Président ose le camembert 100 % marketing
Révolution de palais au rayon fromage. Le plus consommé des fromages
français, le plus emblématique aussi, cède à la pression du renouvellement des
goûts qui a envahi les marchés alimentaires comme le pain ou l'ultra frais. Il
avait pourtant résisté, jusqu'à présent, à toute velléité de segmentation,
hormis celle, toute technologique qui consistait à distinguer le camembert au
lait cru du pasteurisé voire le produit à marque nationale, régionale ou de
distributeur. Mais l'essoufflement de ses ventes, -1,5 % en volume sur l'année
2001 par rapport à 2000, qui dure depuis plus de sept ans, cumulée à la
concurrence que lui font les nouvelles spécialités fromagères, ont érodé
l'exception culinaire. Et c'est Président lui-même, coleader du marché avec
Coeur de Lion, qui ouvre le feu avec son nouveau "camembert de campagne". Pas
de panique toutefois. Comme le dit en substance Jean-Louis Vidal, directeur
marketing de la marque Président, les fondamentaux gustatifs sont respectés. Il
s'agit bien d'un camembert. Les fromagers se sont simplement décarcassés pour
qu'il soit plus typé en couleur, que sa croûte soit, toujours selon le
fabricant, « fine, légèrement irrégulière, aux reflets blonds et ivoires... ».
Que sa palette d'arômes soit très large et rapidement perceptible en bouche et
surtout stable dans le temps. Bref, ce camembert qui revendique son origine
campagnarde ne pue pas, ne coule pas. Il est consensuel et s'adresse à une
clientèle qui n'en mange pas. Ou peu. A tous ceux qui aiment les produits de
caractère mais ne supportent pas qu'ils évoluent trop rapidement. Voire à des
jeunes peu attirés par les goûts trop forts ou l'idée qu'ils s'en font. Le
produit est en rayon depuis la mi-avril à un prix de 17,6 % supérieur à celui
du Président classique, soit 2 euros contre 1,70. Une campagne de publicité
télévisée est prévue au deuxième semestre de l'année, confiée à l'agence Jean
et Montmarin. Quand on connaît la puissance de feu médiatique de Président -
elle a investi 11 millions d'euros en 2001 dont 5,6 pour son camembert - on
imagine ce que veut dire pour Jean Louis Vidal, « un vrai lancement ». On
imagine aussi la place qu'occupe le terme "campagne" sur le packaging et, sous
réserve d'un bon accueil, les différentes versions qui pourraient suivre.
Décidément il n'y a pas que dans l'espace que les clones ont attaqué.