Max part à la rencontre du grand public
Après une percée incontestable de son café équitable, Max Havelaar prépare une journée "équitable" dans le métro parisien en collaboration avec la RATP. Un ticket choc qui sera suivi d'une quinzaine commerciale nationale. Et d'une nouvelle gamme de thé et de chocolat.
Le 27 avril prochain devrait marquer un tournant dans l'aventure de la
météorite entrée dans le Landernau du café français il y a trois ans. Max
Havelaar, une ONG qui attribue un label équitable de café et désormais de thé
et de chocolat, devrait inaugurer la première journée "équitable" française
dans le métro parisien en collaboration avec la RATP. Un partenaire de choc qui
n'en est pas à sa première initiative citoyenne puisqu'il a déjà transformé la
gare du Luxembourg en station-écolo. Cette fois, ce seront 100 000 échantillons
de café Max Havelaar qui devraient être distribués. Accompagnés d'une tasse de
petit noir équitable et agrémenté d'une documentation sur l'ONG qui défend un
revenu minimum et une autonomie aux petits producteurs, ainsi que la protection
de l'environnement. L'opération devrait être placée sous le patronage soit du
secrétariat d'état à l'Economie Solidaire, soit du ministère des Affaires
Etrangères, voire les deux. Quant au choix des gares, il n'est pas encore
totalement arrêté. Il pourrait porter sur une station centrale comme Châtelet
ou Auber, symboliques du quotidien des Parisiens, ainsi que quatre à cinq gares
satellites, dont Porte d'Italie et St-Denis. L'événement devrait être relayé
par une quinzaine commerciale nationale de promotion et de mise en avant en
collaboration avec les partenaires distributeurs, torréfacteurs et
institutionnels de la marque. Des expositions et des débats animés par les
nombreux bénévoles de l'association viendront également émailler cette vaste
opération qui se veut bien sûr pédagogique. « Nous voulons donner une meilleure
visibilité au mouvement équitable », explique Emmanuelle Cheilan, responsable
de la communication Max Havelaar. De quoi doper les débuts prometteurs de Max
Havelaar qui, sous marque distributeurs comme Monoprix Bio ou d'industriels
comme Malongo, Lobodis et Meo, représente tout de même 0,5 % du marché du café
français. Et décroche la première place des cafés Arabica à la marque Monoprix.
Soit, tout de même, 15 000 paquets et 40 tonnes vendus par mois. « Nos
acheteurs n'en sont pas encore revenus », explique Stéphanie Levet, en charge
du projet de développement durable de l'enseigne. Comment, sans budget
publicitaire ni levier industriel ou commercial propre, avec, qui plus est, la
réputation d'être plus à l'aise dans la défense de ses idées que dans l'art de
négocier, cette ONG a-t-elle pu réussir son coup de maître ? Et faire vendre
des produits tout de même 15 à 20 % plus chers ? Une seule réponse : la force
de son concept et son pouvoir de persuasion des industriels et des
distributeurs à transformer et à vendre ses produits. Séduction de Monoprix,
premier distributeur à le suivre pour le café et qui référencera le thé et le
chocolat prochainement, ainsi qu'une deuxième variété de café à sa marque bio.
Séduction encore chez Leclerc, où ceux que l'on n'hésite pas à qualifier de
"rêveurs" ont tout de même réussi à franchir toutes les barrières. L'enseigne
référence déjà trois marques de café labellisées et travaille sur le lancement
d'une nouvelle variété sous le label maison "Marque Repère" en version bio.
Elle a accueilli favorablement l'arrivée du thé et du chocolat qu'elle devrait
sortir courant 2001.
Transformer l'essai
Mais la
séduction est insuffisante pour durer. Max Havelaar le sait. Pour faire rimer
commerce équitable et logique économique, il doit métamorphoser cette tendance
encore embryonnaire en un marché significatif. Et, plus largement, faire entrer
la notion d'équitable dans le concept de commerce éthique. « Le commerce
éthique vise à respecter une éthique sur les conditions de travail et le
commerce équitable à faire payer plus cher des produits pour garantir un revenu
minimum aux producteurs », explique Alain Reners, responsable du mécénat au
sein de la direction de la communication d'Auchan. Deux concepts malgré tout
complémentaires plus qu'opposés, qui impliquent de la part des distributeurs
intéressés une démarche globale, notamment en matière d'achat. « Il ne suffit
pas d'installer trois corners de produits éthiques et quelques bougies
artisanales pour faire du commerce équitable ou éthique, explique ainsi
Stéphanie Levet. Nous devons rester fidèle à notre politique d'enseigne.
Proposer le bon produit au bon prix, rémunéré à sa juste valeur. » Ce qui
suppose la mise en place d'une filière d'achat spécifique. A cet effet, un
comité de pilotage a été spécialement constitué. Il regroupe des responsables
des achats, de la qualité, de la direction des magasins et des ressources
humaines. Et se réunit tous les mois pour aborder des questions plus épineuses
les unes que les autres, comme trouver les bons producteurs, apprendre à
négocier avec des pays en voie de développement, établir des cahiers des
charges ou mettre en place un système de vérifications.