Qu'est-ce qu'une innovation réussie?

Beaucoup pensent que l'innovation consiste en un développement technologique. C'est bien plus que cela. L'innovation réussie passe toujours par un processus, une méthode qui transforme un germe d'idée en une réalité impactante pour l'entreprise et ses clients. Elle s'opère toujours en trois étapes:

- l'invention: l'idée d'un nouveau modèle (produit, service, expérience...);

- la diffusion: le passage à la réalité par les phases de design, d'ingénierie, de production, de marketing et de communication ;

- l'installation: son appropriation par les utilisateurs, l'intégration naturelle dans leur vie. Cette étape est celle du fameux "Comment faisait-on avant?". Avant l'iPhone ou avant la capsule Nespresso, par exemple. Et elle est garantie parle fait qu'avant même l'invention, on a pris le temps d'observer les usages et la vie des utilisateurs, leur rapport à leur environnement, pour y détecter des manques réels qui deviendront des leviers d'innovation.

Observer les habitudes

Nombreux sont les exemples d'innovations qui ont changé les habitudes. Leur point commun? L'observation des usages. Steve Jobs. le créateur d'Apple, était probablement l'un des meilleurs anthropologues de la planète. Ou les fondateurs de McDonald's, qui ont observé dans leur restaurant l'attrait des clients pour un hamburger standardisé et en ont optimisé la diffusion: offre, taille, prix, commande, expérience, etc. L'installation du McDo dans la vie des Américains s'est opérée naturellement.

L'innovation réussie est donc une discipline qui nécessite des compétences en ethnographie (détecter les leviers d'innovation), en design, en ingénierie et en marketing (la façonner pour la diffuser). Si la France ne manque pas de talents dans ces domaines, pourquoi n'arrive-t-elle pas à occuper une meilleure place dans l'économie mondiale grâce à l'innovation? Ce ne sont pourtant ni les structures de soutien, comme Oséo - sans parler de l'inaltérable concours Lépine pour l'invention -, ni les laboratoires de recherche qui manquent.

Remettre l'homme au centre des efforts d'innovation

Pour arriver à percer dans l'innovation, nous devons accomplir deux choses. D'abord, cultiver cette pratique dans la société et prendre l'habitude de stimuler les attitudes positives de recherche de solutions. Puis apprendre à valoriser ces attitudes à l'école, dans nos entreprises et nos collectivités. Les pouvoirs publics doivent se pencher sur la question, comme chacun d'entre nous au sein de nos propres réseaux.

Le second enjeu concerne les hommes et les femmes qui font les stratégies marketing et l'innovation. Ils doivent opérer leur révolution copernicienne et remettre l'homme au centre des efforts. La préoccupation des équipes doit être l'humain, utilisateur des produits ou services aujourd'hui. Il faut pour cela ouvrir les portes des services innovation, marketing et R&D aux ethnologues. Ce sont les seuls qui savent observer les usages et y détecter les signaux faibles annonciateurs de besoins d'innovation, qui peuvent nous aider à concevoir des innovations répondant vraiment aux besoins des clients. Et ce sont eux qui garantiront que les innovations s'installeront ensuite naturellement dans la vie quotidienne des clients.

Christophe Rebours (InProcess): « La préoccupation des équipes doit être l'humain, utilisateur des produits ou services.»

N'est pas Steve Jobs qui veut. Mais nous avons tous la possibilité de faire appel au talent d'observation des ethnologues. Ils nous aideront à ouvrir les yeux sur la vie des utilisateurs de nos produits et services. Ils démultiplieront les capacités d'innovation impactante, profitable et durable de nos entreprises. Et ils nous feront enfin passer du statut d'inventeurs à celui d'innovateurs!