Marmiton.org, de l'outil de recherche à la communauté
De l'éthique, de l'écoute, de l'échange, de la simplicité. A partir de ces ingrédients, Marmiton-.org s'est hissé au premier rang des sites culinaires français. Et part à la conquête des anglo-saxons.
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L'aventure de Marmiton, comme de nombreuses aventures de la nouvelle
économie, aurait pu sombrer en 2000 avec l'explosion en plein vol de la bulle
internet. Pour son salut, ses jeunes fondateurs, Christophe Duhamel et Olivier
Aboilard, tous deux immergés dans la marmite de l'Internet leurs dents de lait
à peine tombées, ont résisté aux sirènes des fonds d'investissement. Résultat,
dix ans après sa création, la base de données de recettes de cuisine est
devenue le site culinaire de référence sur Internet. Et ses initiateurs, après
avoir vécu une double vie, peuvent aujourd'hui se consacrer entièrement au
développement de la marque et du concept. Un concept relativement simple :
rendre l'information culinaire accessible sur demande. « Nous sommes partis
d'un constat que tout un chacun a pu faire. Pour des raisons diverses, la
transmission du savoir culinaire s'est diluée. Avec Marmiton, nous avons
souhaité revaloriser la cuisine du quotidien, le faire avec les outils
d'aujourd'hui et en donnant la parole aux dépositaires de ce savoir-faire,
c'est-à-dire à chacun d'entre nous. De fait, Internet a produit trois
révolutions : le consommateur n'est plus passif, il peut dialoguer, réagir,
interagir; il n'est plus seul, il partage ses informations et enfin il a un
accès quasi instantané à l'information. Bref, c'est lui qui mène la danse »,
indique ainsi Anne-Laure Vincent, directrice associée en charge de la
commercialisation et de la communication. Chez Marmiton, penser comme
l'internaute n'est donc pas un vœu pieux. Ici tout est construit autour de ses
besoins, ses réflexes et de sa volonté de jouer un rôle actif. A l'origine très
féminine, l'audience se masculinise et se séniorise. Le rubriquage tient compte
de ces évolutions, nous avons notamment créé une rubrique “Plein la vue” dont
nous savons qu'elle correspond aux attentes de ces internautes qui ne sont pas
des cuisiniers du quotidien mais qui cherchent à épater lorsqu'ils passent aux
fourneaux », sourit Anne-Laure Vincent. Une communauté réelle et dynamique Si
Marmiton s'est incontestablement imposé comme un super outil de recherche, il
est également devenu l'épicentre d'une communauté dont la vie ne se limite pas
au “on line”. Nées de l'initiative de quelques internautes, les rencontres
Marmiton fleurissent aux quatre coins de l'Hexagone. Mais aussi hors de nos
frontières. « 80% des internautes sont des Français, mais nous touchons
également les pays francophones et nous avons une vraie audience auprès des
expatriés», précise Anne-Laure Vincent. Singapour a ainsi accueilli, il y a
quelques semaines, une réunion de “marmitonniens”, trop heureux de retrouver
leur culture culinaire à des milliers de kilomètres de l'Hexagone. Et le site
part à la conquête des Anglo-Saxons en lançant en juillet prochain une
version anglaise. « L'idée n'est pas de traduire Marmiton mais de montrer que
l'on peut cuisiner bon et français d'une manière simple, poursuit Anne-Laure
Vincent. Si le lancement du site anglo-saxon constitue un axe de
développement, d'autres projets sont à l'étude. « Nous avons déjà travaillé au
déploiement de bornes interactives dont une centaine sont aujourd'hui
installées dans les hypermarchés. Nous avons également réfléchi à la
possibilité de lancer des cours de cuisine mais nous n'avons pas donné de
suite. Les développements de Marmiton doivent tous répondre à cette question :
“Qu'est ce qui est important quand on cuisine?”», indique Anne-Laure Vincent.
En régie chez FranceTélévisions Publicité, Marmiton est peu à peu investi par
les marques, essentiellement agro-alimentaires. Mais Anne-Laure Vincent en
reste convaincue: les annonceurs manquent encore de maturité vis-à-vis du
média. Les marques ont-elles sollicité le site pour avoir des retours
d'expérience? «Pas vraiment, regrette la jeune femme. Pourtant, à travers les
échanges effectués avec les internautes, nous pouvons déceler des tendances,
mais, aujourd'hui, aucun annonceur ne nous a demandé de faire un travail
spécifique sur ce sujet.» Dommage, effectivement.
Marmiton, en quelques chiffres
27 000 recettes. 15 000 astuces culinaires. 23 millions de pages vues par mois. 1,5 million de visites mensuelles. Temps de connexion moyen : plus de 16 minutes. 85 000 abonnés à la lettre hebdomadaires. 200 000 carnets de recettes créés par les internautes.