Madrange : quatre films pour de nouveaux territoires
Nouvelle signature, nouvelle agence et surtout nouveaux marchés pour Madrange qui affirme sa volonté de devenir le multispécialiste de la charcuterie premium. Un redéploiement en force, appuyé par quatre nouveaux films où les produits d'aujourd'hui remplacent les stars d'hier.
A force de faire manger du jambon cuit à des vedettes du petit écran, on
n'en aurait presque oublié que Madrange, c'était aussi des terrines et des
mousses et, depuis un an, du jambon sec et de volaille. Soit quatre marchés
distincts sur lesquels l'entreprise est inégalement placée en termes de
notoriété mais bien décidée à s'y forger une image de leader à la coupe et au
libre service. Mais, qui dit visibilité, dit aussi pression publicitaire,
notoriété et clarification de l'offre. « Nous avons donc choisi d'accompagner
notre redéploiement avec quatre nouveaux films. Soit un par marché », explique
Jean-Louis Marceau, directeur marketing de Madrange. Et, quitte à changer, le
fabricant a également confié son budget à une nouvelle agence, en l'occurrence
FCB, pour construire une campagne dont la mécanique est assez simple. Les
produits Madrange y deviennent les stars, d'où la nouvelle signature,
"Madrange, la seule star qui se mange". Chaque produit est filmé dans un
environnement stéréotypé "de star" associé à son positionnement. La mousse de
canard au Porto se fait attendre à l'Opéra, le jambon cuit à l'étouffée fait sa
star dans une villa, le jambon sec affiné en montagne choisit un palace et le
blanc de volaille doré au four la joue plateau de tournage. Mais cette fois, ce
sont les collaborateurs des stars qui font la causette. Coiffeurs, maquilleurs,
femmes de chambre... attendent la star. Le ton se veut moderne et humoristique.
Chaque vague comprend en moyenne de 100 à 150 spots. La mousse ouvre le feu au
mois d'avril, suivie du jambon cuit au mois de mai, du jambon sec en juillet,
une période de forte consommation, et du jambon de volaille au mois d'août.
L'année se terminera sur une dernière vague pour le jambon cuit en décembre.
Soit au total six mois de présence sur les petits écrans pour un budget de 45
millions de francs. Trois fois plus que les années précédentes. « Notre
ancienne communication nous a permis de construire une marque forte ayant un
bon taux de confiance mais peu différenciée, déclare Jean-Louis Marceau. La
nouvelle devrait nous permettre de nous imposer comme un multispécialiste sur
nos quatre marchés piliers. Sur un secteur qui ne compte que des généralistes
ou des spécialistes. »
Innovations de rupture
Cette
nouvelle politique de communication à "tiroirs" lui permettra également
d'accueillir plus facilement les nouveaux segments de marché que Madrange
aborde depuis la récente acquisition de Geo (460 millions de chiffre d'affaires
en 2000), comme le jambon cuit à la marque Baron, les lardons, les saucisses et
le chorizo. Pour l'instant, le sort des marques du portefeuille de Geo n'a pas
encore été tranché. Ce qui l'est en revanche, c'est l'ambition du nouveau
leader du marché européen de la charcuterie cuite, qui devrait peser quelque
3,2 milliards de francs d'ici à la fin de l'année. Il veut développer le marché
vers plus de qualité et décliner une offre plus moderne. Ce qui explique à la
fois une politique en matière de sécurité, annoncée comme drastique, et ses
efforts pour faire émerger sa marque Madrange sur un marché particulièrement
atomisé et dominé par les marques de distributeurs. « Nous devons restimuler la
consommation de charcuterie cuite », souligne Jean-Louis Marceau. Et cela passe
notamment par le développement d'innovations de rupture pour créer de nouveaux
marchés. On trouve ainsi dans la nouvelle gamme des produits comme le jambon à
consommer chaud ou la gamme de mousses et terrines 100 % volaille. Il s'agit
également de faire évoluer le rayon coupe vers de nouveaux pôles comme le frais
emballé qui évite les files d'attente ou les points chauds actuellement en
test. Bref, créer de la dynamique, de la valeur ajoutée sur fond de qualité. Et
le jeu en vaut la chandelle au regard des enjeux financiers que représente ce
secteur. En France, la charcuterie est le deuxième marché alimentaire en GMS
avec 29 milliards de francs de chiffre d'affaires dont 10 pour le rayon coupe
et 19 pour le libre-service, qui connaît une croissance annuelle de 6 %.