de l'achat d'équipements.
L'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate), qui
vient de publier une étude sur le sujet, table sur une baisse du marché
(mondial) d'ici à 2005, marché qui ne retrouverait qu'en 2007 le niveau de
2003. Seuls les jeux multijoueur en réseau, qui profitent du déploiement du
haut débit, connaîtront un développement fort et continu. Mais, sur un marché
où la demande est largement générée par l'offre, ces perspectives n'altèrent en
rien le dynamisme des fabricants de consoles et des éditeurs de jeux vidéo. Pas
plus que celui des enseignes spécialisées.
Historique
1992 : Ouverture du premier magasin Score-Games, dans le 5e arrondissement de
Paris. 2001 : Score-Games intègre le groupe Electronics Boutiques, devenu
depuis The Game Group, premier groupe européen spécialiste du jeu vidéo neuf &
d'occasion.
Principaux dirigeants
Philippe Charot :
Fondateur, directeur général France.
Chiffres clés
Score-Games 47 points de vente en France, en succursale*. Superficie : de 90 à
160 m2. Chiffre d'affaires 2001 : 45,73 millions d'euros. 200 000 clients et
350 000 visiteurs par mois. 22 salles de jeux en réseau. 300 collaborateurs.
Plus d'1 million de pages vues sur le site www.scoregames.com. * fin août
2002
The Game Group
Environ 450 magasins en Europe. 2
500 collaborateurs. Chiffre d'affaires 2001 : 453,8 millions de livres (+ 48
%). Coté à la Bourse de Londres.