Pernod promet deux innovations par an
Avec 310 millions d'euros de chiffre d'affaires, 50 millions de litres
commercialisés, 14 marques stratégiques et un effectif de plus de 1 000
collaborateurs… Pour ses 200 ans, Pernod va bien, merci. Reste que pour Pierre
Coppéré, son président, le développement de la marque ne s'arrête pas là et «
cet anniversaire est placé sous le signe de l'innovation». Preuve s'il en est,
la création en 2003 d'une cellule innovation (cinq personnes dédiées), dotée
d'un budget d'un million d'euros. Cette cellule a pour objectif ambitieux de
lancer chaque année deux innovations produit. « Un rythme très soutenu mais
nécessaire lorsque l'on sait que le taux de réussite de lancement d'un nouveau
produit est sans doute de un pour dix », souligne l'état-major de Pernod. De
quoi redynamiser rapidement l'offre afin de renouveler l'intérêt des
consommateurs (refroidis par les campagnes sur l'alcool au volant) et séduire
un nouveau public. A l'occasion de son bicentenaire, la filiale de Pernod
Ricard lance donc une bouteille collector événementielle Pernod avec une
étiquette innovante en hologramme, « une technique qui est d'ailleurs une
grande première sur une étiquette et une surface aussi grande », souligne
Pierre Coppéré. Pernod vient également de dévoiler trois nouveaux produits,
dont un en avant-première, sur lesquels l'entreprise mise aujourd'hui pour
franchir le cap des prochaines années et asseoir son leadership dans le marché
des spiritueux.
Séduire les buveurs occasionnels et les femmes
Cherchant à séduire de nouveaux consommateurs et en
particulier les femmes, Pernod innove donc en déclinant au monde des spiritueux
un concept star de la cosmétique : le gloss. « Nous voulions une Suze plus
féminine. Quoi de plus féminin qu'un gloss encore plus glamour que le rouge à
lèvres ?», indique Pierre Coppéré. En cours d'implantation, Gloss de Suze,
liqueur à la cerise et au gingembre, au contenant rouge brillant, affiche en
outre des perspectives de ventes à moyen terme de 5 % des volumes de sa marque
mère Suze. Même schéma pour Pastis 51, qui a vu l'an dernier ses ventes
régresser de 6 % sur un marché en baisse de 4 %. Dans un souci constant de
renouveler l'intérêt des consommateurs et aussi des buveurs occasionnels, la
cellule innovation a également donné le jour à un nouveau Pastis 51 Citron. «
Nous avons voulu innover, c'est-à-dire ne pas reproduire les mélanges habituels
type orgeat ou grenadine, souligne Claire Thémé, responsable R&D. Nous avons
ainsi trouvé un accord entre la recette originale du vrai pastis de Marseille,
à base d'anis étoilé et de réglisse, et l'arôme naturel de citron, dont la
substance est tout en nuances. » En cours d'implantation, les perspectives de
Pastis 51 Citron à moyen terme, en France et à l'international, seront en cas
de succès, de 5 % des volumes de sa marque mère. La prochaine nouveauté, qui
devrait être lancée en mai prochain en France, aux Etats-Unis et au Japon, est
totalement inédite, car il ne s'agit pas d'une marque revisitée mais bel et
bien d'une création. « En 1989, Soho a révolutionné le marché des liqueurs.
Aujourd'hui, c'est un produit copié. Il nous faut donc créer l'événement avec
une nouvelle marque qui fait rêver», indique Pierre Coppéré. Et quoi de plus
évocateur du rêve que les mille et une nuits ? Baptisée Shaaz, cette liqueur à
base de figue et de fleur d'oranger s'appuie sur le concept des contes du
Moyen-Orient et aura pour mission de séduire, via sa bouteille aux couleurs
rose et violet, une clientèle internationale pour qui les liqueurs sont
synonymes d'évasion et de rêve. Le CA réalisé à l'étranger est passé de 20 à 25
% entre 2002 et 2004. Avec l'annonce de ses deux nouvelles déclinaisons autour
de marques classiques et d'une création inédite, Pernod dispose d'atouts pour
réaliser ses ambitions. A suivre.