Rien ne sert de crier haro sur la marque
Voici, pour certains, les marques tenues responsables du niveau de déculturation des jeunes, de leur manque d'audace et de leur suivisme ! Mais mieux vaut savoir que si l'on n'y prend pas garde, plus on vieillit, moins on est de son temps... La balle est donc dans le camp des professionnels qui devront s'exercer à penser autrement, en dépassant les idées toutes faites du vieux monde.
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Les marques seraient-elles bientôt hissées au niveau de fléau familial par
les médias ? "Les parents, otages des marques", c'est sous ce titre qu'un news
magazine* sonnait l'alarme au moment de la dernière rentrée des classes. On y
parlait de « parents pris au piège » et « d'addiction aux marques ». Mais c'est
surtout une grande confusion qui règne dans les esprits. De mai 68 à la
mondialisation, de la démocratisation de la culture à la déculturation pour
tous, les marques font office de bouc émissaire. Les jeunes ont été mis face à
un grand vide saturé d'agitations et d'images. L'avènement de l'adolescence
comme catégorie psychologique et sociale autonome s'est constituée au fur et à
mesure de l'essor de la société de consommation. Elle a profondément
déstabilisé et frappé d'inanité les principes éducatifs hérités du XIXe siècle.
Depuis les années 50, la jeunesse est considérée comme une cible spécifique de
consommation. La psychologie a vulgarisé une conception de l'éducation fondée
sur la confrontation, la négociation, l'écoute. Pour les adolescents, comme
pour les enfants, les relations familiales sont passées de la prédominance de
l'autorité à celle de l'affect. Mai 68 leur a légué son fameux : "Ce que nous
voulons ? TOUT". Alors comment s'étonner de leur engouement pour les marques
qui leur servent de repère, de signe de reconnaissance et d'identité ? Mais les
outils traditionnels du marketing et du design vont-ils suffire pour continuer
à aller de l'avant vers un monde en quête à la fois d'uniformisation et de
différenciation. Jean Perret, grand expert en image de marque, et Jolanta Bak,
conseil en marque ouvrent des pistes et donnent des clefs. Des propos qui
créent des remous dans le bain tiède du politiquement correct. * Marianne,
numéro du 9 au 15 septembre 2002