Libération fait (encore) peau neuve
Avec sa nouvelle formule lancée le 7 septembre dernier et l'évolution de son site internet, Libération franchit une étape sur la voie de son redressement. Après les difficultés rencontrées il y a près de deux ans, le quotidien compte sur un rapide retour à l'équilibre. Pour y parvenir, réhabiliter «le journalisme par rapport à la communication» semble une des voies retenues. Favoriser le décryptage de l'information, son traitement de manière originale, tel est donc le défi que s'est lancé Libé. Et l'objectif chiffré est à la hauteur de l'ambition, puisque les changements doivent permettre de faire évoluer la diffusion de 5 à 10%, en moyenne, la première année. En ce qui concerne la version on line, devenue en partie payante, l'objectif affiché est de 20 000 abonnés sur la même période.
Libération ne cache pas sa volonté de monter en gamme et de proposer une formule élégante. En même temps, l'évolution de la maquette doit l'aider à gagner en clarté. En témoigne sa Une revisitée.
Les rubriques ont également évolué pour permettre l'approfondissement des sujets, laisser place au récit, à l'enquête ainsi qu'à la réflexion. Le journal a pleinement conscience que l'ère Internet a sensiblement modifié les habitudes de lecture. En conséquence, «nous ne devons pas nous contenter de suivre l'actualité, mais faire l'actualité», explique Laurent Joffrin, coprésident du directoire, directeur de la publication et de la rédaction. Les révélations sur les provisions pour les bonus de BNP Paribas, sur l'affaire Zapatero, sur les secrets de l'attentat de Karachi représentent ainsi des scoops en mesure de créer le débat et de capter l'attention d'un lectorat de plus en plus exigeant.
Creuser le fond
Autre élément-clé de la métamorphose de Libération, l'importance des décryptages. Quatre événements, au lieu d'un, sont développés, chacun sur une double page. Ils sont accompagnés de pages «expresso» avec des papiers plus courts et un style «dense et nerveux».Le journal étoffe donc son contenu en s'appuyant sur des formats, des angles, des séquences constitutifs de son ADN. En outre, il a choisi de mettre l'accent sur les rubriques Economie, Vous, Ecrans, Rebonds ainsi que Terre qui fait son retour. Libé n'en oublie pas pour autant d'ajouter à ces «must» de nouvelles séquences: Cartes, Bonne nouvelle, Désintox et Diversité.
L'offre du samedi fait aussi sa révolution. Un magazine de 48 pages agrafé dans le format du quotidien a fait sa rentrée le 12 septembre. Au programme, l'actualité du jour se trouve complétée par des histoires longues, des enquêtes approfondies ainsi que par un guide culturel pour le week-end.
Le Web n'est pas en reste, puisqu'il évolue notamment vers un modèle semi-payant. En effet, une offre à 6 euros et une à 12 euros proposent l'accès à une zone dédiée. Les abonnés peuvent ainsi assister à la construction du «chemin de fer» et découvrir progressivement dès 20 heures le journal en prépublication. De plus, ils ont accès à quinze ans d'archives. En parallèle, Libé souhaite développer la fibre communautaire de son portail.
Pour promouvoir ces deux liftings, Libération a fait appel à l'agence Fred et Farid. Avec des questions invitant au débat comme «Tutoyer le président, c'est être plus proche de l'information ou plus proche du pouvoir?» ou encore «Donner de l'argent aux banques, c'est sauver le crédit ou soigner un alcoolique avec de l'alcool?», la campagne se décline sur tous les médias. Sa signature «l'info est un combat», témoigne du challenge que le quotidien et son site entendent relever.