Lucidité
Peut-être certains seront-ils surpris de voir un magazine spécialisé dans
le marketing mettre en couverture une accroche telle que celle qui figure sur
la Une de ce numéro. Qui plus est en employant un terme que l'on a peu
l'habitude d'accoler à celui de “marketing”. Provocation ? Non. Simplement
interpellation. Tant il est vrai que les propos de Gilles Marion, interviewé
dans ce numéro suite à la sortie de son livre “Idéologie Marketing” - titre
finement accompagné de “Mal du siècle ?!” -, sont percutants. Sur la
confrontation entre consommateur et citoyen, sur les pratiques actuelles des
hommes de marketing, sur la nécessaire prise de conscience de leur
responsabilité vis-à-vis de la société, de l'environnement…, sur l'éthique,
mais aussi sur la difficulté du changement, la pression de la “finance”… Sans
oublier l'ambivalence. Autant de thèmes qui constituent de vraies pistes de
réflexion. Qui vont bien au-delà des débats “techniques” auxquels on est le
plus souvent habitué. “Une épreuve de lucidité s'impose”, n'hésite pas à dire
ce professeur de marketing. On le suivra volontiers dans cette voie, même si,
comme toujours, toutes les vérités ne sont pas forcément bonnes à dire. Ou
tout au moins sont difficiles à entendre. Même accompagnée d'un point
d'interrogation, l'évocation de la “fin” de quelque chose peut être prise d'une
manière positive ou négative. Un bien ou un mal ? Mais surtout, au-delà de
cette vision manichéenne, comme l'espoir d'un renouveau. La fin, à terme -
mais lequel ? -, d'une forme de pensée et d'action qui a sans doute fait son
temps. Mais aussi le début d'une nouvelle ère, d'un regain de valeurs,
différentes de cette fameuse “valeur ajoutée” tellement en vogue. Le retour
également, et ce ne serait pas le moindre des bénéfices d'une “fin”, de
l'attractivité d'un métier qui, incontestablement, “le vaut bien”.