Les trois secrets du “Moi-peau”
Concept psy, le “Moi-peau” prescrit un nouveau marketing, celui de l'attachement. Être au cœur de la peau, c'est toucher l'homme au plus profond. Un voyage pour les marques qui savent que, pour s'attacher leurs clients/consommateurs, il faut les toucher au cœur.
Voyez comme la peau sort depuis peu de sa carapace. Tout le monde parle
peau. L'artiste “Nicolas L” crée son “expeau” dans une galerie parisienne.
Plus surprenant encore, la science se met à jouer de la peau avec la pièce de
théâtre “Histoire de peau”, racontée par l'un des plus grands spécialistes
mondiaux en dermatologie, Jean-Paul Escande. Pourquoi ? Parce qu'en
s'interrogeant sur “comment fonctionne la peau”, on apprend “comment fonctionne
l'homme”. La peau nous enseigne tout ce qui est vital donc intègre et essentiel
pour l'homme. Le psychanalyste Didier Anzieu l'avait bien compris. En 1974, la
sortie de son ouvrage “Le Moi-peau” fit un coup d'éclat dans son milieu. Mais
les imaginaires et les mentalités collectives évoluent beaucoup plus lentement
que celles des génies ! Depuis plus de deux ans, nous entrevoyons, grâce à une
étude et des conférences sur le “Moi-peau”, l'émergence de la dimension
sursensible de la peau et de ses trois grands savoirs. La peau est l'organe
premier et vital de la vie. C'est elle qui se développe d'abord chez l'embryon
et, sans son intégrité majeure, nous ne pourrions ni survivre, ni vivre. Toutes
les fonctions et les sens de la vie passent par elle. Son premier enseignement,
c'est qu'elle est l'écosystème tactile des sens de la vie. Elle est vitale pour
que l'homme palpe et ressente son existence au monde. En deuxième lieu, la peau
ne peut pas se fermer au contact, contrairement aux yeux, à la bouche, aux
oreilles et au nez. L'homme ne peut pas vivre sans contact. Nous existons
surtout par nos liens, nos attaches. La pulsion d'attachement est la véritable
pulsion de vie alors que la pulsion d'instinct n'est qu'une fonction de survie.
La peau contient donc et révèle notre identité multiple et complexe. Elle est,
à la fois, notre moi profond, notre surmoi subjectif et notre “hors moi”
évolutif.
La peau est le savoir incontournable de l'attachement à la vie
Les hommes ne sont pas que besoin et raison. Ils
s'attachent et se rattachent. Normal qu'ils courent et se raccrochent à
n'importe quelle tendance aspirationnelle qui passe. On comprend pourquoi le
marketing de masse ne marche plus et que le marketing relationnel arrive à ses
fins faute de vrais partages. Si les marketers veulent toucher droit au cœur la
société et les individus, pourquoi ne pas penser au “marketing de
l'attachement”. Si les marques incarnent et animent véritablement leurs
visions, elles énergiseront leur imaginaire et sauteront de la relation à un
vrai partage du sensible. La peau peut les y aider. Car elle attache les
marques au filtre du ressenti émotionnel. Si les marques et les entreprises
veulent perdurer et créer de la valeur, elles doivent prioritairement
comprendre le ressenti émotionnel de l'homme et s'attacher véritablement leurs
clients/consommateurs en les touchant, sensiblement. La peau connecte le
marketing aux mille et une clés sensorielles du rapport à soi et de la relation
aux autres. Comme l'exprime Philippe Rucheton, économiste et sociologue en
prospective sociale, le marketing de l'attachement offre aux entreprises et aux
marques, « des manières intelligentes et durables de se rattacher à leurs
clients ». Car l'attachement, c'est littéralement “le contact avec le
sentiment”. Une forme de tactilité des êtres au monde. Le monde n'est ni ce que
je vois, ni ce que je pense, mais ce que je vis et ce que je ressens
profondément. Exister, c'est toucher. L'attachement contient donc toutes les
formes de l'amour.