Mangez, vous êtes filmé
En mars dernier, Findus installait des caméras chez dix familles françaises. But de l'opération : espionner leurs habitudes alimentaires. Quelques mois plus tard, la marque en tire les enseignements, tant au niveau des comportements que du contenu des assiettes.
Je m'abonne
Les instituts d'études en ont rêvé. Findus l'a fait. Pour arriver à mesurer
le décalage entre la vie réelle et le déclaratif, le spécialiste du surgelé a,
semble-t-il, trouvé la solution : installer une caméra dans la cuisine des
Français, pour, enfin, mieux comprendre la vie autour du repas. Durant sept
jours (soit 500 heures), dix familles représentatives des familles françaises
ont accepté d'être filmées au moment des repas, dans le cadre de l'opération
“Caméra Conso”. « Nous avons enfin eu la confirmation que le déclaratif est
souvent différent de l'observation. Il y a des pièges impossibles à déceler
autrement qu'en filmant les gens », annonce Matthieu Lambeaux, vice-président
Innovation Findus Europe. En scrutant les repas, la marque ne s'est pas
contentée d'observer le contenu des assiettes, elle s'est intéressée à la
structure du repas, à la place des enfants, de la télévision, etc. Principale
conclusion : globalement, la structure du repas à la Française perdure, mais ce
qui évolue, c'est son contenu, en raison de la diminution du temps de
préparation, due au travail des femmes. « On mange donc toujours ensemble, à
table, les mêmes plats. Les familles regardent rarement la télévision, mais
abusent plutôt du téléphone », explique Matthieu Lambeaux. Qui constate que le
traditionnel trio entrée-plat-dessert a pris du plomb dans l'aile. Le repas se
concentre désormais autour d'un plat unique, composé d'une viande et d'un
féculent. « Le steack-frites, steack-purée ou steack-pâtes devient un grand
classique, ajoute Matthieu Lambeaux. Et les entrées, fromages, desserts sont
réduits à leur plus simple expression. » Autre enseignement : la variété n'est
pas le maître mot des repas et il est difficile, pour les familles, de trouver
des solutions qui marchent à base de fruits et légumes. Aussi, même si les
chiffres ne sont pas catastrophiques (0,7 fruit et 1,5 légume par jour aux
repas, soit 350 g environ), voire plutôt rassurants, les fruits, légumes,
poissons sont peu consommés. « On atteint presque la ration journalière
recommandée - 400 g -, mais il n'y a quasiment jamais de fruits à table »,
souligne Jean-Michel Cohen, le médecin nutritionniste qui a visionné les
cassettes.
Un nouveau militantisme pour la marque
Cette première expérience de “repas-réalité” a mis à mal bien des idées reçues, à l'instar de celle de Français cuisinant davantage le week-end. Il n'en est rien, « sauf quand on reçoit sa belle-mère le dimanche midi, sinon c'est off pour tout le monde », glisse Matthieu Lambeaux. Concernant les aspects nutritionnels, un décalage existe entre vie rêvée et vie réelle. « Les familles avaient indiqué au préalable, via un questionnaire, manger beaucoup de poisson et de brocolis. En fait, elles n'en ont pas consommé une fois durant la semaine d'observation », sourit le vice-président Innovation. Problème de temps plutôt que de goût, selon lui. Forte de ces enseignements, Findus a pu vérifier la pertinence de certains droduits et a décidé d'en annuler d'autres. Si Caméra Conso a confirmé l'intérêt de la récente gamme de légumes cuisinés “Secret Partagés”, elle a surtout permis à la marque de développer une nouvelle gamme issue des observations. Baptisée “A Table” et censée répondre aux attentes des familles, elle comprendra quatre recettes de plat complet (poêlées mêlant viande ou poisson aux légumes) qui seront lancées en septembre. « Nous avons la confirmation que le surgelé est une aide aux mères de famille et que nous pouvons aider à manger davantage de légumes », indique Matthieu Lambeaux. D'ailleurs, pour la marque, il est temps de prendre position et d'envisager une communication militante. « Nous allons mettre à la trappe la publicité que nous avions prévue initialement pour septembre, et inciter les consommateurs à manger un vrai repas et ne pas grignoter. A partir d'aujourd'hui, nous nous engageons à défendre le modèle culinaire français », promet Matthieu Lambeaux, qui ne précise pas si la marque se penchera aussi sur le prix, critère pourtant déterminant dans l'acte d'achat des fruits et légumes ou du poisson. Aliments en passe de devenir des produits de luxe.