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Ne plus penser seulement au client, mais à la personne

Présidente de l'Institut Français du Design qui fêtera cette année ses cinquante ans, organisatrice des fameux Janus de l'Industrie, Anne-Marie Sargueil est orfèvre en matière d'entreprises. Elle nous livre quelques-unes de ses réflexions.

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A défaut d'être novatrices, les entreprises ne seraient-elles pas réactionnaires ?


Vous exagérez ! Penser au retour de la qualité ne signifie pas que l'on a de vieilles idées. Mais il est vrai que c'est peu spectaculaire. Les entreprises qui pensent prennent en compte que je ne suis pas seulement une consommatrice mais que je vis dans un certain type de société. Elles intègrent dans leur réflexion le monde qui m'entoure. Elles cherchent à créer de véritables objets qui me donnent un confort du coeur et de l'esprit.

Ne pensez-vous pas que c'est vous qui exagérez ?


Non ! Car je prétends être au fait du questionnement des entreprises. En matière d'innovation, c'est la notion de personne qui commence à être mise au coeur de la réflexion, pas seulement celle de client. Elles se posent ces questions : "Comment mon produit va-t-il améliorer la vie quotidienne ?", "Ce que je lui ajoute est-il vraiment utile ?"

Serait-ce la fin du positivisme béat, du progrès pour le progrès, de la croissance pour la croissance ?


Les produits qui feront l'avenir sont ceux qui seront en phase avec leur époque, ceux qui ne combleront pas une attente mais sauront correspondre à un désir qui améliorera la vie quotidienne. La conso et le court terme ont beaucoup de candidats mais trouveront de moins en moins d'élus. Je mets néanmoins un bémol. Aujourd'hui, il est très difficile pour les entreprises de trouver des financements pour des projets novateurs. Les banques ne suivent pas, partagées entre effets de mode et frilosité de décision.

Cette année, vous allez décerner de nouveaux Janus, ceux de la Marque et du Commerce. Quoi de neuf dans cette distinction ?


Il ne s'agira pas de récompenser Le beau logo ou Le beau magasin. Nous évaluerons la qualité de l'intention, la pertinence et l'impertinence novatrices du projet. Nous nous attacherons à des critères sensibles et à une manière d'être, c'est-à-dire à une vraie culture d'entreprise. Notre jury n'hésitera pas à assumer une part de pensée négative indispensable à tout esprit critique digne de ce nom.

C'est-à-dire ?


Les critères de performance doivent changer. Il faut trouver d'autres critères d'inspiration que la performance technique ou la surenchère visuelle. Nous en- couragerons les entreprises qui font preuve d'une réflexion créative vraiment tournée vers la personne.

Stirésius

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