Lorsque le packaging se met sur son trente et un
Un vent de sophistication souffle sur les produits. Le packaging s'habille comme une poupée Barbie. Cette tendance à déguiser les emballages ne suscite-t-elle pas de nouveaux modes de conditionnement : une présentation pour la vente, une autre pour l'utilisation ?
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L'habillage du packaging était jusque-là réservé aux périodes de fêtes, à
des séries limitées promotionnelles ou comme l'ultime raffinement de certains
produits de luxe. Ainsi, la guêpière rouge créée par Jean-Paul Gauthier, fin
1999, pour la cuvée spéciale Piper-Heidsieck a fait sensation. Dans la même
veine, le whisky Cardhu s'est récemment habillé d'un magnifique étui en forme
de blouson de cuir. Même un parfum a mis une petite laine, Rocabar d'Hermès se
présente emmitouflé dans une couverture moelleuse. La mode vestimentaire pour
le packaging est en marche. Il semble que rien ne soit trop beau pour valoriser
les charmes de cette diva de la consommation. Au Sial 2000, les premiers
packagings "fashion-victims" ont fait leur apparition. Ils annoncent les
tendances qui vont prochainement défiler dans les linéaires. Cela va du look
écolo, avec la bouteille d'huile d'olive de Nachiro, habillée d'un papier kraft
fermé d'un lien de raphia, à la mode techno qu'ont adoptée de nombreuses
bouteilles d'huile d'olive toujours, avec leur corps recouvert de papiers
aluminisés multicolores. Il y a aussi le style Robinson Crusoé qu'emprunte un
flacon de sauce tomate recouvert d'un tissage en paille. Les petites filles
modèles sont jouées par les pots de verre des conserves Les vergers des Hauts
qui ont enfilé leur jupette à froufrou. Beaucoup plus élégants, les "packs à
bijoux" exhibent leurs parures, telle la bouteille d'armagnac entourée d'un fil
de cuivre de Elie-Arnaud Denoix. La bouteille du vin Dom y Ago, elle, s'est
enfermée dans un filet d'or fin.
Des sachets commerciaux ou décoratifs
Dans un tout autre genre, des produits utilisent le
linge de maison pour se vêtir. Ainsi, Jacques Menoux enroule ses biscuits d'une
serviette façon papillote. La société bretonne a même déposé son modèle à
l'INPI ! La maison Labeyrie, quant à elle, a opté pour le torchon traditionnel
de lin écru maintenu par des petits rubans pour protéger ses boîtes de
conserves de foie gras. Toutes ces excentricités ont un prix, mais il faut bien
reconnaître qu'elles font la différence dans les linéaires. En fait, ces
coquetteries permettent de donner une double vie au packaging. D'abord, leur
présentation est attractive et performante sur le lieu de vente ; puis elle
devient décorative à la maison. Enfin, après avoir embelli et protégé le
produit, le suremballage laisse place à un conditionnement qui conserve tous
ses bénéfices d'usage. Un emballage de ce type a particulièrement attiré mon
attention, celui de l'extrait de café liquide Trablit. Il s'agit d'une simple
bouteille de verre contenue dans un sachet en film plastique souple finement
décoré. Voilà une belle façon de détourner des obstacles auxquels nous sommes
si souvent confrontés lorsque que l'on veut créer une présentation originale
sur une forme standardisée ou quand on ne dispose pas de suffisamment d'espace
pour s'exprimer sur le packaging. Il est applicable à moindre coût pour
beaucoup de produits qui cherchent à communiquer plus d'informations et à se
différencier qualitativement de leur concurrence. Cette démarche, qui dissocie
la présentation du produit sur le lieu de vente de celle de son usage, est une
solution séduisante. En effet, elle permet à la marque de disposer de plus
d'espace d'expression lors de la phase de vente, puis d'offrir à l'utilisateur
un conditionnement utilitaire après ouverture. Car les objectifs d'impact et de
visibilité sur le lieu de vente sont de moins en moins compatibles avec les
besoins d'usage des utilisateurs. En outre, ouvrir ce genre de conditionnement,
c'est un peu déballer un cadeau, une surprise...