Méthode créative : Faire de l'image un support prioritaire sur le mot
Lonsdale design a mis au point des outils pour traduire un brief et rechercher des axes créatifs, entièrement basés sur l'image, pour en finir avec la distorsion entre les mots et ce que chacun (client, créatif, stratège...) y associe visuellement. Sonia Chaine, coprésidente de l'agence nous livre sa méthode.
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« Même si les gens s'accordent sur les mots, on s'aperçoit qu'ils y
attribuent des images différentes. Nous avons donc mis au point deux méthodes
qui font de l'image un support prioritaire sur le mot », explique Sonia Chaine.
Mais la méthode s'appuie également sur une sorte de dynamique de groupe. Pour
traduire les briefs (Visual planning) ou étudier des pistes de création ou de
lancement de produits (Creative process), l'agence rassemble stratège, créatif,
client..., des personnes qui concourent toutes, en un temps donné,
(généralement une longue journée hors des locaux de l'agence), à amener chacun
de la valeur ajoutée à l'élaboration d'une grande idée. « De cette manière, les
idées naissent de façon consensuelle et incroyablement percutante », témoigne
Sonia Chaine. Dans les deux cas, l'agence intègre généralement directeur
marketing, chef de groupe, R & D, l'agence de pub... ou tout acteur qui a une
connaissance profonde de la marque. Tout ce qui est dit est matérialisé
immédiatement en images. Pour démarrer une session de réflexion sur un produit
féminin, par exemple, chaque participant doit arriver avec une image traduisant
la vision de la femme qu'il a en tête. « Toutes épinglées au mur, ces images
permettent de comprendre qu'il y a d'autre pensée que la tienne sur le sujet.
C'est la preuve immédiate que la féminité s'exprime de façons différentes. Et
cela matérialise immédiatement le fait que chacun interprète le mot de façon
différente. Ensuite, on se sert de toutes ces visions pour déterminer quelles
sont les plus consensuelles. Après différents exercices de créativité assez
classiques seul(e) ou en groupe, on arrive à différentes propositions de
produits ou de positionnements », poursuit la coprésidente. Le plus de ces
nouvelles séances de créativité selon Sonia Chaine, c'est la notion de
fébrilité et d'urgence. « 8 h - 20 h, c'est atrocement court. Les objectifs
sont écrits et tout le monde les connaît avant de venir, les participants sont
tenus au résultat, ce qui crée un stress très stimulant ». Chacun arrive avec
sa reco, persuadé que son idée est géniale. Chacun arrive en fait avec La
solution. Une "purge" est effectuée au départ puis les idées s'enrichissent
mutuellement. « On s'appuie sur l'expertise de chacun ». Toute la production
visuelle est affichée au fur et à mesure. L'urgence crée un esprit très
positif, évite les argumentations vaines et les relations hiérarchiques
s'annihilent. Les exercices sont très minutés, le temps jouant un rôle
essentiel. « Le soir, tu en rêves tellement c'est dense », s'amuse Sonia
Chaine. Produire/choisir : en suivant ce principe une journée permet de
s'accorder sur 10 à 12 pistes dont 4 à 6 seront finalement retenues. Les boards
correspondants sont ensuite testés pour validation. « En vrai, c'est magique,
s'enthousiasme la coprésidente. Je suis convaincue de la force du groupe. Ce
n'est pas une série de personnalités mais un groupe avec la même finalité. Et
mettre ensemble des gens qui ont chacun une vraie expertise, cela donne
vraiment des résultats bluffants. Et puis quand 12 personnes sont convaincues,
c'est déjà un bon signe... On évite aussi le risque d'appauvrir au fil des
étapes une super idée créative de départ par volonté de rationalisation. Avec
cette méthode, au final, tout le monde partage la même vision, ce qui n'est
jamais le cas avec les mots. Dix personnes pendant dix heures, c'est beaucoup
mieux que cent heures d'un créatif qui risque de tourner en rond. Ce n'est pas
un taux multiplicateur mais plutôt accélérateur, comme mille heures sur un même
sujet ».