Nestlé Waters contre-attaque
L'année 2004 n'aura pas été un bon cru pour le marché des eaux
embouteillées, ces dernières n'enregistrant qu'un, maigre, 4 % de croissance en
valeur et 7 % en volume, contre 8,3 % et 10 % en 2003. Si l'Amérique du Nord
reste un marché dynamique, l'Europe quant à elle est en pleine stagnation. Pour
Carlo Donati, nouveau P-dg de Nestlé Waters depuis le début de l'année, « les
marques distributeurs sont devenues plus qu'un challenger. Nous les avons
sous-estimées au début des années 2000. » En effet, en moins de dix ans, les
marques premium sont passées sous la barre des 50 % des ventes, laissant les
MDD, les premiers prix et les hard discounters s'emparer de 59 % des ventes. Un
bond spectaculaire, qui fait dire au P-dg de Nestlé Waters qu'il est «
essentiel de se positionner sur ce segment de prix ».
Une croissance négative en Europe
En France, la part de marché des
marques distributeurs s'est élevée à 18,1 % en volume en 2004, contre 16,5 % en
2003. Et le hard et le soft discount sont passés de 9,1 % en 2003 à 10,2 % en
2004. Résultat : Nestlé Waters n'enregistre en 2004 qu'une croissance organique
de 0,6 %, celle-ci tombant à - 8,4 % en Europe… Pour Alain Randon, directeur
général Finance et Contrôle, cette croissance négative en Europe est non
seulement imputable à la montée en puissance des hard discounters, mais aussi
au contrecoup de la canicule de 2003, à l'augmentation du coût des matières
premières, à la dévaluation du dollar, à la productivité insuffisante des
usines françaises… Autant de points qui ont pesé lourd sur l'évolution des
résultats du groupe. Conséquence : la Vittel 2 litres a fait son apparition en
Allemagne chez Lidl. Et pour 2005, Nestlé Waters compte baisser le prix de son
eau Aquarel dans les pays européens. Et surtout communiquer sur les packs pour
résoudre le problème de perception des consommateurs : ceux-ci classant la
marque comme la troisième marque la plus chère du marché, alors qu'elle se
positionne plutôt comme une eau moyen de gamme. Dernier point noir : le cas
Perrier. Bénéficiaire en 2003, « Perrier a perdu 7,4 millions d'euros en 2004,
affirme Richard Girardot, président de Nestlé Waters France. Nous souhaitons
augmenter la productivité de Perrier de 25 à 30% et atteindre un seuil de
rentabilité de 5 %. » S'il se défend de toute idée de délocalisation, le
“multisourcing” n'est pas à exclure si la situation ne s'améliore pas.
Nestlé Pure Life au top
Pourtant, le bilan 2004 n'est
pas exclusivement noir. Nestlé Waters est ainsi parvenu à hisser sa marque
globale Nestlé Pure Life au premier rang de son portefeuille en volume, gagnant
ainsi dix places en un an. Nestlé Aquarel se contentant pour le moment du
quinzième rang en valeur. Nestlé Waters a aussi réussi, dans un contexte
difficile, à faire progresser sa part de marché, de 16,9 % en 2003, à 17,3 % en
2004. Pour 2005, ses objectifs sont clairs: “Offrir une gamme de produits sains
et plaisir sur toutes les marques”, “travailler la rénovation de nos marques”
et poursuivre l'intégration de ses activités HOD. Principale nouveauté : le
lancement fin mars de Contrex fines bulles, légèrement gazéifiée, en format 1
litre. Les aromatisées ont également leurs doses d'innovation : Contrex se met
au Citron Vert/Pamplemousse et Pêche Blanche/Abricot, Vittel se conjugue à la
Framboise Cranberry et Citron Lime, et enfin Perrier opte pour la framboise…
Ayant assimilé la problématique santé, Nestlé Waters met également en rayon une
gamme de quatre produits baptisés Vitalitos pour les enfants, au taux de sucre
inférieur à celui de ses P'tit Vittel, et au packaging ludique en forme d'œuf
personnalisé de visages amusants (gentils, méchants ou rigolos), dotés de cinq
petits pieds et d'un bouchon “sport”. Reste à savoir si ce sera suffisant pour
renouer avec les bénéfices des années précédentes…